Dans l’Oise, un troisième bus pour l’emploi « pour ne laisser personne au bord de la route »

Lancé en 2016, le dispositif du conseil départemental compte désormais un troisième véhicule pour aller à la rencontre des demandeurs d’emploi. « La méthode a fait ses preuves », juge le département.

 Clairoix, le 17 septembre. En quatre ans sur les routes de l’Oise et plus de 33 500 km parcourus, le dispositif a permis d’entreprendre des entretiens individuels avec 3 330 personnes dans 113 communes.
Clairoix, le 17 septembre. En quatre ans sur les routes de l’Oise et plus de 33 500 km parcourus, le dispositif a permis d’entreprendre des entretiens individuels avec 3 330 personnes dans 113 communes. LP/Alexis Bisson

    Pour raccrocher les wagons du monde du travail ils ont décidé de monter… dans le bus. Ou plus exactement dans un camping-car, mis en place par le conseil départemental de l'Oise dans le cadre de son dispositif « bus pour l'emploi ».

    Le véhicule est le troisième mis en circulation par le département depuis 2016. Le premier, qui avait valeur « d'expérimentation », continue de sillonner les routes des cantons de Beauvais et de Grandvilliers. En 2018, un deuxième véhicule était mis en circulation dans le Valois, au sein des cantons de Nanteuil-le-Haudouin et Crépy-en-Valois.

    « Avec plus de 47 320 demandeurs d'emploi, l'Oise n'est pas épargnée »

    Avec un même objectif, martelé par le département : « le retour à l'emploi durable pour le plus grand nombre. » « Il faut mieux identifier ceux qui sont sortis des radars, avec le maillage le plus fin possible, et ne laisser personne sur le bord de la route », insiste Nadège Lefebvre, la présidente (LR) du conseil départemental de l'Oise, qui avait initié ce dispositif inédit.

    Ce service départemental itinérant reprend la route alors que la situation de l'emploi dans le département reste préoccupante. « Avec plus de 47 320 demandeurs d'emploi, l'Oise n'est pas épargnée », concède le conseil départemental. « Et la crise liée au Covid-19, où l'Oise a été touchée la première, va nous frapper durement », prévient Nadège Lefebvre.

    « Pôle emploi est un partenaire et non un concurrent »

    Dans ce contexte, le bus, qui a pris la route le 8 septembre, sillonnera jusqu'au 17 décembre les cantons de Compiègne, Thourotte, Noyon et Estrées-Saint-Denis en faisant étape dans 34 nouvelles communes.

    Après Clairoix et Couloisy la semaine dernière il sera ainsi à Berneuil-sur-Aisne et Coudun ce mardi, Janville et Chiry-Ourscamp mercredi, avant Orvillers-Sorel et Margny-sur-Matz jeudi.

    À son bord, les habitants de la commune sont accueillis par un agent d'accueil et deux conseillers en insertion professionnelle. Ensemble, sans prise de rendez-vous, ils vont analyser les besoins, reprendre le CV et la lettre de motivation, faire le point sur les démarches à mettre en place…

    Un Pôle emploi bis ? « Le bus ne peut pas tout faire à sa place, réfute le département. Pôle emploi est un partenaire et non un concurrent. »

    « Les gens n'ont plus d'excuse pour ne pas se déplacer »

    Pour Léa, 21 ans, ce bus est d'abord une piste en plus dans sa recherche d'emploi, lancée il y a un an. En sortant de son premier entretien, la jeune femme est plutôt satisfaite : « Ça change, c'est une autre façon de se présenter et c'est plus accessible, dit-elle. Dans un bureau, je suis tout le temps en stress, je me sens oppressée. Là, je suis apaisée. Et puis ça m'arrange car c'est juste à côté de chez moi. »

    « Les gens n'ont plus d'excuse pour ne pas se déplacer, sourit Christina, 49 ans, qui a multiplié les missions d'intérim ces derniers mois. Là, le bus passe devant chez eux, ils n'ont plus qu'à marcher. Quand j'ai vu l'annonce de son passage, je n'ai pas hésité, je me suis dit il faut que j'y aille et dire Coucou, j'existe, je n'attends pas dans mon canapé. »

    Pauline, elle, n'a pas perdu de temps. La jeune femme a quitté son emploi qu'elle occupait depuis huit ans dans la restauration rapide il y a seulement deux jours. « J'aime bien cette idée de camping-car qui vient à nous, glisse-t-elle. J'espère que ça va m'aider à trouver quelque chose qui me corresponde enfin, un métier qui me donne envie de me lever le matin. »

    « Plus d'une personne sur deux montées dans le bus trouve un emploi, une formation ou crée son entreprise »

    Pour le conseil départemental, la mise en circulation de ce troisième bus, dont le coût de fonctionnement est de 60 000 €, est en tout cas le signe que la méthode « a fait ses preuves ».

    En quatre ans sur les routes de l'Oise et plus de 33 500 km parcourus, le dispositif a permis d'engager des entretiens individuels avec 3 330 personnes dans 113 communes. Des communes où le nombre de demandeurs d'emploi identifiés est à chaque fois supérieur à 30 personnes.

    « Plus d'une personne sur deux montées dans le bus trouve un emploi, une formation ou crée son entreprise, assure le département, s'appuyant sur une étude menée auprès des bénéficiaires quatre mois après le début de leur accompagnement. Les résultats plus qu'encourageants montrent qu'il y avait un vrai besoin. » Depuis son lancement le 8 septembre, le troisième bus a quant à lui déjà accueilli 54 personnes et réalisé 32 entretiens.

    Pas question pour autant de mettre des bus partout. « Il faut attendre que le troisième bus prenne son rythme de croisière, explique la présidente. Dès que l'on sera en mesure de sortir le quatrième, on le fera. Mais l'objectif numéro 1 n'est pas de tout couvrir. »