Coupe du monde 2018 : les confidences de la maman de Cristiano Ronaldo

    A l’occasion des débuts du Portugal ce vendredi soir contre l’Espagne à 20 heures, la mère de la star Cristiano Ronaldo nous parle de son fils.

      Dolores Aveiro nous reçoit à la mi-mai dans un des hôtels de luxe du VIIIe arrondissement de Paris, à l'occasion de la sortie de son livre en France « Mère courage »*. Une maquilleuse veille à son image, une de ses proches contrôle les questions. En tant que maman de Cristiano Ronaldo, rien ne doit être laissé au hasard. Mais derrière cette communication maîtrisée, on découvre surtout une femme aux multiples vies.

      Il y a d'abord cette enfance misérable marquée par la mort de sa mère, son placement en orphelinat et les coups reçus ; puis ces nombreuses heures de labeur pour nourrir ses enfants et enfin l'arrivée de ce fils prodige, son quatrième et dernier. A travers son histoire, elle nous offre aussi un portrait intime du quintuple ballon d'or.

      Comment a réagi votre fils à la lecture du livre ?

      DOLORES AVEIRO. Il m'a dit de bien réfléchir car j'allais rendre ma vie publique. Mais je lui ai répondu que je voulais faire ce livre pour donner l'exemple et espoir à toutes ces femmes malheureuses. Il l'a lu et l'a trouvé très bien.

      Connaissait-il toute votre histoire ?

      Je lui ai toujours tout raconté pour qu'il puisse donner de la valeur à ce qu'il a. Je l'ai fait avec tous mes enfants, aujourd'hui avec mes petits-enfants. Et lorsque je leur raconte certains moments de ma vie, cela les rend tristes. On pleure ensemble.

      Savait-il que vous vouliez avorter lorsque vous étiez enceinte de lui ?

      Oui, bien sûr. Aujourd'hui encore, on en parle. J'avais déjà trois enfants et je suis tombée enceinte à trente ans. En avoir un quatrième alors qu'on avait déjà tellement de problèmes d'argent me paraissait impossible. J'ai essayé de tout faire pour avorter. Mais encore heureux que Dieu n'a pas voulu. C'était le destin. Je crois au destin. On ne sait jamais ce qu'un enfant peut apporter à ses parents. Ronaldo en est la preuve. Je demande donc à toutes les femmes de bien réfléchir car la meilleure chose que nous avons, ce sont nos enfants.

      On apprend aussi dans le livre que vous avez immigré à Paris pour faire vivre votre famille. Où était-ce ?

      C'était à une petite heure de Paris, je ne me souviens plus exactement. C'était il y a 41 ans. Je faisais le ménage chez des particuliers. Je ne suis restée que cinq mois. J'avais dû laisser deux enfants en bas âge à Madère. C'était si dur. Je pleurais chaque jour, je ne sais pas comment j'avais autant de larmes en moi. Mais c'est une grande fierté de revenir aujourd'hui dans cette ville à l'occasion de la sortie de ce livre tout en me remémorant le chemin parcouru.

      Vous avez longtemps vécu dans un extrême dénuement. Aujourd'hui, vous êtes à l'abri financièrement. Quel rapport entretenez-vous avec l'argent ?

      J'ai connu beaucoup de difficultés mais je travaillais dur pour que mes enfants aient de quoi manger. Ce n'était pas du luxe évidemment mais ils n'ont jamais manqué de nourriture à table. Aujourd'hui, grâce à Dieu, j'ai un fils qui me donne tout. Mais je ne gaspille pas comme ça car on ne sait pas de quoi sera fait demain. C'est ce que je transmets aux miens.

      Cela fait quoi d'être la maman d'un des meilleurs joueurs du monde ?

      C'est une très grande fierté. Partout où je vais, quand on sait que je viens du Portugal, on me dit « Ah le pays de Ronaldo. » Mon fils est connu partout dans le monde. Comment ne pas en tirer une grande fierté ?

      Cristiano Ronaldo, sa compagne Georgina Rodriguez et sa maman Dolores Aveiro. PA Images/Icon Sport/Mike Egerton
      Cristiano Ronaldo, sa compagne Georgina Rodriguez et sa maman Dolores Aveiro. PA Images/Icon Sport/Mike Egerton Propos recueillis par Sylvie De Macedo

      Est-ce difficile aussi ?

      Au début oui car je n'étais pas habituée aux critiques. J'en ai beaucoup pleuré. Quand je lisais ou voyais ce qu'on disait sur lui parfois, cela me faisait mal. Mais Ronaldo me disait « Maman, tu dois t'habituer. Le monde est ainsi. »

      Comment était Cristiano Ronaldo enfant ?

      Il a toujours été un enfant humble avec un cœur immense et les pieds sur terre. C'est le cas aujourd'hui aussi. Le ballon est vite devenu sa grande passion. Si quelqu'un lui offrait un jouet, cela ne l'intéressait pas. Tout comme l'école. Le ballon était plus important que tout. C'est ce qui le rendait heureux. Quand il a commencé à jouer au foot vers 5-6 ans, on a vite vu qu'il avait du talent. Mais jamais je n'ai pensé qu'il irait aussi loin.

      Quel moment de sa vie professionnelle vous a procuré le plus de bonheur ?

      Lors de sa première sélection avec le Portugal (NDLR, le 20 août 2003) et à l'Euro 2004. Voir mon fils avec mes idoles, ce fut une émotion très forte. Je me suis même évanouie en le voyant avec eux en train de chanter l'hymne.

      Quel match de votre fils vous a fait le plus souffrir ?

      La finale, ici à Paris contre la France lors de l'Euro (1-0). Pour une mère, voir son fils à terre (NDLR : blessé au genou gauche, il était sorti sur une civière dès la première mi-temps), c'est beaucoup de souffrance. Ce match était si important pour le Portugal, pour lui. Il avait tellement mal. Mais avec la victoire, on avait l'impression que ses douleurs avaient toutes disparu. Cette finale, ce fut de la pure folie.

      A-t-il longtemps parlé de cet Euro ?

      Oui. C'est le moment le plus important de sa carrière. Il a gagné beaucoup de trophées dans sa vie. Mais celui-là restera dans l'histoire. Ronaldo aussi restera dans l'histoire du football.

      Regardez-vous tous ses matchs ?

      Rarement en tribunes. Je regarde plutôt à la télé. Mais souvent, lors de la seconde période, je vais marcher, faire un petit tour car c'est trop dur. En tant que maman, ma principale préoccupation, c'est quand il reçoit un coup.

      Lui donnez-vous des conseils ?

      Il a toujours eu les pieds sur terre. Même enfant. Il n'oublie pas d'où il vient. Quand il a commencé dans ce milieu, je lui ai juste dit de profiter mais de bien garder la tête sur les épaules.

      Le grondez-vous quand il joue moins bien ?

      Moi aussi j'ai eu un métier. Il y a des jours où je travaillais mieux que d'autres. Alors je ne vais pas le rappeler à l'ordre si un jour il joue moins bien. Il y a des fois où on ne peut pas être à 100 %.

      Quel fils est-il ?

      Très tendre. Il me dit souvent je t'aime. Par exemple pour la fête des mères, il m'a envoyé un bouquet de fleurs et un bijou avec un petit message disant « tu es la meilleure maman du monde ». Il est très sentimental et sensible. Il pleure facilement. Il suffit d'avoir un ami à la maison qui lui raconte un problème de famille, une maladie ou quand il s'agit d'enfants ou qu'il voit des reportages sur des enfants qui souffrent, les larmes lui viennent vite…

      A vous entendre, on a l'impression qu'il est le petit chouchou de la famille…

      C'est le petit dernier. Aujourd'hui, c'est un homme évidemment. Mais pour nous, pour ses sœurs, son frère, c'est encore le petit bébé de la maison. Et avec son statut, sa notoriété, on essaie évidemment de le protéger.

      Où le voyez-vous après le Real Madrid ?

      Il a été si bien reçu à Manchester que j'aimerais le voir retourner là-bas. Mais c'est sa vie, c'est lui qui décide.

      Dolores Aveiro, mère de Ronaldo : « J'aimerais voir mon fils à Manchester »

      Et pas Paris ?

      Oui, pourquoi pas. Mais ma préférence, à moi, c'est Manchester.

      * « Mère Courage » aux éditions Michel Lafon. Prix : 16,95 €