Projet de centrale photovoltaïque sur les côtes de Clermont-Ferrand : « Vous imaginez des miroirs géants au milieu ? »

L’association pour la sauvegarde des côtes de Clermont se réjouit du classement en espace naturel sensible de plus de 700 ha sur les hauteurs de la capitale auvergnate, mais elle dénonce le maintien d’un projet de centrale photovoltaïque.

Classé en espace naturel sensible, le massif des côtes de Clermont pourrait bien abriter un parc solaire de 10 ha, au grand dam de Jean-Louis Amblard, secrétaire de l'association de protection du massif. LP/Stéphane Frachet
Classé en espace naturel sensible, le massif des côtes de Clermont pourrait bien abriter un parc solaire de 10 ha, au grand dam de Jean-Louis Amblard, secrétaire de l'association de protection du massif. LP/Stéphane Frachet

    Depuis le haut du massif des côtes de Clermont, la vue sur Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) et la plaine de la Limagne est panoramique. De l’autre côté, le Puy-de-Dôme et la chaîne des puys dominent. Entre la ville et les volcans désormais classés au patrimoine mondial de l’Unesco, il y a une vaste zone naturelle de plus de 700 ha, que les Clermontois appellent souvent Chanturgue.

    En réalité, ce qui est perçu comme une friche est une « ancienne coulée volcanique de 16 millions d’années », rappelle Jean-Louis Amblard, secrétaire de l’association pour la sauvegarde des côtes de Clermont-Chanturgue (Ascot) et diplômé en géologie. Ce secteur est bien plus vaste que le seul puy de Chanturgue, qui domine le nord de la ville, ainsi que les communes de Blanzat et Cébazat. Il arrive jusqu’à Durtol et Nohanent en surplomb de Clermont-Ferrand. « Cette mosaïque de forêts et de landes abrite encore trois fermes, plus de 100 espèces protégées dont de rares orchidées, des chauves-souris, des amphibiens », énumère Jean-Louis Amblard.

    Pas d’étude d’impact

    Depuis 30 ans, l’Ascot milite pour un classement, à double titre. « En dominant la plaine de Limagne, il s’agit aussi d’un haut lieu de l’antiquité. Des recherches archéologiques ont été entamées, elles ont mis au jour un temple gallo-romain de 26,50 m de côté. Elles méritent d’être poursuivies », défend Jean-Louis Amblard.



    L’État, la métropole de Clermont et le département du Puy-de-Dôme viennent de classer ces côtes de Clermont en espace naturel sensible (ENS). « Cela nous réjouit, même si nous n’avons pas été invités à la cérémonie de signature », grimace cet instituteur retraité, qui pointe une anomalie : « Le classement en ENS devrait remettre en cause un projet de centrale solaire de 10 ha. Ce qui n’est pas le cas », déplore-t-il.

    En lien avec la fédération France Nature Environnement (FNE), l’Ascot a attaqué en justice le permis de construire qui avait été accordé par l’ancien maire de Nohanent pour couvrir une carrière de basalte dont l’exploitation a cessé en 2004.



    « Le maire actuel est de notre côté. Nous demandons une étude d’impact, qui n’a pas été réalisée lorsque le projet a été lancé », explique Jean-Louis Amblard. Du bras, il embrasse cette vaste zone naturelle. « Vous imaginez ce corridor écologique avec des miroirs géants au milieu ? », interroge-t-il. « Cette coulée basaltique, c’est une éponge. L’eau n’est jamais très loin. Même lors des sécheresses sévères, les trois ruisseaux qui descendent des côtes de Clermont pour rejoindre le Bédat ont toujours eu de l’eau. On est sur une tête de bassin de l’Allier, et donc de la Loire. Impossible de faire des travaux ici », insiste Jean-Louis Amblard.

    Le tribunal administratif de Clermont-Ferrand devrait examiner le dossier fin 2024, voire début 2025.