« On veut nous pousser dehors » : des salariés en grève contre la suppression de leur poste chez AGCO-Gima

Les 32 salariés en poste le week-end de l’usine Gima à Beauvais sont en grève pour dénoncer la suppression de leur poste. La direction leur a proposé de les passer en semaine, mais ces derniers signalent une perte de salaire importante.

Beauvais (Oise), le dimanche 26 mai 2024. Les 32 salariés qui travaillent exclusivement le week-end, chez Gima, à Beauvais, sont en grève depuis samedi. LP/Armelle Camelin
Beauvais (Oise), le dimanche 26 mai 2024. Les 32 salariés qui travaillent exclusivement le week-end, chez Gima, à Beauvais, sont en grève depuis samedi. LP/Armelle Camelin

    La pilule a du mal à passer pour les 32 salariés du week-end de l’usine Gima de Beauvais. Ce dimanche 26 mai, ils faisaient le piquet de grève pour protester contre la suppression de leur poste et la proposition de la direction d’AGCO-Gima de les reclasser dans les équipes de la semaine. Un mouvement qui devrait se poursuivre toute la semaine. Pour justifier ce choix, l’usine de machines agricoles qui emploie 750 salariés et fabrique des transmissions de tracteurs fait état une baisse d’activité.

    « Depuis juin 2023, nous subissons une importante baisse de notre carnet de commandes. Aujourd’hui la semaine suffit pour produire les pièces, ce n’est plus utile de maintenir l’activité le week-end, détaille Arnaud Mouchy, directeur des ressources humaines chez Gima. En janvier, on a demandé à ces équipes de bien vouloir basculer en semaine. »

    « De 400 à 500 euros net » en moins

    Une proposition jugée « inacceptable » par les principaux concernés qui déplorent une perte en salaire. « À terme, si on signe le changement de contrat, on aura une baisse de salaire de 400 à 500 euros net », explique Habib Kebir, salarié de week-end chez Gima depuis 1995 et représentant du personnel CGT. « On veut travailler, mais pas n’importe comment, s’insurge un salarié. Avec ces propositions, on veut nous pousser dehors. » Un autre déplore un choix contraint et forcé. « On n’est pas contre s’adapter à l’activité, mais signer un contrat tout horaire, tout secteur, on refuse catégoriquement. »

    Une situation qui révulse Thierry Aury, élu de l’opposition (PC) à Beauvais. « Un scandale alors que 13 millions d’euros ont été mis sur la table par l’agglomération du Beauvaisis pour réaliser un pont, ouvert fin 2023, à la demande de l’entreprise AGCO avec en contrepartie, notamment, la promesse de création de centaines d’emplois », rappelle-t-il.



    En plus des reclassements en semaine, la direction a proposé en parallèle des missions à durée déterminée chez Safran, à Méru, ou le site voisin d’AGCO à Beauvais. « On veut faire le maximum pour maintenir les emplois et les compétences importantes de ce personnel, poursuit le directeur des ressources humaines. On souhaite zéro licenciement économique. »

    Face au refus des salariés, la direction a lancé une procédure officielle. À compter du mois de juin, ils auront un mois pour accepter ou non la proposition qui leur a été faite. À l’issue, ils pourraient être licenciés économiquement s’ils s’opposent au reclassement. La direction espère « 100 % de reclassement », mais côté salarié, on campe sur ses positions. « On préfère se battre et aller au licenciement plutôt que d’accepter ça », prévient l’un d’entre eux.