La ministre des JO Amélie Oudéa-Castéra ne se rendra pas à l’hommage à Pierre de Coubertin

    INFO LE PARISIEN. Amélie Oudéa-Castéra, ministre des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques, ne participera pas à l’hommage rendu au baron Pierre de Coubertin le 23 juin à la Sorbonne lors du 130e anniversaire de la naissance du CIO.

    Officiellement, Amélie Oudéa-Castéra n’assistera pas à l'hommage à Coubertin car elle sera ce jour-là en Haute-Savoie pour le relais de la flamme. LP/Fred Dugit
    Officiellement, Amélie Oudéa-Castéra n’assistera pas à l'hommage à Coubertin car elle sera ce jour-là en Haute-Savoie pour le relais de la flamme. LP/Fred Dugit

      Ce sera une absence remarquée. Selon nos informations, Amélie Oudéa-Castéra, ministre des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques, ne prendra pas part à l’hommage rendu le 23 juin à la Sorbonne à Paris au rénovateur des JO, Pierre de Coubertin. En cette année olympique dans la capitale hexagonale, cet événement, piloté par les descendants du baron, doit célébrer les 130 ans de la naissance du Comité international olympique (CIO) décidée le 23 juin 1894 sous la houlette du Français dans le grand amphithéâtre de la prestigieuse université.

      Officiellement, « AOC » n’assistera pas à cette cérémonie car elle participera, ce jour-là, « à un événement dans le cadre de la journée olympique et du Relais de la flamme », selon son entourage.



      Le 23 juin, elle sera au pied des montagnes et du Mont-Blanc : la torche olympique s’invite en Haute-Savoie et doit faire une halte à Chamonix. Mais officieusement, il semblerait que la figure controversée du baron, devenue plus que jamais clivante, ait poussé la membre du gouvernement à décliner l’invitation. Si, aux yeux d’Amélie Oudéa-Castéra, Coubertin est « incontestablement un visionnaire de son époque pour le sport, sa place dans la société et son rôle fédérateur dans le concert des nations », cela « n’empêche pas d’être lucide sur les parts d’ombre de ce personnage historique dont certaines prises de position désormais bien connues sont clairement condamnables ».

      Un homme complaisant envers les nazis

      Ces dernières semaines, les propos racistes, colonialistes et misogynes de l’aristocrate, sa complaisance aussi à l’égard du régime nazi lors des Jeux olympiques de Berlin en 1936, ont refait surface. Paru vendredi, un livre intitulé « Pierre de Coubertin, l’homme qui n’inventa pas les Jeux olympiques » (Éditions du Faubourg) signé du journaliste Aymeric Mantoux dévoile une lettre du baron adressée six mois avant sa mort au chancelier du Reich allemand Adolf Hitler le 17 mars 1937. Dans ce courrier, il remerciait le régime nazi pour sa contribution à son « année jubilaire », à savoir un demi-siècle de promotion de sport. Ce document confirme que le Français entretenait bien des relations directes avec le Führer, comme certains historiens l’ont avancé ces dernières décennies.

      Ce mardi soir, c’est l’animateur-journaliste Stéphane Bern qui dressera, dans un documentaire diffusé sur France 2 à 23h30 (« Grandeur et mystères du père des JO »), un portrait plus nuancé, évoquant, certes, les faces sombres de l’inventeur des anneaux olympiques mais aussi le « génial visionnaire ».

      Sollicitée ce mardi matin, Alexandra de Navacelle, arrière-arrière-petite-nièce du créateur des Jeux modernes et présidente de l’Association familiale Pierre de Coubertin, n’était pas au courant de l’absence de la membre du gouvernement le 23 juin. « Je suis complètement étonnée. Les choses changent quasiment toutes les semaines », regrette-t-elle, expliquant avoir pourtant reçu une « réponse positive » à son invitation. « On s’inscrit dans une cérémonie qui va au-delà des remises en question actuelles de l’histoire », poursuit-elle. Et de rappeler qu’il est très important de « contextualiser » les sorties polémiques de son aïeul.

      Une cérémonie où « les jeunes seront mis à l’honneur »

      Lors de l’hommage du 23 juin, « les jeunes seront mis à l’honneur » avec un concert de l’Orchestre et chœur des universités de Paris. Une démonstration de breaking, nouveau sport olympique cet été à Paris, est également programmée.

      Selon l’Association familiale Pierre de Coubertin, le président du CIO, l’Allemand Thomas Bach, a « confirmé », lui, sa présence à cet événement et doit même y tenir un discours.

      En France, Pierre de Coubertin, grand défenseur du sport en milieu scolaire, est devenu une personnalité encombrante aux sommets du pouvoir sportif et politique. Au Comité d’organisation des JO de Paris, son nom est évoqué au compte-gouttes. Le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) a refusé, de son côté, de répondre à nos questions sur le sujet.

      Sauf revirement, le chef de l’État Emmanuel Macron ne se déplacera pas, lui aussi, à l’hommage en Sorbonne car « l’agenda du président est très contraint au mois de juin » à en croire l’Élysée. Un événement qui reste « sous le haut patronage du président de la République ».