« On a fait fermer des bouches » : la gymnaste Marine Boyer savoure l’exploit des Bleues aux Mondiaux

    Médaillées de bronze de la compétition par équipes ce mercredi, les Françaises ont marqué les esprits à moins d’un an des Jeux olympiques. Marine Boyer, la capitaine, revient sur cette performance historique pour la gymnastique française.

    Marine Boyer et ses coéquipières ont décroché la médaille de bronze aux Championnats du monde de gymnastique. Une première depuis 1950. AFP/Lionel Bonaventure
    Marine Boyer et ses coéquipières ont décroché la médaille de bronze aux Championnats du monde de gymnastique. Une première depuis 1950. AFP/Lionel Bonaventure

      Marine Boyer rêvait d’une médaille pour ses derniers Championnats du monde. Après avoir fait ses adieux aux Internationaux de France par une victoire à la poutre, la capitaine de l’équipe de France a cette fois réalisé un exploit.

      Avec ses coéquipières (Mélanie De Jesus Dos Santos, Coline Devillard, Morgane Osyssek, Lorette Charpy et Djenna Laroui), elle a décroché la médaille de bronze de la compétition par équipes, derrière les États-Unis et le Brésil. « Pas habituées à ça », les Françaises ont même mis du temps à comprendre qu’elles devaient monter sur le podium… « On n’a même pas entendu France », explique la Française de 23 ans dans un sourire. Ce jeudi, elle est revenue sur cette folle soirée et cette performance, que les Bleues espèrent rééditer dans moins d’un an à la maison.

      Vous avez décroché votre première médaille mondiale pour vos derniers Championnats du monde… Comment vous sentez-vous au lendemain de cette performance ?

      MARINE BOYER. Je n’ai beaucoup pas dormi. C’était dur de réaliser… Hier soir j’ai tourné dans mon lit, je me pinçais pour savoir si c’était vraiment réel. Et tout est bien réel ! Je suis tellement fière de nous, du travail qu’on a pu faire.

      En tant que capitaine, comment avez-vous senti le groupe pendant cette compétition ?

      L’objectif premier, c’était la qualification olympique. On l’a eue, et on était très contentes. La finale, c’était un plus et on n’a pas pensé une seule fois à la médaille. On a fait notre taf, agrès par agrès, sans trop regarder les notes, sans trop regarder ce qu’il se passait à côté. Mais il y a eu des chutes pour d’autres, pas pour nous.

      « Je n’arrivais plus à compter, j’avais les jambes qui tremblaient »

      À quel moment avez-vous compris que la médaille était pour vous ?

      Jusqu’à la fin on s’est motivées, on s’est encouragées. Honnêtement, je pensais qu’on allait terminer quatrièmes. On allait à la poutre, la Chine et le Brésil allaient au saut où les notes sont en général plus élevées. Mais on s’est toutes regardées, on s’est dit on fait notre job et on verra bien après. Morgane passe en première et elle pose son mouvement. À mon tour, j’y arrive. Il ne reste alors que Mélanie.

      On se regroupe entre nous, on se serre les unes contre les autres. On l’encourage comme on peut et elle fait un truc de fou ! Le résultat tombe, mais je n’ai pas réalisé qu’on passait devant. Je n’arrivais plus à compter, j’avais les jambes qui tremblaient. On avait fait un exploit mais j’avais besoin de voir notre résultat sur le tableau pour le réaliser.

      Pendant les qualifications, on vous a vues très combatives, mais plus tendues. Là, on vous a vu prendre beaucoup de plaisir. Comment vous l’expliquez ?

      On était davantage libérées. La qualification olympique c’est très dur. J’en ai vécu deux, je sais combien c’est difficile. Ça se joue à quelques dixièmes près et on n’a pas le droit à l’erreur. On s’est battues en qualification pour ne pas tomber. Là, ce n’était vraiment qu’un plus et on l’a pris comme ça. On était septième des qualifications, on n’espérait pas grand-chose. On a toutes été là l’une pour l’autre. Chacune a fait son travail comme elle devait le faire. Le travail paie et c’est tout un collectif qui est récompensé.



      On a parfois critiqué votre capacité à supporter et à gérer la pression en fin de compétition. Cette fois, vous avez terminé solidement à la poutre, l’un des agrès les plus difficiles. Vous aviez envie de prouver des choses ?

      On fait avant tout les choses pour nous mais c’est vrai qu’on a beaucoup été critiquées et que, même si on ne voulait pas le voir, on l’a vu. Ça fait mal quand tu t’acharnes à l’entraînement, six voire sept heures par jour, et que tu es critiquée juste parce que tu t’es battue sur la poutre. Je pense qu’on a fait fermer des bouches (rires) et ça fait quand même du bien ! On a la médaille, le reste…

      « Cette médaille ne peut que nous donner de l’énergie et de la bonne volonté »

      Une telle performance, ça vous lance vers Paris 2024 ?

      On a prouvé qu’on était capables de faire quelque chose. Évidemment, on espère que le travail paye et qu’on puisse réaliser notre rêve. J’espère qu’on va le faire et qu’on va terminer en beauté, même si je veux avant tout me faire plaisir. Je suis là parce que je kiffe la vie et que la gym c’est ma passion ! On va travailler, on va retravailler. Cette médaille ne peut que nous donner de l’énergie et de la bonne volonté en plus pour la suite.

      Que faudra-t-il faire pour faire aussi bien aux Jeux olympiques ?

      On va d’abord bien profiter de la médaille. Je pense qu’on va réaliser tout ça quand ça sera fini. Là, on est encore dedans, certaines n’ont pas fini leur compétition (il reste les concours individuels). Mais il n’y a que le travail qui paye et qui fera qu’on montera sur la boîte ou pas. En soi, c’est tellement loin et proche à la fois… On va travailler, et physiquement, et mentalement, et sur les difficultés. On va tout mettre en œuvre pour être à 100 % le jour J.