Son transfert surprise, ses 1000 matchs, les débuts de Wembanyama… Nicolas Batum se confie sur sa vie en NBA

Le basketteur français a dû s’inventer une nouvelle vie à Philadelphie, sur la côte est des États-Unis, après avoir été transféré le mois dernier. A bientôt 35 ans, il revient sur sa carrière outre-Atlantique et assume son bilan.

Nicolas Batum portait encore le maillot des Clippers de Los Angeles quand il a affronté Victor Wembanyama. Il porte désormais le maillot de Philadelphie et a depuis franchi la barre des 1000 matchs en NBA.  Photo Icon sport
Nicolas Batum portait encore le maillot des Clippers de Los Angeles quand il a affronté Victor Wembanyama. Il porte désormais le maillot de Philadelphie et a depuis franchi la barre des 1000 matchs en NBA. Photo Icon sport

    Il s’est endormi une nuit à Los Angeles, il s’est réveillé le lendemain matin de l’autre côté des États-Unis, à Philadelphie : c’est à peu près ce qui est arrivé à Nicolas Batum il y a trois semaines quand son équipe d’alors, les Clippers, l’a envoyé sans l’avertir (une pratique courante en NBA) chez les 76ers. Rencontré hier dans les vestiaires de sa nouvelle équipe, après la victoire de Philadelphie à Brooklyn (121-99), il raconte ici les coulisses de ce transfert et sa fierté de durer en NBA, 16 ans et plus de 1000 matchs après ses débuts.

    Avez-vous digéré votre transfert surprise à Philadelphie, intervenu le mois dernier ?

    J’ai été hyper surpris. Je ne pensais pas que j’allais faire partie des joueurs transférés. C’est ma femme qui me l’a appris au réveil. C’est la NBA ! Même après plus de 15 ans en NBA, tu ne t’y fais pas. L’apprendre comme ça, sans être mis au courant, c’est dur. Surtout quand tu as une famille et des enfants à l’école, alors que la saison a déjà commencé. C’est le business, je passe à autre chose. Mes trois années à Los Angeles étaient très cool, mais maintenant je suis ici, ils me voulaient et je vais faire en sorte que tout se passe pour le mieux.



    Depuis, vous avez franchi la barre des 1000 matchs disputés en NBA. Était-ce un objectif ?

    On m’a averti quand j’étais à 997. Les trois derniers matchs, je les comptais ! C’est une petite fierté quand même. Je suis un des trois Français à l’avoir réalisé (NDLR : après Parker et Diaw). On m’a aussi dit qu’on était 150 et quelques à avoir atteint cette barre, et que ça ne représente que 3 % de l’ensemble des joueurs dans l’histoire. Quand même ! Ça montre que ce n’est pas évident. Je n’ai pas fait de trop mauvaises choses dans ma carrière…

    Vous n’êtes pas le joueur le plus spectaculaire mais vos entraîneurs s’appuient souvent sur vous. Qu’apportez-vous à l’équipe ?

    C’est sûr, je ne mets pas 20 points par match, mais je suis sur le parquet, et j’ai la confiance des coachs et de mes coéquipiers. J’essaie d’être performant dans la science de jeu, par des petits détails : libérer les bons espaces, la bonne passe, le bon timing, les bons écrans. On peut dire Batum-ci, Batum-ça, mais ce sont des choses que les coachs, les GM (General Manager), les joueurs, voient. Et c’est tout ce qui m’importe. C’est ce qui m’a sauvé depuis mes débuts en NBA et qui m’a permis d’y rester. Il y a quatre ans, après mon passage à Charlotte, personne n’imaginait que je serai encore là aujourd’hui. Et quatre ans plus tard, non seulement je suis encore là, mais en plus je joue, et dans des équipes qui ont des ambitions.

    Avez-vous fait le deuil des statistiques individuelles ?

    J’ai essayé d’être intelligent toute ma carrière par rapport à ça, de faire passer les résultats de l’équipe avant mes stats individuelles. J’ai juste essayé de jouer au basket de la manière dont je l’aime. On me l’a souvent reproché : j’aurais pu faire ci, j’aurais pu faire ça… Certes, mais peut-être que si j’avais recherché davantage les stats, je me serais peut-être perdu dans un rôle et je n’aurais pas duré aussi longtemps en NBA. Qui sait ? C’est un tempérament qui me permet d’être, 1000 matchs et quelques et 16 ans plus tard, à jouer 25/30 minutes dans une équipe qui compte sur moi, à bientôt 35 ans.

    Il y a plein de joueurs qui étaient bien plus forts que moi mais qui n’ont pas une carrière aussi longue. Je n’ai pas de regret. Je suis ce joueur qui se rend utile au collectif et ça me va très bien. Je joue, on gagne des matchs, c’est cool.

    À Philadelphie, vous avez découvert de plus près Joel Embiid, MVP l’an dernier. Est-ce facile d’être à ses côtés ?

    Avec Joël, on parle quasiment tout le temps en Français. Jouer avec lui m’a permis de réaliser à quel point il commande le jeu. Il sait faire jouer l’équipe quand tout va bien, mais il sait aussi dire : « Ok, ça ne va pas, donne-moi le ballon, je m’en occupe ». J’essaie, comme je le faisais déjà aux Clippers avec Kawhi (Leonard) et PG (Paul George), de rendre la vie la plus facile possible à mon leader. Comment jouer autour de lui, comment lui donner le ballon. Des choses qui sont assez rares en NBA. Je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de joueurs comme moi. C’est sûr que ça ne se voit pas dans les chiffres mais j’essaie de réaliser tout le travail de l’ombre pour que mon leader et mon équipe soient dans les meilleures conditions possibles pour remporter le match.

    Victor Wembanyama, lui, découvre la NBA. Que pensez-vous de ses débuts ?

    Je ne m’inquiète pas pour lui. Il est dans son apprentissage. Il va connaître des hauts et des bas pendant un ou deux ans, ce qui est très normal. On a tellement d’espérance le concernant. Tout le monde pense qu’il va tourner à 35 points et 15 rebonds dès le début, ça ne se passe pas comme ça. Je l’avais déjà dit cet été, je le répète maintenant : il va apprendre, il va connaître des moments galères, mais ça fera partie de son histoire. Et quand il va décoller et dominer le monde entier, on aura tout oublié.