Espagne-Angleterre : toujours aucun titre depuis 1966, les Three Lions sont décidément maudits

    Battus par l’Espagne en finale de l’Euro, les Anglais ont une nouvelle fois échoué dans leur quête d’un deuxième titre international majeur. 58 ans après la fameuse Coupe du monde 1966, c’est une interminable disette qui se poursuit.

    Les Anglais dépités après ce nouvel échec en finale. Reuters/Lisi Niesner
    Les Anglais dépités après ce nouvel échec en finale. Reuters/Lisi Niesner

      En 1996, le groupe de rock alternatif anglais The Lightning Seeds imagine une chanson pour accompagner la tenue de l’Euro sur les terres de la reine Elizabeth II. Avec naïveté et légèreté, elle raconte l’état d’esprit d’un peuple baigné dans le pessimisme, constamment confronté aux commentaires acerbes des observateurs sur une équipe nationale qu’ils enterrent avant même qu’elle ait joué. « Tout le monde semble connaître le score, ils ont déjà tout vu, ils savent, ils sont si sûrs que l’Angleterre va tout gâcher. Mais je sais qu’ils peuvent jouer. 30 ans de souffrance ne m’ont jamais empêché de rêver », disent les paroles.

      Les trois chanteurs, eux, veulent y croire. Et répètent à l’envi ce refrain : Football’s coming home. 28 ans après, ces quatre mots devenus le slogan officieux des supporters anglais, qui le scandent à répétition à chaque compétition internationale des Three Lions, ne sont toujours pas devenus une réalité. L’équipe d’Angleterre a une nouvelle fois échoué dans sa quête de titre, battue par l’Espagne (2-1). 58 ans après leur unique médaille d’or majeure, celle de la Coupe du monde 1966 glanée par les frères Charlton, Bobby Moore, Gordon Banks, Geoffrey Hurst et les autres, les Three Lions sont toujours maudits.

      Harry Kane n’a toujours rien gagné, ni en club, ni en sélection

      58 ans et 21 compétitions majeures auxquelles les Three Lions ont pris part sans en remporter la moindre (11 Euros, 11 Coupes du monde). Gareth Southgate, le sélectionneur très contesté, Bukayo Saka, tireur malheureux aux tirs au but de la finale de 2021, mais aussi Declan Rice, Jude Bellingham, Kyle Walker, John Stones, Jordan Pickford, Phil Foden... et évidemment Harry Kane, espéraient briser le sort qui s’acharne sur la sélection nationale. En vain. Kane, le meilleur buteur de l’histoire de la sélection (66 buts), inlassablement moqué pour n’avoir jamais soulevé le moindre trophée en carrière bien qu’il soit l’un des meilleurs attaquants de sa génération, n’y arrive décidément pas.

      Après cette finale perdue à Wembley il y a quatre ans devant une inattendue équipe d’Italie, aux tirs au but qui plus est, cette nouvelle désillusion, malgré une génération exceptionnelle, risque de laisser des traces. Pourtant, cette fois, les planètes semblaient alignées. L’Angleterre avait réussi à briser la malédiction de la séance fatidique qui fait la part belle aux gardiens en écartant la Suisse aux tirs au but en quart de finale. Un exercice qui ne leur réussit presque jamais : Coupes du monde 1990, 1998 et 2006, Euros 1996, 2004, 2012 et donc 2020. Mais pour cette édition 2024, pas de prolongation pour les Anglais, c’est dans le cours du jeu que Bellingham et ses coéquipiers ont été dépassés.

      La guigne jusqu’à quand ?

      Coupes du monde et Euros confondus, l’Espagne en est donc à sept éliminations en quarts de finale, quatre en demies (1968, 1990, 1996, 2018) et donc deux finales consécutives perdues (2020, 2024). Si son championnat domine sans conteste l’Europe du football en termes de jeu, de talents, de qualités et de revenus, cette hégémonie refuse de se transposer à la sélection nationale. Gareth Southgate qui façonne, depuis 2016, un groupe qu’il a éduqué à la gagne, n’y arrive pas. En dehors de la France, l’Angleterre a sans doute été l’équipe la plus critiquée sur son fond de jeu dans ce championnat d’Europe. Et pas sûr que cette finale fasse faire taire les détracteurs du sélectionneur.

      Las d’avoir laissé à l’Allemagne, à l’Italie, à la France, à l’Espagne, au Brésil et à l’Argentine tous les honneurs depuis 60 ans, l’Angleterre va devoir se remettre en question. Le pays qui a offert le football au monde ne s’octroie toujours pas le droit d’en récolter un peu les honneurs et les lauriers. Nul doute que les paroles des Lightning Seeds se feront rares ces prochains jours dans les rues d’Angleterre. Quant aux supporters, ils continueront à se demander combien d’années encore ils attendront avant de célébrer enfin.