JO Paris 2024 : pourquoi certains sports comme la boxe ou le judo décernent 4 médailles

    C’est la spécificité des arts martiaux (judo, taekwondo, karaté) et des sports de combat (boxe et lutte) qui attribueront quatre médailles dont deux médailles de bronze dans les épreuves. Les autres sports n’ont le droit qu’à trois médailles.

    Le podium des poids plumes féminines lors des JO de Tokyo, en 2021.
    Le podium des poids plumes féminines lors des JO de Tokyo, en 2021.

      C’est le privilège offert aux arts martiaux et aux sports de combat. Quatre disciplines, hier cinq mais le karaté est sorti du programme olympique après Tokyo 2021, distribueront deux médailles de bronze dans chacune de ses épreuves. Une habitude qui remonte depuis assez loin.

      C’est la boxe qui est à l’initiative de ce changement majeur. Avant les JO d’Helsinki en 1952, les deux boxeurs battus en demi-finales s’affrontaient pour décrocher la médaille de bronze. Lors de son congrès à Copenhague en 1950, la fédération internationale de boxe (AIBA devenue IBA), a décidé d’annuler ce match pour la troisième place.

      La raison invoquée ? Les responsables de la boxe mondiale ne pensaient pas qu’il était prudent que les boxeurs perdants se retrouvent seulement un jour ou deux après leur défaite. Une décision qui a été suivie un an plus tard par le CIO. Ainsi, dans un texte de 1952, le rapporteur officiel écrivait : « Comme recommandé par l’AIBA, seules les médailles d’or et d’argent ont été décernées. Les perdants des demi-finales ne se sont pas affrontés pour la médaille de bronze, comme auparavant. Au lieu de cela, tous deux ont reçu des diplômes. Leurs drapeaux nationaux ont également été hissés lors des cérémonies protocolaires. »

      Ainsi, aucune médaille de bronze n’a été décernée en boxe en 1952. Une injustice qui sera réparée dix-huit ans plus tard. La fédération finlandaise est à l’initiative de cette idée et six des vingt médaillés de bronze oubliés de 1952 ont enfin été honorés à Helsinki en avril 1970 sans la présence du CIO. Toutefois, le CIO finira cette même année par reconnaître et attribuer ces médailles de bronze de 1952 dans son décompte officiel.

      Plusieurs changements de format en judo

      Le judo embraye le pas dès son entrée dans le programme olympique en 1964 à Tokyo. Pour sa première édition, le judo imite la boxe en attribuant deux médailles de bronze aux battus des demi-finales. Absent en 1968 à Mexico, le judo revient en 1972 à Munich et invente un tableau des repêchages, qui est différent de celui qu’on connaît aujourd’hui. La compétition était organisée sous forme de deux tableaux distincts.

      Chaque vainqueur de tableau était qualifié directement pour les demi-finales. Les deux autres demi-finalistes étaient les deux vainqueurs des repêchages (concernant uniquement les battus des deux vainqueurs de tableau). Les deux battus en demi-finales étaient médaillés de bronze.

      Le Français Luka Mkheidze a remporté la médaille de bronze lors des derniers JO.
      Le Français Luka Mkheidze a remporté la médaille de bronze lors des derniers JO. AFP/Franck Fife

      Le système change encore en 1980. Cette fois-ci, le vainqueur de chaque tableau va directement en finale. En repêchage, on retrouve tous les battus des deux finalistes pour décrocher les deux médailles de bronze.

      En 1992, le système des repêchages s’ouvre à tous les battus des quatre demi-finalistes. En 2012, les repêchages sont limités aux battus à partir des quarts des quatre demi-finalistes. Un système qui est toujours d’actualité.

      La lutte a tâtonné

      Après la boxe et le judo, c’est le taekwondo qui applique la double médaille d’argent dès son entrée en sport de démonstration à Séoul 1988 et à Barcelone 1992. En Corée du Sud et en Espagne, les deux demi-finalistes battus montent sur la 3e marche du podium.

      En 2000 à Sydney, le taekwondo est officiellement intégré au programme olympique. C’est lors de cette édition qu’un tableau de repêchage est mis en place et ne délivre qu’une médaille de bronze à son vainqueur issu d’un tournoi opposant uniquement tous les battus des deux finalistes. Un système qui est maintenu pour Athènes 2004. À partir de 2008, deux médailles sont attribuées aux deux vainqueurs des repêchages. Un système qui est toujours en vigueur.

      Le quatrième sport à instaurer la double médaille est la lutte. Présente depuis les premiers Jeux en 1896 à Athènes (son unique absence est à Paris 1900), la lutte a attendu Pékin 2008 pour suivre le pas. De 1896 à 1904, la lutte propose un tableau classique avec un match pour la 3e place entre les deux battus des demi-finales. À Stockholm 1908, une compétition sous forme de poules et sur plusieurs tours est instaurée. Un combattant est éliminé dès qu’il est battu deux fois. Un système qui permettait l’établissement d’un classement.

      À Anvers 1920, la lutte invente un tableau de repêchage à la fois pour la médaille d’argent (le finaliste n’était pas assuré de la deuxième place) et pour la médaille de bronze. En 1932 à Los Angeles, la lutte crée à un système de points et de handicap, sans passer par un tableau classique. Un système qui tiendra jusqu’en… 1992.

      À Barcelone, la lutte innove encore avec un système de deux poules, les deux vainqueurs s’affrontaient pour le titre et les deux deuxièmes pour la médaille de bronze. En 1996 à Atlanta, on revient à un système classique d’élimination directe, avec un tableau de repêchage pour l’attribution de l’unique médaille de bronze incluant tous les battus depuis le 1er tour. En 2000 à Sydney, on revient à un système de poules où chaque vainqueur intègre les matchs à éliminations directes. La médaille de bronze est déterminée après la rencontre des battus en demi-finales. Un système inchangé pour Athènes 2004.

      On arrive alors à Pékin 2008, qui est la première édition avec une double médaille de bronze pour les lutteurs. Tous les battus des deux finalistes se retrouvent en tableau de repêchage. Un système toujours d’actualité.

      École de la seconde chance

      Enfin, le cinquième sport qui a instauré le système de double médaille de bronze est le karaté. Une discipline qui ne sera pas présente à Paris 2024 et qui l’a été une seule fois à Tokyo 2020 en tant que sport additionnel. Après une phase de poules, la compétition basculait ensuite vers les demi-finales où les deux battus décrochaient le bronze.

      Si pour la boxe, l’instauration d’une double médaille de bronze se justifie pour des raisons de sécurité, dans les autres disciplines, on met en avant l’école de la seconde chance pour gommer une éventuelle malchance au tirage. Ainsi, si vous tombez sur un gros, qui vous barre la route pour une médaille, on peut se rattraper via les repêchages.

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      Dans les autres sports, plusieurs systèmes sont en place. Mais ils attribuent toujours trois médailles, réservés aux trois premiers. Ainsi, certains sports (athlétisme, natation, cyclisme, gymnastique, natation artistique, canoë slalom, canoë sprint, plongée, équitation, aviron, tir, skateboard, escalade sportive, triathlon, haltérophilie) organisent des courses jusqu’en finale pour déterminer un classement.

      La voile et le golf cultivent une différence

      D’autres disciplines qui se déroulent sur des courts et des terrains (basket 3 x 3, tir à l’arc, badminton, softball/base-ball, basket, escrime, football, handball, hockey, rugby à sept, surf, tennis de table, tennis, volley, water-polo), privilégient des compétitions à élimination directe. Les battus des demi-finales s’affrontent alors pour décrocher l’unique médaille de bronze.

      Enfin, deux sports ont des systèmes différents, le golf et la voile. Pour le golf, l’ensemble des participants concourent pour déterminer un classement. Les séries éliminatoires servent uniquement à départager les concurrents à égalité. Enfin, en voile, tous les participants participent à une dizaine de courses qualificatives. Les dix meilleurs s’affrontent ensuite sur une dernière course qui délivre les trois médailles aux meilleurs.