Écoles et collèges : le « temps d’échange » contre l’antisémitisme et le racisme aura lieu d’ici les vacances

Emmanuel Macron a demandé mercredi « un temps d’échange » sur le racisme et l’antisémitisme dans les écoles et collèges, après le viol d’une enfant juive à Courbevoie (Hauts-de-Seine). « Un coup de com », ont dénoncé des syndicats. La ministre de l’Éducation a donné des précisions aux chefs d’établissement ce jeudi.

    D’ici à la fin des cours le 6 juillet, les plus de 9 millions d’écoliers et collégiens devront assister à un « temps d’échange sur l’antisémitisme et le racisme ». La demande, émise par Emmanuel Macron mercredi, a été officialisée ce jeudi par la ministre de l’Éducation nationale, Nicole Belloubet, sous la forme d’une lettre adressée aux chefs d’établissements publics et privés sous contrat. Elle intervient quelques jours après le viol d’une enfant juive de 12 ans à Courbevoie (Hauts-de-Seine) qui a suscité l’indignation de nombreux leaders politiques dénonçant le « fléau » de l’antisémitisme.

    Le temps d’échange, organisé avec « le concours des professeurs », sera effectué dans le « prolongement des enseignements et actions d’enseignement moral et civique menés tout au long de l’année », détaille la missive de la ministre. Il interviendra « au moment le plus adapté au contexte d’ici à la fin de l’année scolaire et pourra s’appuyer sur des ressources pédagogiques qui seront mises à disposition sur le site Educsol à compter du 21 juin ».

    Outre ce temps d’enseignement et de réflexion voulu par le chef de l’État, la ministre de l’Éducation appelle aussi les intervenants à aborder la question des violences sexistes et sexuelles, « qu’illustre malheureusement ce crime ». Une précision importante alors que les principaux syndicats d’enseignants avaient rappelé qu’il n’était pas seulement question d’antisémitisme et de racisme dans le drame de Courbevoie, mais aussi de violences sexuelles.

    « Les enseignants n’ont pas attendu le président »

    « Opération de communication », « injonction opportuniste en pleine crise politique »… Les syndicats ont fraîchement accueilli la nouvelle présidentielle, lancée en urgence sur fond de campagne électorale. « Cette annonce est complètement décalée et hors sol par rapport aux enjeux et la gravité des faits. Comme si, en une heure, quasiment improvisée du jour au lendemain, on pouvait travailler sérieusement sur un sujet si grave », déplore Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat dans les collèges et lycées.



    Autre motif d’agacement : les enseignants travaillent déjà sur ces thématiques, tout au long de l’année, « de la maternelle au lycée », rappelle Guislaine David, co-secrétaire générale du Snuipp-FSU, le principal syndicat du premier degré. « Les enseignants n’ont pas attendu le président pour parler de ces questions-là. Elles figurent dans les programmes. »

    Même exaspération du côté du Snes-FSU : « On fait déjà des choses dans le cadre de nos cours, qui sont pensés, anticipés, organisés sur plusieurs semaines, indique Sophie Vénétitay. On a surtout l’impression qu’Emmanuel Macron cherche à occuper le terrain politique alors qu’il est en grande difficulté. »