Ouragan Béryl : la Martinique « pas impactée directement », mais de nombreuses autres îles des Antilles en alerte maximale

L’ouragan de catégorie 4, qui s’est renforcé dimanche, doit passer à « plus de 200 km » de la Martinique, qui est toutefois en vigilance orange aux vagues submersion. Une vigilance ouragan est en revanche activée dans plusieurs autres îles, notamment La Barbade ou Sainte-Lucie.

Inhabituellement précoce, l'ouragan évolue actuellement dans l'océan Atlantique à environ 175 kilomètres au sud-est de la Barbade. HANDOUT / NOAA/GOES / AFP
Inhabituellement précoce, l'ouragan évolue actuellement dans l'océan Atlantique à environ 175 kilomètres au sud-est de la Barbade. HANDOUT / NOAA/GOES / AFP

La prudence reste de mise, mais le pire devrait être évité. La Martinique, en veille de tempête tropicale samedi, ne sera « pas impactée directement » par l’ouragan Béryl, qui s’est encore renforcé dimanche et avance vers le sud-est des Caraïbes avec des vents « dangereux », malgré une rétrogradation du phénomène en catégorie 3. Dans le reste de la zone, de nombreuses îles antillaises sont en revanche en alerte, certaines même en état d’urgence, face à des risques « potentiellement mortels ».

Encore classé il y a quelques heures ouragan de catégorie 4, Béryl reste un « phénomène inédit par son intensité, sa trajectoire et sa survenue à cette période de l’année », note la préfecture de la Martinique dans un communiqué dimanche en fin de journée (en fin de soirée en métropole). Pour autant, « son impact sur la Martinique sera modéré », avance-t-elle. Citant Météo France, les autorités indiquent que l’île des Caraïbes « ne sera pas impactée directement du fait de la distance de plus de 200 km qui la sépare du phénomène ». Le niveau de vigilance jaune pour le risque cyclonique est levé.

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Publiée par Préfet de la Martinique sur Dimanche 30 juin 2024

Mais la situation reste sous tension, alerte le cabinet du préfet : le passage de cet ouragan majeur au sud de la Martinique « va générer une forte dégradation des conditions météorologiques », avec une « mer agitée » attendue sur plusieurs zones. Des fortes vagues de quatre à six mètres de hauteur devraient déferler sur le canal de Sainte-Lucie, et de 2,5 m sur la côte Caraïbes. De fortes pluies sont aussi à prévoir. Les autorités ont donc décidé d’activer une vigilance orange aux vagues submersion sur la côte Atlantique et le littoral sud, ainsi qu’une vigilance jaune pour le vent et les pluies.

Les épreuves du brevet de ce lundi reportées

« C’est précisément sur les creux de la mer, notamment sur la façade Atlantique que nous serons le plus attentifs. C’est là qu’il risque d’y avoir le plus d’impacts de cet ouragan qui passe bien au sud de la Martinique », a expliqué Paul-François Schira, directeur de cabinet du préfet, à la chaîne La 1ère. Des submersions localisées sont à craindre, et des infrastructures de la côte pourraient subir des dégâts, en particulier le long du littoral sud et caraïbe, note le site dans son dernier point de situation.



De son côté, Météo France signalait dimanche en fin de journée que le vent devrait atteindre « 50 à 60 km/h, avec des rafales entre 90 et 110 km/h sur les zones exposées et le sud de l’île » Quant aux cumuls de pluie, ils « pourraient être importants et atteindre 100 à 120 mm ». Une « amélioration progressive » est attendue dès la fin de journée ce lundi, selon la préfecture.

L’académie de Martinique a quant à elle annoncé dans un communiqué reporter les épreuves du brevet prévues ce lundi 1er juillet, à une date qui sera communiquée plus tard, « afin d’assurer aux collégiens (…) des conditions de passation des épreuves sereines ». Pour l’heure, les épreuves de mardi sont en revanche maintenues. Les cours sont par ailleurs maintenus ce lundi, mais « les parents d’élèves des écoles maternelles et primaires sont invités à s’informer de l’accueil des élèves auprès de leurs mairies ».

« Mettre des vies en danger »

L’ouragan reste en revanche particulièrement menaçant dans le reste des Caraïbes. Le Centre national des ouragans (NHC) de Miami (États-Unis), qui fait référence, a prévenu que Béryl se dirige vers les îles du Vent (archipel des Petites Antilles) vers l’est des Caraïbes ». Il a été rétrogradé lundi en catégorie 3 sur l’échelle de Saffir-Simson, et reste un ouragan majeur.

La NHC alerte ainsi face à « un ouragan important et dangereux », même si ses vents ont légèrement ralenti par rapport à la veille, lorsqu’il évoluait à quelque 240 km, ce qui lui avait valu d’être classé « ouragan de catégorie 4 extrêmement dangereux », une puissance inédite pour un mois de juin, selon l’historique de l’organisme. Ses vents pourraient atteindre les 195 km/h, a prévenu son dernier bulletin.

Le NHC avait prévenu dans son précédent point que le phénomène va entraîner « des vents catastrophiques, des marées de tempêtes potentiellement mortelles et des vagues destructrices ». Une vigilance ouragan est ainsi en vigueur pour les îles de la Barbade, Sainte-Lucie, Saint-Vincent-et-les-Grenadines. Mais aussi à Grenade, où le Premier ministre Dickon Mitchell a exhorté les habitants à se mettre rapidement à l’abri et à respecter le couvre-feu décrété pour l’ensemble de l’île.

L’état d’urgence a même été déclaré sur l’île de Tobago, deuxième île et attraction touristique de l’archipel de Trinité-et-Tobago, déclenchant la fermeture de toutes les écoles « jusqu’à nouvel ordre ». L’ouragan Béryl pourrait souffler des vents de plus de 215 km/h, a déclaré Shakeer Baig, directeur du service météorologique de Trinité-et-Tobago, qui a souligné que « Béryl est un ouragan pouvant mettre des vies en danger ». Le sud d’Haïti et la Dominique sont aussi en alerte.

En République dominicaine, les autorités ont aussi mis toute la côte sud en alerte, selon un communiqué du Centre des opérations d’urgence (COE), déconseillant de se rendre sur les plages ou de traverser des cours d’eau. Le NHC s’attend désormais à ce que Beryl reste puissant à mesure qu’il se déplace à travers les Caraïbes, et il a mis en garde les habitants et les autorités locales de la Dominique, d’Haïti, de la Jamaïque, des îles Caïman et du reste du nord-ouest des Caraïbes.



Un ouragan inédit par sa précocité

Un phénomène climatique de cette échelle est extrêmement rare si tôt dans la saison des ouragans - qui s’étend de début juin à fin novembre aux États-Unis. « Seuls cinq ouragans majeurs (de force 3 ou plus) ont été enregistrés dans l’Atlantique avant la première semaine de juillet. Si Béryl devient effectivement un ouragan majeur, ce sera le sixième, et le plus précoce de ceux jamais enregistrés aussi à l’est », explique sur X l’expert en ouragans Michael Lowry.

L’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA) a prévu fin mai une saison extraordinaire, prévoyant la possibilité de quatre à sept ouragans de catégorie 3 ou plus. La saison cyclonique 2024 est également annoncée par Météo France comme une des « plus intenses » en la matière.

Ces prévisions sont notamment liées au développement attendu prochainement du phénomène météorologique La Nina, ainsi qu’aux températures très élevées de l’océan Atlantique, a indiqué NOAA. Le réchauffement climatique rend les phénomènes météorologiques extrêmes, comme les ouragans, plus fréquents et plus dévastateurs.