JO Paris 2024 : la qualité de l’eau de la Seine encore insuffisante, malgré « une amélioration »

    La Ville de Paris et la préfecture de région ont mis en ligne, ce vendredi, les premiers résultats des prélèvements effectués dans le fleuve parisien entre le 1er et le 9 juin. Les seuils fixés pour les normes de baignade ont été dépassés tout au long de la période, à l’exception d’une journée.

    Quatre «points» sont suivis quotidiennement pour surveiller la qualité de l'eau de la Seine, comme ici le pont Alexandre III. Plusieurs épreuves tests pour les JO ont dû être annulées à cause d'une qualité de l'eau dégradée. Icon Sport
    Quatre «points» sont suivis quotidiennement pour surveiller la qualité de l'eau de la Seine, comme ici le pont Alexandre III. Plusieurs épreuves tests pour les JO ont dû être annulées à cause d'une qualité de l'eau dégradée. Icon Sport

      Entre le 1er et le 8 juin, il aurait été impossible de faire trempette dans la capitale. C’est en tout cas ce que révèlent les résultats des analysées effectuées entre le 1er et le 9 juin dans le fleuve parisien. Des chiffres que la Ville de Paris et la préfecture de région viennent de mettre en ligne, ce vendredi 14 juin après-midi. Un « bulletin météo de la Seine » qui va désormais être publié chaque semaine, jusqu’à la fin du mois de septembre.

      « L’objectif, c’est d’avoir des mesures régulières de l’état de santé bactériologique de la Seine pour identifier des tendances et une dynamique générale », développe Benjamin Raigneau, directeur de l’eau et de la propreté au sein de la Ville de Paris.



      Interrompus pendant toute la période hivernale, les prélèvements ont repris début juin, sur quatre « points » suivis quotidiennement : la rive droite de Bercy, le bras Marie, le bras de Grenelle et le pont Alexandre III.

      Les trois premiers sites correspondent aux futures zones de baignade que la mairie de Paris veut ouvrir au public dès l’été 2025. Le quatrième site sera, quant à lui, le point de départ des athlètes qui se jetteront à l’eau cet été pour les épreuves olympiques de triathlon, de para-triathlon et de natation marathon.

      À Paris, la pluie reste la principale ennemie de la baignade

      Reste à savoir si la qualité de l’eau sera au rendez-vous. Pour la mesurer, deux bactéries sont recherchées : les Escherichia coli et les entérocoques. Leur présence indique une contamination fécale de l’eau.

      La directive européenne de 2006 fixe les concentrations à ne pas dépasser à 900 unités formant colonie (UFC) pour les Escherichia coli et à 330 UFC pour 100 millilitres (ml) pour les entérocoques. Les seuils établis par les Fédérations sportives et qui feront foi cet été sont légèrement plus hauts : 1 000 UFC/100 ml pour le premier type de bactérie et 400 pour le deuxième. Au-delà, l’eau est considérée comme impropre à la baignade avec, entre autres, des risques de gastro-entérites ou de conjonctivites.

      Or, les 8 premiers jours de juin, les analyses réalisées par le laboratoire d’Eau de Paris montrent que ces limites sont dépassées tous les jours ou presque pour les Escherichia coli. La situation est meilleure sur le front des entérocoques, « un paramètre moins sensible » aux variations météorologiques. Dès le 3 juin, quasiment tous les points de prélèvement montrent des concentrations au-dessous des normes.

      Une baisse progressive « vers des niveaux acceptables »

      Globalement, ces deux courbes descendent progressivement vers des niveaux acceptables. Alors que les concentrations explosent le 1er juin, les feux sont à nouveau au vert ou s’en approchent le 9 juin. Des variations qui s’expliquent, entre autres, « par les mauvaises conditions observées tout au long du mois de mai, et par le cumul de précipitations exceptionnel des derniers mois », précise le bulletin mis en ligne.

      Parmi les critères déterminants : la chaleur et les UV. « Plus il fait chaud et plus il y a du soleil et plus les bactéries meurent vite », explique Benjamin Raigneau. Mais c’est surtout le débit de la Seine qui reste « le facteur le plus prégnant ». « Plus il est élevé et plus la pollution se diffuse rapidement », commente le spécialiste. Entre le 1er et le 9 juin, la vitesse de circulation de l’eau dans la Seine a baissé progressivement mais elle est restée « 3 à 4 fois plus élevés » que ce qui est habituellement mesuré en été.

      Un débit rapide signifie également qu’il a beaucoup plu. Or, à Paris, la pluie reste l’une des principales ennemies de la baignade. En cas de précipitations, les eaux de pluie s’infiltrent dans les égouts. Pour éviter que ce mélange ne déborde dans les rues, la Seine sert de soupape. Et les bactéries fécales finissent dans l’eau.

      Pour réduire ces déversements dans la Seine, un immense bassin de rétention a été construit derrière la gare d’Austerlitz. Un équipement qui fait partie d’un ensemble de chantiers menés dans le cadre d’un vaste plan baignade à 1,4 milliard d’euros, dont la moitié est financée par l’État. En cas d’intempéries, 50 000 m3 d’eau peuvent être stockés dans ce bassin, soit l’équivalent de 20 piscines olympiques. Inauguré au mois de mai et mis en service depuis début juin, il ne pourra néanmoins empêcher des déversements dans le fleuve, notamment en cas de gros orages.

      Des jours de report prévus pendant la compétition

      Si une telle situation devait se produire cet été, les organisateurs des Jeux ont d’ores et déjà prévu des jours de report pour les épreuves dans la Seine. Benjamin Raigneau reste, lui, optimiste : « Nous sortons d’un printemps pluvieux, frais et sans soleil, mais on voit que dès que les conditions s’améliorent, la pollution baisse. Il n’y a pas de raison que nous n’y arrivions pas cet été. »

      En attendant, les autorités s’échinent à rassurer. Le président de la République a rappelé au mois d’avril que l’eau de la Seine serait « propre » pour les JO. « Je pourrai vous le confirmer », avait ajouté Emmanuel Macron. Une manière de renouveler sa promesse de plonger dans la Seine, sans pour autant donner aucune date.



      Comme lui, plusieurs autres personnalités publiques se sont engagées à piquer une tête dans le fleuve, à commencer par Anne Hidalgo qui devait enfiler son maillot le 23 juin, avant finalement un report sine die en raison des élections surprises des 30 juin et 7 juillet. « Nous allons laisser le cap des législatives mais ce sera avant les JO », a assuré la maire de Paris, ce mercredi.

      En 1990, un autre maire de la capitale s’était engagé à se jeter à l’eau. Une promesse restée célèbre que Jacques Chirac n’a finalement jamais tenue.