Affaire Prigent : l’ancienne gloire du canoë-kayak jugé pour avoir agressé sexuellement deux mineurs

    Ancien champion du monde de slalom, figure incontournable du canoë-kayak, Jean-Yves Prigent sera jugé ce vendredi par le tribunal correctionnel de Rennes (Ille-et-Vilaine) pour des agressions sexuelles commises sur deux mineurs de plus de quinze ans.

    Jean-Yves Prigent,figure du canoë kayak français, a reconnu en 2024 des faits d'agressions sexuelles sur mineurs. Archives Le Télégramme / Arnaud Le Sauce
    Jean-Yves Prigent,figure du canoë kayak français, a reconnu en 2024 des faits d'agressions sexuelles sur mineurs. Archives Le Télégramme / Arnaud Le Sauce

      À deux semaines du début des Jeux olympiques de Paris, le milieu du canoë-kayak français est sous le feu des projecteurs pour des raisons bien éloignées des performances sportives. Ce vendredi, l’entraîneur et ancien champion du monde de slalom, Jean-Yves Prigent, comparaît devant le tribunal correctionnel de Rennes pour deux agressions sexuelles sur mineurs de plus de 15 ans commises lors d’une compétition à Chateauneuf-sur-Cher à la mi-mars. Les adolescents qu’il supervisait ont porté plainte. Il encourt 7 ans d’emprisonnement.

      La révélation des faits, que le septuagénaire a reconnu en garde à vue, a provoqué une vive émotion dans le milieu. Le Breton est en effet une figure incontournable de la discipline depuis de très longues années, un passage quasi obligé pour les jeunes de la région qui veulent accéder au haut niveau.



      Plus largement, dans le petit monde du canoë-kayak, le nom de Prigent est associé au succès. Son épouse, Marie-Françoise, ancienne championne, est aujourd’hui responsable de l’équipe de France au Pôle olympique et paralympique de Vaires-sur-Marne. Leur fils Yves, a remporté il y a quelques années deux médailles d’or aux Championnats du monde de slalom et leur fille, Camille, 26 ans, tentera de décrocher le titre olympique forte d’un impressionnant palmarès.

      La mise en examen de Jean-Yves Prigent a été un coup de massue pour les dirigeants et les entraîneurs des clubs bretons qui le côtoyaient. Beaucoup avaient une confiance aveugle en lui. Le retraité, ancien cadre technique sportif, était tout le temps au bord des bassins, entouré de jeunes qu’il prenait sous son aile de manière bénévole. Avec l’accord des parents et des entraîneurs des clubs de la région, il les emmenait à bord de son van aménagé, à l’occasion de compétitions ou de stages. C’est d’ailleurs dans ce véhicule qu’auraient été commises les deux agressions les nuits des 14 et 15 mars.

      « Un individu très tactile qui pouvait avoir des gestes déplacés »

      Après avoir subi des attouchements, la première victime en aurait parlé le lendemain à ses camarades qui ne l’auraient pas cru. Comme il ne voulait pas dormir à nouveau près de Jean-Yves Prigent, il aurait échangé sa place avec un autre adolescent agressé la nuit suivante. Un ancien athlète autrefois proche du septuagénaire l’a décrit comme un individu très tactile qui pouvait avoir des gestes déplacés en public comme des « olives » (doigt dans les fesses à travers le pantalon).



      À la suite du dépôt de la plainte du premier adolescent, le second s’était confié à l’entraîneur de son club local, absent au moment des faits. « Je me suis accroupi à son niveau et les yeux dans les yeux, je lui ai dit : Jean-Yves, c’est terminé, on fera autrement. On le reverra plus, Jean-Yves. », se souvient ce dernier. Un signalement avait été adressé à l’association Colosse aux pieds d’argile puis était remonté à la cellule dédiée du ministère des Sports. Le procureur de la République avait été saisi.

      Placé sous contrôle judiciaire dans l’attente du procès, Jean-Yves Prigent avait interdiction d’entrer en relation avec les victimes mais aussi de paraître au Kayak club de Rennes et au Pôle France Kayak de Cesson-Sévigné, proche de la capitale bretonne. Suite à la médiatisation de l’affaire, les enquêteurs avaient reçu de nouveaux témoignages qu’ils devaient vérifier.

      « Dans le milieu sportif, de manière systémique, la violence physique, psychologique et sexuelle est assez installée », affirme Joëlle Sicamois, directrice de la Fondation pour l’enfance qui s’est portée partie civile dans cette affaire. Selon la seconde édition du baromètre sur les violences éducatives ordinaires, plus d’un tiers des parents sondés rapportent des comportements inappropriés dans le cadre des activités sportives de leur enfant (38 %).