Tour de France : Jasper Philipsen enfin sanctionné pour ses sprints trop rugueux

Le Belge d’Alpecin-Deceuninck, épargné par les sanctions l’an dernier, a été déclassé après son sprint irrégulier à Dijon. Il y a longtemps qu’il était dans le collimateur des commissaires.

Jasper Philipsen a été justement déclassé à l'arrivée à Dijon pour son sprint irrégulier. Belga/Icon Sport
Jasper Philipsen a été justement déclassé à l'arrivée à Dijon pour son sprint irrégulier. Belga/Icon Sport

    Il ne gagne plus et, en plus, il roule comme un fou furieux, ignorant que le sprint n’est pas un exercice en solitaire. Et qu’à plus de 70 km/h, au moment où les jambes brûlent et où le souffle manque, le moindre changement de trajectoire peut envoyer un adversaire à l’hôpital. Mais Jasper Philipsen a beau avoir été considéré l’an dernier comme le meilleur sprinteur du monde, il est beaucoup trop danger.

    Quelques minutes après l’arrivée à Dijon ce jeudi sur la 6e étape du Tour de France, le Belge de l’équipe Alpecin-Deceuninck a appris qu’il était déclassé et que sa deuxième place derrière le Néerlandais Dylan Groenewegen était annulée. Philipsen avait, en changeant de trajectoire, tassé son compatriote Wout Van Aert (Visma-Lease a Bike). Fou furieux, son compatriote avait réclamé ensuite une sanction : « Je suis surtout content d’être resté debout, racontait Van Aert. Mais s’il n’y a pas de sanction, ça me met en colère. Il ne faudrait pas qu’il soit expulsé du Tour, mais il devrait être déclassé. »

    En 2023, ses méthodes avaient déjà fait grincer des dents

    Cette fois, le jury des commissaires a écouté Van Aert. Et on ne trouvera pas grand monde autour des bus pour plaindre Jasper Philipsen. Sa puissance n’est pas contestée. Mais ses méthodes de sprint font beaucoup plus débat. Et son poisson pilote, Mathieu Van der Poel, le champion du monde, joue aussi les déménageurs à coups d’épaule pour lui. Sur le Tour 2023, où Philipsen avait gagné quatre étapes, les méthodes rugueuses du duo avaient agacé : coups d’épaule, fermetures de porte et tassements vicieux contre les barrières. Mais à chaque fois, Philipsen bénéficiait de l’indulgence des commissaires. L’arrivée de la troisième étape l’an dernier avec l’arrivée à Bayonne avait ainsi été longuement visionnée. Et c’était déjà Van Aert la victime.

    Philipsen, ici à gauche de la route, juste après avoir tassé Van Aert (derrière lui) pour prendre l'avantage.
    Philipsen, ici à gauche de la route, juste après avoir tassé Van Aert (derrière lui) pour prendre l'avantage. AFP/Anne-Christine Poujoulat

    Mais cette année, l’impunité de Philipsen semble au niveau de sa réussite sur ce Tour : nulle. Son début de Tour est raté. Sur les trois sprints possibles, il a raté le premier sur chute puis devancé par Mark Cavendish puis, avant son déclassement donc, par Groenewegen.

    Le sprint de Cavendish était déjà douteux. Mais il avait été estimé que l’Anglais, suivi par Philipsen, avait bien changé de trajectoire mais sans mettre quelqu’un en danger. Il faut d’ailleurs que ces deux conditions soient réunies pour déclasser un coureur. Mais le matin de cette sixième étape, les commissaires étaient passés dans les bus des principaux sprinteurs pour rappeler les règles. Signe que la fin de la tolérance était dans l’air. Philipsen a encore voulu n’en faire qu’à sa tête.

    « Il se met beaucoup de pression tout seul »

    Juste après sa défaite et avant son déclassement, le Belge était monté dans son bus et avait hurlé sa colère et sa frustration. « Il faut comprendre qu’il se met beaucoup de pression tout seul, estime son coéquipier français Axel Laurance qui n’était, alors, pas averti du déclassement. C’est un champion et il veut toujours gagner. Pour l’instant, Jasper vit un début de Tour très frustrant. À nous de lui dire que cela va bientôt sourire. »

    En attendant, le Belge, qui veut remporter un nouveau maillot vert du classement par points, fait forcément la mauvaise opération du jour. Biniam Girmay, qu’il avait devancé sur la ligne, est donc classé deuxième. Et l’Érythréen de Wanty-Intermarchés le devance désormais de 38 unités : 149 contre 111.