Harcèlement moral, injures raciales… Divine Kinkela a déposé plainte contre ses voisins

INFO LE PARISIEN. Divine Kinkela, l’aide-soignante de Montargis insultée par ses voisins devant les caméras d’« Envoyé spécial », a déposé deux plaintes contre eux, notamment pour « injures publiques à caractère racial » et « harcèlement moral ». Elle a par ailleurs reçu la visite de plusieurs leaders de la gauche ce vendredi.

    La séquence filmée par les équipes d’« Envoyé Spécial » a marqué la campagne des législatives. On y voit Divine Kinkela, une aide-soignante de Montargis (Loiret), expliquer son quotidien fait de menaces et d’insultes racistes proférées par ses voisins, électeurs revendiqués du Rassemblement national (RN). Lors du tournage réalisé devant chez elle, Divine est ainsi prise à partie. « On a quitté les HLM à cause de gens comme toi, l’invective sa voisine. On est en France, on fait ce qu’on veut nous en France. (…) Va à la niche. Va à la niche (…) Il n’y a qu’à la regarder juste. Regarde, ces trucs dégueulasses qu’elle a dans les cheveux… » Le mari de cette femme accusait, lui, devant les journalistes d’« Envoyé Spécial », « les Mustapha, tout-ce-que-vous-voulez » de « ne pas respecter les coutumes de la France ».

    Depuis la diffusion de l’émission le 20 juin, plusieurs candidats de gauche ont publiquement soutenu l’aide-soignante de 56 ans. Ce vendredi, trois membres du Nouveau Front Populaire, Ian Brossat, Najat Vallaud-Belkacem et Clémentine Autain lui ont rendu visite à Montargis. De son côté, Marine Le Pen assure n’avoir pas vu de racisme dans les images du reportage.

    La justice aura bientôt à donner, elle aussi, son avis sur cette affaire. L’avocat de Divine Kinkela, le ténor lillois Frank Berton, vient de déposer deux plaintes contre les voisins de la quinquagénaire. La première, adressée au procureur de Montargis, vise trois chefs : la provocation publique à la discrimination, des violences aggravées et enfin du harcèlement moral.

    Le pénaliste estime ainsi que les voisins de Divine Kinkela ont harcelé l’aide-soignante et son mari en multipliant depuis plusieurs mois « les incessantes provocations », tapissant notamment les murs extérieurs de leur maison d’affiches en faveur du RN « positionnées stratégiquement pour donner sur la maison de Divine Kinkela ». Depuis juillet 2023, l’aide-soignante et son mari seraient surtout la cible de propos injurieux et de cris de singe. Ces derniers, détaille la plainte, « se sont amplifiés depuis les dernières élections européennes ». Selon Me Frank Berton, ce comportement justifie des poursuites pour « violences psychologiques ».

    « Il y a en a tous les jours, des Divine, mais ce qu’elles vivent n’est malheureusement pas toujours filmé »

    L’avocat a par ailleurs déposé une seconde plainte, adressée directement au doyen des juges d’instruction. Cette dernière vise des « injures publiques à caractère racial » et devrait entraîner l’ouverture prochaine d’une information judiciaire. « Il y a en a tous les jours des Divine, dénonce Frank Berton. Mais ce qu’elles vivent n’est malheureusement pas toujours filmé et elles ne sont pas toujours soutenues. »

    Au lendemain de l’émission de France 2, le parquet de Montargis avait fait savoir qu’il se saisissait des paroles prononcées par les voisins de Divine. Il avait aussi demandé le dépaysement de l’enquête car « une des personnes susceptibles d’être mises en cause (appartient) au tribunal de Montargis ». Le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, avait par ailleurs exigé un rapport à la cour d’appel d’Orléans en vue de suspendre cette salariée du tribunal de Montargis. Ce vendredi, le ministère de la Justice a annoncé avoir suspendu la fonctionnaire le 24 juin.