« C’est le Graal » : Anthony Turgis savoure sa première victoire sur le Tour de France

Le coureur de Total Energies a réglé au sprint son groupe d’échappés ce dimanche à Troyes (Aube) lors de l’étape des chemins blancs. En pensant à ses frères et en s’offrant une revanche sur des années difficiles.

Anthony Turgis s'est imposé en costaud lors du sprint à Troyes. AFP/Anne-Christine Poujoulat
Anthony Turgis s'est imposé en costaud lors du sprint à Troyes. AFP/Anne-Christine Poujoulat

    Alors que l’effusion n’était pas retombée autour de son bus de Total Energies garé à un bon kilomètre, Anthony Turgis est revenu sur son succès à Troyes ce dimanche au terme de l’étape des chemins blancs et sur les années de galère qui ont précédé ce grand moment sur le Tour de France.

    Que ressentez-vous ?

    ANTHONY TURGIS. C’est un sentiment incroyable de passer la ligne en première position. Jusque-là, j’étais à des jours-lumière de la victoire. Ces dernières années, j’ai délaissé les petites courses pour essayer d’en gagner une grande. J’ai continué à travailler. J’y croyais. Je comprends maintenant ce qu’a vécu mon coéquipier Geoffrey Soupe sur la Vuelta l’an dernier.

    Comment avez-vous manœuvré dans le final ?

    Il y avait deux coureurs de Movistar dans le groupe d’échappés, cela joue dans la tactique. Il y avait des coureurs qui avaient des petites pointes de vitesse aussi. Je me suis laissé tracter. Je regardais au loin pour voir si ça rentrait quand Jasper (Stuyven) était devant. Il fallait que l’on arrive sur un sprint lancé avec de la vitesse.

    On vous a vu avec votre famille ce matin au départ de l’étape…

    J’ai commencé le Tour à Florence (Italie), ils étaient à distance. Ils sont arrivés ce matin. J’ai pu rester de bons moments avec eux. Cela enlève du stress. On est concentré mais ce sont des instants de bonheur qui apportent beaucoup.

    Vous avez parlé de vos frères Tanguy et Jimmy (qui ont dû renoncer à leur carrière en raison de problèmes cardiaques), à quel point vous accompagnent-ils ?

    Tout le temps en fait. Je passe des tests d’effort deux fois par an. J’ai une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Pour l’instant, il n’ y a rien d’anormal. Je travaille dur. Je ne lâche rien. Je pense à eux mais on n’en parle pas forcément.

    Vous n’avez pas été épargné par les chutes, les fractures ou les maladies ces dernières saisons…

    Après ma chute sur le Grand Belt (sur le Tour de France 2022), je boitais beaucoup mais j’ai continué. Je m’accroche malgré les maladies ou les chutes qui sont fréquentes sur les Classiques. J’aime ces courses et j’en accepte les risques.

    Que représente de remporter une étape comme celle-là ?

    C’est le Graal, la course la plus médiatisée. Mais pour moi, ces chemins blancs ne sont pas des pavés (sourires). Cela prouve que, mentalement, je peux faire de grosses journées. Je retournerai sur les pavés avec davantage de confiance.

    Vous avez parlé de vos frères mais votre père joue aussi un rôle important pour vous…

    J’ai commencé à 5 ans dans l’école qu’il a créée. J’en ai 30 aujourd’hui. Je lui dois beaucoup. Alors je travaille dur. J’essaie de progresser. Je suis un coureur complet et aujourd’hui cela a fonctionné.