JO Paris 2024, athlétisme : la courageuse prise de position de l’Afghane Kimia Yousofi contre les talibans

Alignée sur le tour préliminaire du 100 m vendredi, la coureuse a terminé à la dernière place, mais le principal n’était pas là.

L'athlète afghane est venue aux Jeux olympiques dans le but de faire passer un message, plus que pour remporter une médaille. REUTERS/Alina Smutko
L'athlète afghane est venue aux Jeux olympiques dans le but de faire passer un message, plus que pour remporter une médaille. REUTERS/Alina Smutko

    L’important était de participer pour faire passer un message au monde entier. Engagée sur le tour préliminaire du 100 m vendredi, l’Afghane Kimia Yousofi fait partie de ses rares athlètes qui n’étaient pas là pour la gagne. Dernière de sa série avec un temps de 13″42, celle qui était porte-drapeau de la délégation afghane a immédiatement enlevé son dossard, l’a retourné et a montré à la foule la raison de sa présence à Paris.

    « Education, Sports, Our rights » ( « Éducation, sports, nos droits ») pouvait-on lire au dos de celui-ci, écrit avec les couleurs du drapeau afghan, pour dénoncer les conditions des femmes dans son pays aux mains de talibans. « J’ai un message pour les filles afghanes », a-t-elle dit aux journalistes en zone mixte. « N’abandonnez pas, ne laissez pas les autres décider à votre place. Cherchez simplement des opportunités et saisissez-les », a-t-elle ajouté, avant de rappeler ses responsabilités.

    « Je peux être la voix des filles afghanes »

    « Je ressens une responsabilité pour les filles afghanes, qui sont en Afghanistan, parce qu’elles ne peuvent pas parler, elles n’ont pas d’interview. Elles ne peuvent rien faire, elles doivent rester silencieuses », a-t-elle rappelé. « Je ne suis pas une personne politique, mais je peux être la voix des filles afghanes. »

    La sprinteuse de 28 ans qui avait déjà porté le drapeau de son pays aux Jeux de Tokyo avait fui en Iran en 2021, lorsque les talibans ont repris le contrôle du pays durant l’été. La délégation afghane est composée cette année de trois hommes et trois femmes sélectionnés par le Comité olympique afghan qui opère hors du pays.



    Après avoir appris la nouvelle concernant la présence de trois femmes aux Jeux olympiques de Paris, les autorités afghanes ont indiqué qu’elles refusaient de les reconnaître Kimia Yousofi comme étant de leur pays. « Seuls trois athlètes représentent l’Afghanistan », avait indiqué à l’AFP Atal Mashwani, porte-parole du gouvernement taliban pour le sport, en parlant des trois hommes.

    Soutenue par ses coéquipiers masculins

    Alors que beaucoup soupçonnaient de potentielles tensions au sein de la délégation, Kimia Yousofi a assuré que ses coéquipiers masculins la soutenaient. « Les conditions sont terribles pour beaucoup de personnes en Afghanistan. Les problèmes pour les hommes sont moindres, mais ils ont également des problèmes pour beaucoup de choses », a-t-elle déclaré.

    Désormais installée avec sa famille en Australie, Kimia Yousofi aurait pu représenter la délégation des réfugiés, mais elle tenait à représenter son pays. « Beaucoup de gens essaient, comme au CIO ou au Comité olympique afghan, de garder ce drapeau debout. Et, moi aussi, de mon côté. C’est ma culture, c’est mon drapeau, c’est mon pays, c’est ma terre. Les terroristes sont venus et ont pris ma terre. Personne en Afghanistan ne les reconnaît comme un gouvernement », a-t-elle rappelé.