1200 milliards d’arbres pour sauver la planète : et si la forêt était la solution ?

Une restauration massive des forêts mondiales permettrait de réguler le climat, selon des chercheurs suisses.

 Les forêts ont de multiples bienfaits pour le climat : biodiversité plus riche, eau de meilleure qualité, érosion des sols réduite.
Les forêts ont de multiples bienfaits pour le climat : biodiversité plus riche, eau de meilleure qualité, érosion des sols réduite. LP/ARNAUD JOURNOIS

    Planter des arbres pour sauver la planète. C'est la solution de Jean-François Bastin et Thomas Crowther, chercheurs à l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich (Suisse). Dans une étude publiée dans Science (en anglais), ils ont fait le calcul : il faudrait 1200 milliards d'arbres. Soit 900 millions d'hectares de forêt, qui viendraient s'ajouter aux 2,8 milliards d'hectares actuels.

    « Sans les humains, il y aurait 5800 milliards d'arbres sur Terre. On a réduit ce nombre de moitié, donc il n'y a que 3000 milliards d'arbres environ aujourd'hui », expose Thomas Crowther à franceinfo. Il en manque donc 2800 milliards. Impossible de tous les replanter : il n'y a plus assez d'espace, « parce qu'il y a des terres occupées par l'agriculture ou par des zones urbaines ».

    Où est-ce qu'on plante ?

    Pour 1200 milliards d'arbre, il y a la place. Et bonne nouvelle : une telle quantité est suffisante pour absorber les deux tiers des 300 gigatonnes de carbone émis dans l'atmosphère par les humains depuis le 19e siècle. Les forêts actuelles en stockent déjà 400 gigatonnes.

    C'est la nouveauté de cette solution, selon Crowther : « Beaucoup de solutions avancées pour lutter contre le réchauffement climatique visent à empêcher de futures émissions. Celle-ci permet de capturer le carbone que nous avons déjà émis ! »

    Reste à savoir où planter tous ces arbres. Pour faire leur calcul, les deux scientifiques ont analysé les forêts actuelles ainsi que le climat et le sol qui pourraient accueillir les futures. La moitié des zones reboisables sont concentrées dans six pays : Russie, Etats-Unis, Canada, Australie, Brésil et Chine. L'Europe n'est pas en reste. « La France est un bon exemple. Pour être honnête, la majeure partie de l'Europe devrait être une énorme forêt », confirme Thomas Crowther.

    Une solution simple… ou simpliste ?

    Le chercheur se montre très optimiste : « Si tout le monde se mettait à planter des graines un week-end sur deux, je pense sincèrement qu'on pourrait y arriver. » Cela permettrait de se rapprocher de l' objectif fixé par le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat des Nations unies), qui recommandait de planter un milliard d'hectares de forêt.

    Une solution « simple et agréable » pour Crowther. Simpliste pour d'autres scientifiques. « Oui, une reforestation héroïque peut s'avérer utile, mais il faut arrêter de dire qu'il existe une solution naturelle à l'utilisation des énergies fossiles. Il n'y en a pas. Désolé », a écrit Myles Allen, professeur de science du géosystème à Oxford.

    « La seule façon de stabiliser le climat est de faire baisser à zéro les émissions de gaz à effet de serre », approuve Simon Lewis, son collègue à l'University College London. « Ce n'est pas comme ça que ça marche », s'est-il exaspéré dans un tweet.