Huit membres de la Jeune garde antifasciste mis en examen à Paris, accusés de violences antisémites

« Nous rejetons en bloc ces accusations », a réagi dans un communiqué la Jeune Garde Paris, un des groupes du mouvement fondé en 2018 et assumant une stratégie musclée contre l’extrême droite.

Cette enquête fait suite à la plainte déposée par un adolescent âgé de 15 ans, le 28 mai dernier au commissariat du XVIe arrondissement de Paris. (Illustration) LP/Arnaud Journois
Cette enquête fait suite à la plainte déposée par un adolescent âgé de 15 ans, le 28 mai dernier au commissariat du XVIe arrondissement de Paris. (Illustration) LP/Arnaud Journois

    C’est une affaire qui illustre de nouveau les tensions cristallisées autour du conflit entre Israël et le Hamas. Selon nos informations, confirmant en partie celles du Canard Enchainé ce mercredi, huit personnes proches de la mouvance antifa (antifasciste) ont été interpellées la semaine dernière par la Brigade des réseaux ferrés. Ces membres de la Jeune Garde antifasciste sont soupçonnés d’avoir agressé en mai un adolescent dans le métro parisien après une conférence de soutien à Gaza de la militante franco palestinienne Rima Hassan, a indiqué mercredi le parquet.

    Les huit ont été mis en examen, jeudi 27 juin 2024, pour « violences en réunion ayant entraîné une incapacité supérieure à 8 jours dans un moyen de transport collectif de voyageurs en raison de la race, de l’ethnie, de la nation ou de la religion », puis placés sous contrôle judiciaire. Une enquête avait été ouverte par la section du parquet de Paris en charge de la protection des libertés publiques et lutte contre les discriminations.

    Elle fait suite à la plainte déposée par un adolescent âgé de 15 ans, le 28 mai dernier au commissariat du XVIe arrondissement de Paris. Le jeune plaignant soutient avoir été l’objet de violences, la veille vers 20h20, alors qu’il empruntait la ligne 2 du métro entre les stations Victor-Hugo et Charles-de-Gaulle.

    Le mineur a indiqué s’être retrouvé entouré, approché et interrogé sur son rapport à la Palestine. Aucune autre précision n’a été donnée sur les faits, mais l’ado de 15 ans s’est vu délivrer par l’unité médico-judiciaire 12 jours d’incapacité totale de travail en raison du retentissement psychologique.

    « Il n’y a aucune violence physique », assure la défense

    Les faits dénoncés se sont déroulés peu de temps après des tensions liées, le lundi 27 mai, à la venue de la candidate LFI aux Européennes Rima Hassan (élue depuis), accueillie par le « Comité Palestine Dauphine » pour une conférence dans un amphithéâtre de l’université Paris-Dauphine. Ces frictions sont intervenues entre des personnes souhaitant assister à la prise de parole de Rima Hassan et d’autres, présentées comme proches du groupuscule de la Ligue de défense juive, qui cherchaient à les en empêcher.

    Un enregistrement audio des faits survenus ensuite dans le métro a été diffusé sur le compte Instagram de La Jeune garde, mouvement d’extrême gauche antifasciste créé en 2018 à Lyon (Rhône), et dont il existe des antennes à Strasbourg, Lille, Montpellier ou encore à Paris.

    « Nous rejetons en bloc ces accusations », a réagi dans un communiqué la Jeune Garde Paris, un des groupes du mouvement fondé en 2018 et assumant une stratégie musclée contre l’extrême droite. La Jeune garde « s’est toujours engagée contre l’antisémitisme et continuera de le faire », poursuit le communiqué. « Nous sommes par ailleurs surpris » des fuites dans la presse « pour attaquer et diffamer notre organisation », déplore-t-elle.

    La figure principale du mouvement de gauche radicale au niveau national, Raphaël Arnault, fiché S, est candidat Nouveau Front populaire désigné par La France insoumise dans la 1re circonscription du Vaucluse, où il est qualifié pour le second tour des législatives.

    Les éléments du Canard enchaîné sont « contestés et émanent exclusivement de la plainte » de l’adolescent, a insisté Me Tristan Soulard, avocat des huit mis en cause, auprès de l’AFP. « Il n’y a aucune violence physique, mais une altercation exclusivement verbale », a-t-il affirmé, dénonçant la « disproportion » des moyens déployés par la justice sur cette affaire, où deux juges d’instruction ont été saisis.