Fusillé pour l’exemple, le soldat corse Virgo Luigi retourne en terre natale, 108 ans après sa mort à Verdun

Les arrière-petites-nièces du défunt ont multiplié les démarches auprès de l’État pour obtenir sa réhabilitation.

Le corps de Virgo Luigi, un poilu tombé lors de la Première Guerre Mondiale, a été exhumé ce lundi 24 juin de la nécropole de Ville-sur-Cousances, dans la Meuse, où il reposait. PhotoPQR/L'Est Républicain/Léa Didier
Le corps de Virgo Luigi, un poilu tombé lors de la Première Guerre Mondiale, a été exhumé ce lundi 24 juin de la nécropole de Ville-sur-Cousances, dans la Meuse, où il reposait. PhotoPQR/L'Est Républicain/Léa Didier

    Les arrière-petites-nièces du défunt ont multiplié les démarches auprès de l’État pour obtenir sa réhabilitation. Dans quelques jours, les cendres de Virgo Luigi reposeront dans le cimetière du village de Casabianca, en Haute-Corse, d’où ce soldat était originaire. Son corps a été exhumé ce lundi 24 juin de la nécropole de Ville-sur-Cousances, dans la Meuse, où il reposait.

    Depuis une dizaine d’années, les descendants de sa famille menaient un long combat administratif pour obtenir que ce soldat enrôlé pour la Première Guerre mondiale depuis août 1914 et fusillé pour l’exemple en 1916, soit rapatrié sur sa terre corse natale. Après l’exhumation dans l’intimité familiale se tiendra dans les prochaines heures l’incinération. Les arrière-petites-nièces de Virgo Luigi repartiront d’ici quelques jours en Corse pour y déposer ses cendres. « Il sera auprès de sa sœur », confie Virginia Baccarelli.

    « Cela nous donne le sentiment qu’il est avec nous »

    Virgo Luigi, veuf et père d’un enfant de 6 ans, avait été condamné à mort par le conseil de guerre qui l’accusait « d’abandon de poste » et fusillé pour l’exemple alors que ses camarades le décrivaient comme « brave, fort et volontaire ». La démarche familiale s’assimile ainsi à une démarche de réhabilitation pour honorer sa mémoire. « Il s’est battu pendant deux ans sur le front et à ce titre il mérite aussi respect et gratitude », estime ainsi Cédric Schwindt, le président de l’ONAC (Office national des anciens combattants) de la Meuse.



    Les descendants du soldat corse ont multiplié les démarches auprès du ministère des Anciens Combattants et de l’État pour parvenir à cette exhumation, accompagnée d’une bénédiction de sa tombe et d’un recueillement de la famille. La constitution d’une association a été nécessaire pour concrétiser les étapes de cette réhabilitation.

    « Je comprends la démarche de la famille », a commenté Christian Maurer, le maire de Ville-sur-Cousances, un village du nord de la Meuse non loin de Verdun. « Nous avons rétabli la vérité, souligne Virginia Baccarelli. En le ramenant chez nous en Corse, cela nous donne le sentiment qu’il est avec nous, et qu’il ne nous a jamais quittés. Cette cérémonie met fin à un siècle de tabous et de non-dits. » C’était « un moment rare d’intimité familiale ne nécessitant pas de mots tant l’émotion était présente », poursuit Vincent Henri, premier adjoint meusien.