Seine-et-Marne : les pins de la forêt de Fontainebleau meurent de la sécheresse

Les épisodes de fortes chaleurs et le manque de pluie causent la mort rapide et préoccupante de conifères dans le massif.

 Fontainebleau, le 7 août. Les pins asséchés roussissent et meurent à un rythme préoccupant.
Fontainebleau, le 7 août. Les pins asséchés roussissent et meurent à un rythme préoccupant. Drone ONF/Agence Ile-de-France

    En se baladant en forêt de Fontainebleau, on peut désormais observer des pins aux épines rousses. Détonants en plein mois d'août, ces arbres sont en fait morts.

    L'Office national des forêts (ONF) vient de lancer un état des lieux afin de mesurer l'ampleur de ce phénomène en pleine évolution.

    Canicule et manque de précipitations

    Le pin, contrairement aux arbres feuillus, est vert toute l'année. S'ils roussissent par poches entières dans la forêt de Fontainebleau, c'est que les conifères n'ont plus d'eau.

    « Avec un automne très sec, et deux épisodes caniculaires dans l'été, on est dans une succession problématique », explique Pierre-Edouard Guillain, directeur de l'agence de Fontainebleau de l'ONF.

    Les pins, qui composent 40 % de la forêt de Fontainebleau, sont visiblement marqués par le dérèglement climatique. En plus, les sols pauvres et sableux de certaines zones de la forêt retiennent difficilement l'eau. C'est le cas près de la commune d'Arbonne-la-Forêt, où les pins meurent par poches entières.

    « Ces arbres avaient survécu à la canicule de 2003 ! »

    François Faucon, forestier responsable de ce secteur à l'ONF, est inquiet. « J'ai remarqué un effet de masse début juin », précise-t-il. Équipé d'un drone, il tente de circonscrire les zones touchées par ces morts presque subites des pins de la forêt.

    Un premier travail de repérage par images satellites a été réalisé. Sur le terrain, les agents de l'ONF estiment la quantité de pins desséchés à 100 ou 200 hectares.

    Forêt de Fontainebleau, le 7 août. Francis Faucon, forestier, évalue l’état des pins d’un secteur de la forêt grâce à un drone. LP/Margot Zaparucha
    Forêt de Fontainebleau, le 7 août. Francis Faucon, forestier, évalue l’état des pins d’un secteur de la forêt grâce à un drone. LP/Margot Zaparucha Drone ONF/Agence Ile-de-France

    Si la forêt de Fontainebleau compte au total 22 000 hectares, le phénomène reste préoccupant : « Nous n'avions jamais vu ça auparavant, assure le forestier. Pourtant, ces arbres avaient survécu à la canicule de 2003 ! »

    En désignant une branche aux épines roussies, François Faucon atteste de l'urgence du problème : « Là, l'arbre est déjà touché, on n'y peut plus rien. Dans trois semaines, il sera complètement mort. »

    Des risques accrus pour le public

    Le diagnostic exact devrait être connu à la mi-septembre. D'ici là, la priorité est la sécurité du public, dans des zones très fréquentées. Le secteur de François Faucon est proche du site d'escalade d'Isatis, très prisé des grimpeurs.

    « Début juin, on a déjà abattu les arbres morts qui longent la route de l'ermitage, mais d'autres ont roussi depuis », constate le forestier. Une fois mort, l'arbre risque de perdre ses branches ou de tomber tout entier.

    Forêt de Fontainebleau, le 7 août. Quand les pins s’assèchent, ils deviennent fragiles et sensibles aux insectes. Ici, ils ont perdu leur écorce. LP/Margot Zaparucha
    Forêt de Fontainebleau, le 7 août. Quand les pins s’assèchent, ils deviennent fragiles et sensibles aux insectes. Ici, ils ont perdu leur écorce. LP/Margot Zaparucha Drone ONF/Agence Ile-de-France

    L'autre problème de la sécheresse du bois, c'est qu'elle accroît le risque d'incendie. « Un départ de feu ici serait extrêmement violent », craint Francis Faucon qui retrouve régulièrement des restes de feux de bivouac, pourtant interdits.

    Les zones touchées ne seront pas replantées

    Après l'atterrissage du drone, le constat est flagrant. « Dans la zone survolée, on compte déjà bien trente hectares touchés », souligne le sylviculteur.

    Pour autant, l'ONF ne viendra pas replanter dans ces zones. En forêt, on compte sur la régénération naturelle des arbres, et on laisse la nature faire son travail.

    La forêt de Fontainebleau, classée Natura 2 000, ne peut accueillir que des espèces autochtones, principalement des chênes, des pins et des hêtres.

    Le temps de la nature est plus long que celui des hommes : pour que des pins arrivent à maturité et viennent remplacer ceux abattus cet été, il faudra attendre quarante ans.