Pays-Bas - Turquie : crise diplomatique, tribunes bouillantes, match ouvert… ce quart promet d’être chaud

Les Néerlandais défient ce samedi (21 heures) les Turcs en quart de finale de l’Euro à Berlin, dans un climat tendu et sur fond de passion, après la suspension du joueur Demiral pour sa célébration controversée de mardi.

Face aux Pays-Bas en quart de finale, l'équipe de Turquie bénéficiera du soutien massif au stade olympique de Berlin. Icon Sport/Bagu Blanco
Face aux Pays-Bas en quart de finale, l'équipe de Turquie bénéficiera du soutien massif au stade olympique de Berlin. Icon Sport/Bagu Blanco

    Entre orange ou rouge, difficile de trancher quant à l’issue du quart de finale de l’Euro, Pays-Bas - Turquie, avec le Français Clément Turpin au sifflet, qui s’avance ce samedi (21 heures) à Berlin. Sur le terrain, l’envie sera de part et d’autre grande, sachant que chacune de ces nations n’a plus atteint ce stade de la compétition dans un Championnat d’Europe depuis 2008.

    Qualifiés respectivement face à la Roumanie (3-0) et l’Autriche (2-1), les Pays-Bas et la Turquie ont soufflé le chaud et le froid depuis le début de l’épreuve. Il s’agit de leur première confrontation dans un tournoi majeur. La dernière entre les deux pays remonte à septembre 2021, à l’occasion des éliminatoires au Mondial 2022, les Bataves s’étant inclinés 4-2 à Istanbul à l’aller avant de signer un succès marquant (6-1) à Amsterdam.

    Dans les tribunes, il est déjà prévisible que le stade olympique, 75 000 places, sera rapidement porté à ébullition. L’armée orange des Néerlandais, l’organisation pacifique et festive de supporters la plus impressionnante numériquement depuis le début du tournoi, pourrait être engloutie par un stade rouge vif, presque entièrement garni de fans turcs, issus de la diaspora et « jouant » presque à domicile dans la capitale allemande.

    En coulisses, le feu couve également. Une crise diplomatique entre l’Allemagne et la Turquie est née depuis la célébration controversée du Turc Merih Demiral, auteur du doublé lors de la victoire 2-1 face à l’Autriche en 8e de finale à Leipzig mardi dernier.

    Le défenseur a fait de la main le signe des « Loups gris », un groupe d’extrême droite turque connectée à l’AKP, le parti présidentiel. Les autorités allemandes ont condamné ce geste mais Demiral a été soutenu dans son pays. Ankara a convoqué l’ambassadeur d’Allemagne, Berlin a fait de même…

    L’enquête diligentée mercredi par l’UEFA a finalement valu deux matchs de suspension à Demiral, pour « avoir utilisé des événements sportifs pour des manifestations à caractère non sportif ». « Le symbole des extrémistes de droite turcs n’a rien à faire dans nos stades », a estimé Nancy Faeser, la ministre allemande de l’Intérieur.

    Le président turc Recep Tayyip Erdogan n’avait pas réagi directement, mais le porte-parole de son parti a dénoncé l’action de l’UEFA et la réaction de la ministre allemande. Rappelant que l’Allemagne n’a pas interdit le symbole des « Loups gris », le ministère turc des Affaires étrangères a notamment vilipendé « les réactions politiquement motivées » et « en soi, xénophobes, des autorités allemandes envers M. Demiral ». Par la voix de son ministre des sports Osman Askin Bak, la Turquie a par ailleurs condamné « la sanction injuste » infligée à Demiral. Dans ce contexte tendu, Erdogan a décidé malgré tout d’être présent à la rencontre ce samedi soir.



    Indépendamment de la crainte de débordements, il est vrai que la fête promet d’être belle. L’Allemagne abrite la plus large diaspora turque d’Europe, principalement composée de descendants de travailleurs immigrés. Près de 200 000 personnes d’origine turque vivent aujourd’hui dans la capitale, soit 6 % de sa population.

    Les relations entre Ankara et Berlin ont toujours été difficiles, l’Allemagne critiquant la répression exercée par Erdogan à l’encontre des dissidents, tout en reconnaissant qu’il est nécessaire de collaborer avec la Turquie sur des problématiques communes de sécurité ou d’immigration. Le football, en particulier, est régulièrement sujet à controverses entre les deux pays, comme lorsque l’ancien milieu de terrain allemand Mesut Özil avait été photographié avec Erdogan. Le soutien de nombreux Turcs allemands à leur équipe de cœur est souvent critiqué, alors que la Mannschaft compte dans ses rangs plusieurs joueurs d’origine turque, comme son capitaine Ilkay Gündogan. Mais c’est au terrain de livrer ses réponses désormais.