DAZN, BeIN et maintenant la surprise Warner Bros… « Panique à bord » autour des droits TV de la Ligue 1

Pas d’accord ce vendredi au terme du conseil d’administration de la LFP. Alors que DAZN a formulé une nouvelle offre de 375 millions d’euros par an en moyenne, Warner Bros se propose désormais d’accueillir la chaîne de la Ligue via un abonnement à 27,90 euros. Les présidents de Ligue 1 se réuniront samedi… avec le secret espoir qu’entretemps, BeIN Sports vienne à la rescousse.

La plateforme britannique, créé en 2015 et déjà implantée dans plusieurs championnats étrangers, fait une entrée massive dans le football français. Icon Sport
La plateforme britannique, créé en 2015 et déjà implantée dans plusieurs championnats étrangers, fait une entrée massive dans le football français. Icon Sport

    À 42 jours de la reprise de la Ligue 1, toujours pas de fumée blanche au siège de la LFP. « On a même passé un cap en termes de panique à bord », résumé un participant du conseil d’administration organisé ce vendredi midi à la LFP. Il est vrai que le feuilleton n’est pas seulement interminable, il est aussi de plus en plus difficile à suivre. Ce que le président du PSG Nasser Al-Khelaïfi a tenu à souligner, visiblement agacé par ce statu quo et la présentation des différentes options.

    Pour simplifier, trois dossiers sont sur la table. Tentons de les résumer sachant que ce samedi après-midi, les présidents de Ligue 1 vont se réunir en urgence pour justement tenter de valider une position commune.

    Solution numéro 1 : DAZN et sa troisième offre

    Dix mois après le lancement des négociations, un seul acteur a officiellement sorti son carnet de chèques pour acquérir les droits du Championnat de France. C’est DAZN. La plateforme britannique, déjà présente à l’étranger (Serie A en Italie, Bundesliga en Allemagne et Liga en Espagne), en est maintenant à sa troisième proposition. Elle s’élevait à 500 millions d’euros annuels en décembre, 400 en juin. Elle est aujourd’hui tombée à 375 en moyenne (de 300 la saison prochaine à 500 en 2028-2029). Pour rappel, les droits TV domestiques valent actuellement 683 millions d’euros via l’alliage Amazon Prime-Canal +.



    Selon les informations de RMC, que nous sommes en mesure de confirmer, l’entreprise de streaming souhaite acquérir huit des neuf matchs de chaque journée, dont les dix meilleures affiches. Un bonus de 50 millions pourrait être activé si la barre des deux millions d’abonnés est atteinte, ce qui n’a rien d’évident. Détail important : la Ligue financerait elle-même les frais de production via sa société commerciale LFP Media.

    Vincent Labrune et ses équipes ont fait preuve de transparence et émis un avis clairement défavorable quant à cette option. Pour eux, « les garanties financières sont très précaires », dit un participant. Le cauchemar Mediapro en 2020 hante encore les esprits. Le groupe réfute totalement cet argument. Il estime avoir les reins assez solides pour faire de la Ligue 1 un produit de qualité sans se brûler les ailes.

    Solution numéro deux : une chaîne LFP diffusée par Warner Bros

    On ne l’avait pas vu venir. La Ligue a présenté ce vendredi un projet jusqu’ici resté confidentiel. Il ferait de Warner Bros Discovery (maison mère d’Eurosport) un canal de diffusion non-exclusive pour sa chaîne 100 % L1. Le groupe américain lance actuellement en fanfare une nouvelle plateforme, appelée « Max ». Pour 27,90 euros par mois, les téléspectateurs auraient accès à la totalité des rencontres chaque week-end et à l’ensemble du catalogue de Warner, qui héberge notamment les séries HBO.



    Les rentrées d’argent dépendraient du nombre d’abonnés recrutés puisque aucun minimum garanti n’est fixé par Warner Bros. Des recettes à hauteur de 600 millions d’euros par an à terme ont été évoquées mais sans certitude sur l’arrivée de cash à court terme. Attention, cette proposition ne sera pas éternelle. Le temps presse puisque la campagne de promotion de « Max » en France ne va pas tarder à démarrer.

    Solution numéro trois : BeIN Sports

    Vincent Labrune ne le cache pas, il s’agit de son plan idéal. Ces dernières heures encore, il se pensait proche d’un accord avec le groupe qatari. Mais aucune offre n’est arrivée. Nasser Al-Khelaïfi, président du PSG et de BeIN Media Group, était présent par téléphone depuis Londres. Il aurait subtilement demandé un peu de temps. Ce qui objectivement manque cruellement aux décideurs. Patienter, c’est prendre le risque de perdre et Warner et DAZN.



    Ce samedi, la réunion en urgence du collège de Ligue 1 s’annonce aussi cruciale que tendue. Les divergences risquent de se faire de plus en plus claires entre grosses et petites écuries. Si les premières pourraient limiter la casse grâce à un apport de leur actionnaire et la hausse en parallèle des droits internationaux - quasi exclusivement réservés aux clubs européens -, l’inquiétude est plus palpable du côté du ventre mou et des promus. Sans parler du fait que personne ou presque ne peut lancer son mercato.

    La baisse s’avérera d’autant plus conséquente après la ponction par le fonds d’investissement CVC de 20 % de la note. Le groupe, entré dans le capital à hauteur de 1,5 milliard d’euros en 2022 contre 13 % des recettes, avait accepté de décaler le retour sur investissement. Il va commencer à se rembourser cette saison.

    L’union sacrée s’étiole

    Vincent Labrune paraît lui de plus en plus isolé. Plusieurs présidents présentés comme des soutiens de la première heure (Waldemar Kita du FC Nantes, Jean-Pierre Rivère de l’OGC Nice, Jean-Pierre Caillot du Stade de Reims et Laurent Nicollin du Montpellier HSC) ont fait part de leur vive inquiétude. Ils se sentent acculés au bord de la falaise, sans prise sur leur destin. Un discours qui interpelle certains membres indépendants, pour qui les risques sont connus de tous depuis longtemps.

    Le vice-président du syndicat Foot Unis Bernard Joannin, joint par téléphone, veut croire à un dénouement en début de semaine prochaine. Les présidents de Ligue 1 étant majoritaires au sein de la gouvernance du conseil d’administration, s’ils trouvent un accord ce samedi, le dossier pourrait en effet s’accélérer.