« J’imaginais que je triais bien… » : dans le Sud Oise, 20 familles expérimentent la pesée de leurs déchets

Depuis janvier, des foyers se sont portés volontaires pour rejoindre la tribu du tri. Un test sur six mois pour évaluer ses compétences au sein d’une agglomération « en queue de peloton » pour son volume de déchets recyclables.

Comme Patricia (à gauche), Romain et Noah, 9 ans, une vingtaine de familles de l'agglomération creilloise participent à un défi consistant à peser chaque semaine ses déchets pendant plusieurs mois. LP/Octave Odola
Comme Patricia (à gauche), Romain et Noah, 9 ans, une vingtaine de familles de l'agglomération creilloise participent à un défi consistant à peser chaque semaine ses déchets pendant plusieurs mois. LP/Octave Odola

    Vingt foyers, six mois d’aventure. Et, à la fin, on préfère vous rassurer, il n’en restera pas qu’un. Depuis janvier, l’Agglomération Creil Sud Oise (Acso) a décidé de mettre au régime sec ses poubelles. Un objectif, simple, basique : mieux trier ses déchets. Sur les 88 000 habitants habitant des 11 communes de l’agglomération, vingt familles se sont portées volontaires pour « faire maigrir leur poubelle ». Au sein du dispositif en vigueur depuis janvier, chaque volontaire dispose d’un sac spécifique, d’un pèse ordure et d’un carnet de notes.

    À la fin de chaque semaine, le bac consacré aux ordures ménagères et celui dédié au recyclage sont soigneusement pesés, les chiffres consignés. Patricia, une infirmière de 52 ans qui élève seule sa fille de 16 ans, relève un volume de déchets stable depuis le début de l’expérimentation. Elle émarge à environ « 3 kg d’ordures ménagères et 1,7 kg de matière recyclable » par semaine. « Quand je pèse tout ça, j’ai quand même la sensation que c’est lourd. »

    « Je dois progresser »

    Pour cette Creilloise déjà aguerrie, qui possède un compost maison bien que vivant en appartement, l’expérimentation permet de mieux trier. « Avec les autres volontaires, on a pu visiter le syndicat mixte du département de l’Oise (SMDO). J’imaginais que je faisais bien mon tri, mais en fait je dois progresser. Je pensais que tous les emballages plastiques étaient recyclables, mais ce n’est pas le cas. Et je ne froisse plus les emballages » de peur qu’ils soient rejetés par les machines du centre de tri.

    À quelques kilomètres de là, Stéphanie, 40 ans, et Romain, 36 ans, remuent le bac à compost de leur jardin. Comme Patricia, ce couple de Villers-Saint-Paul s’est porté volontaire pour intégrer la tribu du tri. Comme la mère de famille creilloise, les deux parents, qui habitent en maison individuelle, sont déjà fortement sensibilisés aux enjeux du tri. « Mais on s’améliore quand même. On a appris qu’on ne doit pas séparer les bouchons de bouteille, ni encastrer les pots de yaourts », expose Stéphanie.



    La visite de la recyclerie a permis au couple d’y déposer leur ancienne machine à laver, plutôt que de la laisser aux encombrants. Au moment de sortir la poubelle, répartie en trois bacs (ordures ménagères, déchets recyclables, compost), le verdict tombe : en moyenne 3 kg de recyclable par semaine, pour 11 à 12 kg de déchets ménagers. « C’est surtout les couches et les litières de nos animaux qui font grimper ce chiffre, confie Romain, sous les yeux de ses deux enfants, Noah, 9 ans, et Lucie, 2 ans. La majorité de nos déchets alimentaires partent aux poules. »

    Un volume de déchets recyclables insuffisant

    Pour ces volontaires, encore quelques mois d’effort avant la fin de l’expérience, en juin prochain. À l’agglomération, Isabelle Rose Massein, la vice-présidente en charge des déchets et de la collecte, se félicite de mettre en place « des choses concrètes ». « Au niveau du tri, ça fait longtemps que nous sommes en queue de peloton dans l’agglomération par rapport à nos voisins, précise-t-elle, en rappelant que seules 4 100 tonnes d’ordures sont recyclées sur les 25 000 produites chaque année. Nous ne sommes pas là pour juger les habitants, notre but c’est de sensibiliser et d’accompagner toutes les familles à réduire au maximum leurs ordures. »

    En moyenne, le SMDO, qui gère le traitement des déchets de la quasi-totalité du département (sur 21 intercommunalités, seules deux ne sont pas prises en charge), récupère 210 kg d’ordures ménagères par habitant et par an. « Au niveau de l’agglomération, on est à 258 kg par habitant, on fait un gros effort pour rentrer dans la moyenne, dans une agglomération pauvre avec beaucoup d’habitats collectifs », rappelle la vice-présidente.

    À la fin du projet, pour les volontaires qui le désirent, il s’agira d’aller à la rencontre de leurs voisins pour transmettre les bonnes pratiques. « J’ai l’impression que le tri n’est pas forcément une priorité, remarque Patricia. Mais je vais essayer de sensibiliser. »

    « Ce sont eux qui vont nous aider auprès de leur entourage », confirme la vice-présidente. En complément de la tribu du tri, l’ACSO a lancé jusqu’au 31 mars un questionnaire en ligne sur les habitudes de consommation et de gestion des déchets des habitants. Espérons que les résultats pèsent.