En Formule 1, l’écurie Mercedes touchée par le «blue screen of death» au Grand Prix de Hongrie. L’image prête à sourire. Dans les stands de l’équipe allemande, deux membres du staff, dont on devine l’air dépité, font face au terrible écran bleu causé par la panne internationale de Microsoft . En conférence de presse, l’ingénieur Mercedes a assuré que l’événement, bien que contraignant, n’a pas été lourd de conséquences : heureusement, le problème intervient un vendredi, jour des essais libres. «Ca a demandé un peu de travail, mais c’est réglé.» Difficile de se montrer trop critique, CrowdStrike, l’entreprise à l’origine de la panne, sponsorise l’écurie - et apparaît même sur le dos de ses maillots.

Pierre Ducrozet sur la panne mondiale : «Enfin, on s’arrête et on relève le nez»

Des panneaux publicitaires de Times Square virent au bleu avant de s’éteindre. Le temple de la publicité américain n’a pas été épargné par la panne informatique mondiale. Parmi la centaine d’écrans diffusant continuellement des spots ultra colorés pour le dernier film ou téléphone à la vente, quelques panneaux led ont affiché le fameux «blue screen of death» au beau milieu de la nuit. Visibles pendant un moment sur les webcams diffusant en direct l’une des places les plus connues de la Grosse Pomme, ces carrés bleus sont finalement devenus noirs. Bien que moins impressionnantes que le Black Out qui avait plongé Times Square dans le noir en juillet 2019, ces images assez rares ont été diffusées par The Straits Times.

Le ministère des Armées affirme ne pas être touché par la panne. Le sujet avait été mis sur la table par Jean-Luc Mélenchon dans la matinée. Le leader des Insoumis s’inquiétait que «Microsoft équipe des armes françaises et le ministère de la Défense». «Tout va bien ? Vous comprenez enfin ce que veut dire indépendance nationale et souveraineté ?» «Tout va bien», répond en quelque sorte le ministère des Armées. «Le ministère des Armées n’est ni impacté sur ses opérations, ni sur les réseaux de travail quotidien de ses agents», explique-t-il dans un communiqué. «Le ministère des Armées n’utilise pas la solution CrowdStrike pour ses réseaux. Il n’est donc pas affecté par cette panne.»

Tout tourne de nouveau rond aux JO de Paris. Les activités «ont repris normalement» cet après-midi au sein de l’organisation des JO de Paris, qui a subi des perturbations pendant plusieurs heures dues à la panne informatique mondiale, ont annoncé les organisateurs. «En conséquence les centres des accréditations ont pu reprendre leurs opérations», a précisé le Comité organisateur des Jeux (COJO), ajoutant que le centre de distribution des uniformes avait également «rouvert ses portes». Ces deux activités ont été affectées quelques heures par la panne.

Des banques affectées par la panne en Afrique du Sud. Capitec, la plus grande banque sudafricaine, a subi «des problèmes de système à l’échelle nationale après une série de problèmes techniques» causés par la panne informatique mondiale de CrowdStrike, rapporte le média américain Bloomberg. Idem du côté de la banque Absa, avec des problèmes de «fonctionnalité dans l’application». Cette a toutefois précisé quelques heures plus tard que «l’accès a été rétabli» et «le problème technique lié à la panne mondiale résolu». Sur son compte X, Capitec a également rassuré ses clients : «tous nos services sont désormais de nouveau opérationnels», a acté la banque.

Pas de cataclysme à Wall Street. La Bourse de New York a ouvert en petite baisse, soupesant l’impact de la panne informatique géante. Le Dow Jones cédait 0,5%, le Nasdaq, à dominante technologique, stagnait (-0,01%) et le S&P 500 cédait 0,05% vers 16h25 (heure française). Les actions du Dow Jones étaient ébranlées par «des perturbations techniques généralisées risquant d’intensifier le recul des valeurs technologiques», a commenté Art Hogan de B. Riley Wealth Management. Jeudi, Wall Street avait conclu en nette baisse, pour la deuxième séance de suite pour le secteur technologique. L’indice Dow Jones avait lâché 1,29%, le Nasdaq avait reculé de 0,70% et le S&P 500 de 0,78%.

De Palerme à Alicante, «je ne sais pas si les autres voyageurs vont pouvoir partir ». Andrea, 20 ans, qui s’est levé à 2 heures du matin pour attraper son vol à l’aéroport de Bruxelles, Delphine, en partance pour Lisbonne mais bloquée à Orly… Des milliers de passagers sont affectés par la panne géante de ce vendredi 19 juillet, qui complique notamment l’enregistrement dans certains aéroports. Libération a pu échanger avec des voyageurs bloqués en transit. Nos témoignages.

Dans l’aéroport de New Delhi, «tout le monde est désemparé». Subhash, 34 ans, était impatient de rentrer chez lui, à Bangalore, après une «longue semaine» de travail et de rendez-vous professionnels. Mais c’était sans compter sur l’immense file qui l’attendait devant l’aéroport de New Delhi. «En Inde, certains aéroports utilisent un outil de reconnaissance faciale pour pouvoir entrer. Mais comme le système ne marchait pas, la sécurité a dû vérifier chaque voyageur manuellement», raconte le trentenaire. Résultat : la file s’allonge, et l’avion décolle finalement, sans lui. «Plein de passagers l’ont raté. Et quand je suis finalement entré dans l’aéroport, j’ai demandé au personnel de réserver un nouveau vol, mais je ne pouvais pas effectuer le paiement car ce système était lui aussi en panne, ni réserver en ligne», poursuit Subhash, qui précise que de nombreux vols sont retardés ou annulés. Après plusieurs heures d’attente, il réussit finalement à obtenir des billets, pour un vol prévu dans la soirée. «Maintenant, j’attends encore ma carte d’embarquement. Mais je n’avais jamais rien vu de pareil. L’aéroport est bondé. Il y a des écrans bleus partout, on n’arrive pas à voir les heures des vols. Les voyageurs comme le personnel, on ne sait pas quoi faire. Tout le monde est désemparé.»

Les hôpitaux français épargnés par la panne. Interrogé par Libération, le président de Fédération des Hôpitaux de France, Arnaud Robinet, confirme que «les hôpitaux ne sont pas touchés par la panne» sauf sur des aspects mineurs, comme «la reconnaissance vocale». En parallèle, le ministère de la Santé précise à l’AFP que «les autorités sanitaires restent mobilisées et vigilantes à l’évolution de la situation» mais «qu’un nombre limité d’établissements et acteurs du système de santé déclarent des dysfonctionnements légers sans conséquence sur la continuité des soins». Contrairement à la France, plusieurs hôpitaux néerlandais ont signalé être touchés par la panne, entraînant la fermeture d’un service d’urgences et le report d’opérations.

Pas de «grand bazar» dans les aéroports parisiens. Dans les aéroports parisiens, tout devrait bientôt «rentrer dans l’ordre», annonce Aéroports de Paris au Parisien. «Nous n’avons pas le logiciel en question. À dessein, parce que nous ne voulions justement pas être dépendants des Américains en cas de problème», précise-t-on. Ce sont principalement des compagnies états-uniennes, comme American Airlines ou Delta, qui ont été affectées, explique-t-on encore, ce qui a provoqué des difficultés à l’enregistrement, «ce qui a pu occasionner des retards. Mais il n’y a pas eu d’annulations de vol en série, ni de grand bazar».

Près de 40 vols de Transavia France annulés. La compagnie à bas coûts du groupe Air France-KLM «confirme qu’en raison d’une panne informatique mondiale affectant notamment plusieurs compagnies aériennes et aéroports dans le monde, ses opérations sont perturbées. Des retards et annulations sont à prévoir », a précisé l’entreprise sur son site internet, en détaillant 38 liaisons annulées, en pleine période de pointe estivale. Sont concernés notamment des vols depuis ou vers Paris-Orly, Berlin, Nantes, Cagliari, Tanger ou encore Tirana.

Les avions atterrissent de nouveau à Zurich. Le plus gros aéroport de Suisse accueille de nouveau des appareils. Depuis la mi-journée, les avions peuvent de nouveau atterrir à Zurich, même si la panne informatique mondiale entraînant toutefois de nombreux retards et annulations de vols. «Les restrictions de capacité ont été levées avec effet immédiat», a annoncé dans un communiqué Skyguide, qui gère la navigation aérienne en Suisse et avait imposé des restrictions de 30% dans la matinée pour les vols de transit par mesure de précaution.

Le boss de CrowdStrike s’excuse pour le zbeul mondial. «Nous sommes profondément désolés pour les désagréments que nous avons causé aux clients, aux voyageurs, à tous ceux qui ont été affectés par ce problème, y compris notre entreprise», a déclaré George Kurtz, le PDG de l’entreprise de cybersécurité CrowdStrike, sur l’émission «Today» de la chaîne américain NBC News, à la mi-journée. La panne provient d’une mise à jour liée à l’antivirus proposé par le groupe américain CrowdStrike, affectant Windows et un grand nombre de ses utilisateurs. Selon George Kurtz, «de nombreux clients sont en train de redémarrer le système, qui est en train de se rétablir et qui sera opérationnel». «Cela pourrait prendre un certain temps pour certains systèmes qui ne se rétablissent pas automatiquement», a-t-il ajouté, promettant que CrowdStrike «s’assurera que chaque client est entièrement rétabli».

Des services des urgences en rade dans plusieurs Etats américains. La police de l’Alaska a déclaré sur Facebook que les services d’appels d’urgence et de non-urgence sont interrompus dans tout l’État, en raison de la panne informatique mondiale. Les services d’urgence du New Hampshire et de l’Ohio ont aussi publié des messages similaires.

En Amérique du sud aussi on prend ses dispositions. La compagnie aérienne chilienne Latam Airlines a annoncé ce vendredi en début d’après-midi que ses vols pourraient subir des retards en raison de la panne informatique mondiale. L’entreprise recommande à ses voyageurs de vérifier l’état de leurs billets d’avions en prévention.

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A l’aéroport de Lyon-Saint-Exupéry, «on fait désormais tout en manuel, ce qui prend un temps fou». C’est vers 7 h 30 ce matin que Pauline (le prénom a été modifié), 28 ans, a appris la nouvelle. «En plein embarquement Transavia, on s’est rendus compte que le système ne fonctionnait plus», témoigne l’agent d’escale, qui travaille pour Alyzia, une entreprise de sous-traitance pour les compagnies aériennes à l’aéroport de Lyon-Saint-Exupéry. «Au début, on a cru que le problème venait de Transavia, mais depuis, la plupart de nos systèmes d’enregistrement sont down.» Résultat : comme le veut la procédure, «on fait désormais tout en manuel, ce qui prend un temps fou. Absolument tous nos vols sont retardés, ce qui impactera la journée complète», déplore Pauline. Autour d’elle, «les voyageurs semblent inquiets» face au risque de voir leur vol annulé, ou de rater leur avion. «Mais ils comprennent aussi la situation et qu’on essaie de faire au mieux», poursuit l’agent d’escale. Avant d’insister : «Une longue et difficile journée nous attend.»

«Pour accueillir les athlètes, pour délivrer les accréditations… ça ralentit nos opérations sur le terrain», explique Tony Estanguet, patron des Jeux.

Un bug d’une ampleur inédite depuis au moins sept ans. Pour mesurer la gravité de la panne informatique en cours, plusieurs experts informatiques renvoient au précédent WannaCry, en mai 2017. A la différence qu’il s’agissait cette fois d’une cyberattaque. Ce virus de fabrication nord-coréenne - un ransomware, ou logiciel de rançon - s’était introduit par le biais d’une faille de sécurité de Microsoft, et avait affecté 300 000 ordinateurs à travers 150 pays. De nombreux hôpitaux britanniques avaient notamment été touchés. En France, l’entreprise Renault avait fait partie des victimes, entraînant notamment des arrêts de production de véhicules.

Les services bancaires ne sont pas épargnés. Les applications de plusieurs banques ont été affectées dans le monde. La Bank of the Philippine Islands, Metrobank ou encore Union Bank, ont communiqué sur des soucis concernant leurs services en ligne, des retards de virement, etc. D’autres établissements sont concernés en Australie ou encore la banque en ligne Sense Bank. La Deniz Bank, en Turquie, a aussi signalé des perturbations à ses clients.

Aucun dysfonctionnement des systèmes Microsoft n’a été signalé en Russie. «Pour le moment, le ministère du Développement numérique n’a reçu aucun rapport faisant état de pannes de systèmes dans les aéroports russes», a rapporté l’agence de presse Tass en citant le service de presse du ministère. En mars dernier, Microsoft avait annoncé la suspension de l’accès à ses services cloud en Russie en raison des sanctions européennes. Les deux aéroports internationaux à Moscou, Domodedovo et Cheremetievo, ont annoncé à Tass qu’il n’y avait aucune perturbation pour le moment. «La panne n’a pas affecté l’aéroport de Domodedovo. Si elle affecte les partenaires de l’aéroport, l’aéroport de Domodedovo est prêt à proposer un système d’enregistrement Astra de secours, entièrement russe», a indiqué le service presse de l’aéroport. «Les vols de départ et d’arrivée des compagnies aériennes russes et étrangères sont effectués comme prévu», a ajouté Anna Zakharevkova, cheffe de la direction des relations publiques de l’aéroport de Cheremetievo.

Plus d’un millier de vols déjà annulés à travers le monde. Selon la société d’analyse aéronautique Cirium, citée par la BBC, 1 078 vols ont été supprimés à cette heure dans les nombreux pays affectés par la panne informatique. Et ce chiffre va aller crescendo, du fait des répercussions en série dans les aéroports, de Sydney à Zurich, en passant par Hong Kong, Dehli, Singapour ou encore Berlin et Amsterdam. Les systèmes informatiques du groupe Aéroports de Paris sont épargnés, mais la panne a «un impact sur les opérations des compagnies aériennes concernées à Paris-Charles de Gaulle et Paris-Orly», a précisé l’entreprise.

«Microsoft détient une sorte de monopole sur le marché, s’il y a un problème chez eux, ce serait une catastrophe.» Andréa, 20 ans, a embarqué avec la compagnie TUI depuis Bruxelles. Il doit se rendre à Palerme, avec une escale à Naples, où il est actuellement bloqué. «D’abord, nous sommes restés deux heures dans l’avion et on nous a fait descendre et remonter deux fois. La première fois, ils n’étaient pas sûrs de ce qui se passait et ils nous ont fait rester sur le tarmac à côté de l’avion. La deuxième fois, ils nous ont fait prendre une navette vers le terminal, raconte-t-il à Libération. Ils nous ont dit que c’était un problème logiciel mais ce n’est qu’en allant sur Twitter que j’ai vu que c’était un problème général. Les gens ont un peu râlé et se sont posé beaucoup de questions à cause du manque de communication de la compagnie. On nous avait dit qu’on nous donnerait une petite compensation pour manger à midi… On n’a toujours rien eu.» Au début, l’étudiant belgo-italien était «plutôt énervé car je me suis levé à 2h du matin pour partir et arriver tôt à destination, et là je me suis retrouvé à attendre…» Avant de relativiser : «Les hôpitaux sont aussi touchés, ce qui est bien plus grave. C’est toujours impressionnant quand on voit une panne mondiale. On s’imagine toujours quelque chose de très grave. Surtout que Microsoft détient une sorte de monopole sur le marché, s’il y a un problème chez eux, ce serait une catastrophe.» Pour l’heure, il est toujours bloqué à Naples, et attend des nouvelles (et une collation) de la compagnie aérienne. Par Louis Deroo.

Les pays affectés par la panne Microsoft à travers le monde. De nombreux Etats à l’international subissent ce vendredi les conséquences de la panne informatique mondiale de Microsoft. Plusieurs bourses se sont réveillées en urgence et ont accusé un léger recul, dont celle de Paris, de Londres, de Milan, de Francfort ou encore de Hong Kong. Des aéroports ont aussi été touchés : en Espagne et en Inde, les passagers sont enregistrés à la main, quand un panneau d’affichage noir accueille ceux de l’aéroport Berlin Brandenburg en Allemagne. Aux Emirats arabes unis, c’est le ministère des Affaires étrangères qui a vu son système électronique perturbé. En Ukraine, la Sense Bank et l’opérateur de téléphonie Vodafone ont signalé des problèmes, qui semblent toutefois avoir été rapidement résolus. Des McDonald’s au Japon n’ont pas eu cette chance, 30 % ayant été contraints de fermer leurs portes à cause d’une panne de système. Plusieurs médias ont aussi été mis en difficulté, dont TF1 et CNEWS en France, ou Sky News chez nos confrères britanniques. A Paris, l’organisation des Jeux olympiques n’a pas été épargnée, pas plus que le parc d’attractions Disneyland Paris.

CrowdStrike a identifié le problème et déployé un correctif. George Kurtz ne doit pas se sentir très bien aujourd’hui. Le PDG de la société spécialisée en cybersécurité CrowdStrike s’est exprimé sur X pour dire que sa société «travaille activement avec les clients touchés par un défaut trouvé dans une seule mise à jour de contenu pour les hôtes Windows. Les hôtes Mac et Linux ne sont pas concernés. Il ne s’agit pas d’un incident de sécurité ou d’une cyberattaque». Il affirme même que «le problème a été identifié, isolé et un correctif déployé». Une annonce qui ne signe pas la fin de l’histoire. Si leur correctif va éviter que de nouvelles machines tombent en rade en installant la dernière mise à jour, il ne va pas pouvoir réparer les ordinateurs plantés en mode «écran bleu de la mort». Pour eux, un redémarrage à la main par une personne possédant les droits administrateurs est obligatoire. Cela peut prendre un peu de temps…

Mélenchon s’inquiète pour l’«indépendance nationale» et la «souveraineté» de l’armée française. Jean-Luc Mélenchon a réagi sur X : «Microsoft équipe des armes françaises et le ministère de la Défense. Tout va bien ? Vous comprenez enfin ce que veut dire indépendance nationale et souveraineté ?»

La compagnie aérienne American Airlines annonce la reprise de ses opérations. La compagnie aérienne américaine American Airlines a annoncé vendredi la reprise de ses opérations, affectées par la panne mondiale des systèmes informatiques. «Plus tôt ce matin, un problème technique avec un fournisseur a affecté plusieurs transporteurs, y compris American. A partir de 5 heures, nous avons été en mesure de rétablir nos opérations en toute sécurité», a annoncé la compagnie dans un message sur X.

L’action de CrowdStrike, mis en cause dans la panne informatique, chute de 17 % dans les échanges précédant l’ouverture de Wall Street. L’action du groupe américain de cybersécurité CrowdStrike, mis en cause dans la panne informatique mondiale, chute de près de 17 % vendredi vers 10 heures GMT dans les échanges électroniques précédant l’ouverture de la Bourse de New York. Une panne informatique paralyse de nombreuses entreprises partout dans le monde : compagnies aériennes, aéroports, banques, médias et hôpitaux ont rapporté des perturbations. Selon Oleg Gorokhovsky, fondateur de la banque en ligne ukrainienne Monobank, la panne est «liée à une interaction entre l’antivirus Crowdstrike et Windows», un service du géant technologique américain Microsoft.

Panne informatique oblige, les lecteurs de cartes bleues du Royaume-Uni sont en carafe. L’habitude se perd mais certains vendeurs britanniques ont commencé a placardé des petites affichettes sur leurs devantures : «Cash Only.» Les TPE de l’enseigne de supermarché «Waitrose» sont également inutilisables. Certains clients, un peu alarmistes, se plaignent d’un «chaos absolu» aux caisses qui a fait «décongeler les fèves d’edamame».

Que faire si vous êtes face à un écran bleu ? On l’appelle l’écran bleu de la mort (blue screen of death). Si vous êtes devant, vous vous sentez probablement désemparé. Rassurez-vous, une manipulation existe pour s’en sortir. Elle a été publiée sur X par l’un des directeurs de CrowdStrike, la société de cybersécurité à l’origine du bug. Il faut juste avoir les droits administrateurs sur son ordinateur. Suivez les 4 opérations suivantes :

1- Redémarrage en mode sans échec en appuyant sur la touche F4 au moment du redémarrage.

2- Ouvrir le dossier suivant : C :\Windows\System32\drivers\CrowdStrike

3- Trouver et supprimer le fichier dont le nom commence par «C-00000291″et termine par «.sys»

4- Redémarrer normalement l’ordinateur.

La panne fait des heureux. Sans Microsoft, pas de boulot. Pas de boulot, départ en week-end plus tôt. Ils sont nombreux sur les réseaux sociaux à remercier Microsoft de leur offrir un jour off.

A l’aéroport d’Alicante : «Je ne sais pas si les autres voyageurs vont pouvoir partir.» Enfin assis dans l’avion après avoir attendu près de deux heures pour embarquer, Jacques, 48 ans, s’estime «chanceux». Parti en vacances à Alicante avec ses deux enfants, ce père de famille est arrivé tôt ce matin à l’aéroport espagnol, pour son vol retour vers Bruxelles. «Mais dès notre arrivée, le personnel nous a expliqué qu’il y avait une panne, et que ce n’était pas sûr qu’on puisse partir», raconte-t-il à Libération. Face à la situation, pas le choix : le check-in se fait à la main. «Forcément, c’était beaucoup plus lent», admet Jacques, qui refuse toutefois de se plaindre. «Dans l’aéroport, j’ai vu que la file de mon avion était la seule qui avançait. Je ne sais pas si les autres voyageurs vont pouvoir partir. Sauf qu’à Alicante en juillet, ça ne va pas être facile de trouver des chambres d’hôtel…», poursuit-il au téléphone. En fond, une annonce interrompt son récit : «Veuillez mettre vos ceintures de sécurité.» «Oh, je pense qu’on va pouvoir partir ! Je vous rappelle si c’est une fausse alerte», s’amuse Jacques, avant de raccrocher.

Thé ou café ? Chez nos confrères britanniques, c’est l’heure de la pause. Touchés par la panne informatique depuis ce matin, les journalistes présentateurs de la chaîne britannique Sky News attendent patiemment de pouvoir reprendre l’antenne… quand celle-ci sera rétablie.

L’arrivée de certaines délégations olympiques perturbée. Le comité d’organisation des JO a fait savoir que ses activités informatiques étaient touchées par la panne mais précise que les services de billetterie, eux, «ne sont pas impactés». Dans un communiqué, Paris 2024 ajoute que «les opérations concernant le montage des sites (olympiques) continuent normalement, sans risque sur les délais» à une semaine de la cérémonie d’ouverture. En revanche, l’arrivée des délégations nationales au village olympique, qui a ouvert jeudi, semble affectée en raison des suspensions de vol de nombreuses compagnies aériennes. «L’incident technique ne concerne pas les activités de notre partenaire Aéroports de Paris. L’impact sur les activités de certains compagnies aériennes perturbe cependant l’arrivée de quelques délégations à Paris», poursuit le communiqué. Au Cojo, on a ouvert des boucles de messages avec les délégations pour «assurer leur accueil dans les meilleures conditions». Le système d’accréditation est altéré empêchant certaines personnes de retirer leur badge, a indiqué à l’AFP une source au sein du comité d’organisation.

Les systèmes informatiques d’ADP épargnés, les aéroports parisiens quand même concernés. La panne informatique mondiale qui affecte notamment le trafic aérien épargne les systèmes informatiques du groupe ADP, gestionnaire des aéroports parisiens, mais engendre tout de même des perturbations, indique l’entreprise à l’AFP. La situation a «un impact sur les opérations des compagnies aériennes concernées à Paris-Charles de Gaulle et Paris-Orly : ralentissement des enregistrements, retards et suspension temporaire de certains programmes de vols», indique le groupe ADP, qui mobilise ses équipes «pour orienter et assister les passagers sur place».

Disneyland Paris aussi est touché. Et soudain, plus d’écrans. Le parc d’attractions situé à l’est de la capitale n’échappe pas à la panne des services de Microsoft. Avec un grand écran bleu barré de la mention «Recovery», devant les attractions, la magie opère moins.

Des médias français affectés mais pas «Libé». Ce matin les téléspectateurs de TF1 ont bien vu que la chaîne était affectée par la panne en cours. Les équipes de la matinale de la chaîne, «Bonjour !», parlent d’une «gigantesque panne en régie», qui empêche par exemple d’afficher les cartes météo ou les génériques. Dans leur live sur cette actualité, nos confrères du Figaro précisent que «plusieurs journalistes ne peuvent accéder au système interne» et que CNEWS a des difficultés à passer des bandeaux à l’écran. A Libération, par contre, tout va bien. Notre service informatique a en effet décidé de toujours patienter avant d’implémenter une nouvelle mise à jour. Pour éviter ce genre de situation. Bravo à eux.

«Aucun élément en l’état» ne laisse penser à une «cyberattaque» L’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi) a détaillé ce matin à l’AFP qu’ «aucun élément en l’état» ne laisse penser que la panne informatique serait une «cyberattaque». «L’Anssi a été informée (vendredi) matin de la panne informatique affectant de nombreuses entités dans le monde. Les équipes sont pleinement mobilisées pour identifier et appuyer les entités affectées en France et comprendre, en lien avec les éditeurs concernés, l’origine de cette panne. Aucun élément en l’état ne donne à penser que cette panne soit le résultat d’une cyberattaque», a-t-elle indiqué dans un communiqué transmis à l’AFP. Outre-Manche, une source de sécurité du gouvernement britannique a également confié à Reuters que cette panne n’était pas considérée comme un problème de sécurité cybernétique.

Au Royaume-Uni, les médecins généralistes n’ont plus accès à leurs fichiers de patients et ne peuvent plus prendre de rendez-vous. Sur les réseaux sociaux, les cabinets ont signalé qu’ils ne pouvaient plus accéder au système EMIS Web, regroupant les informations médicales des patients. Le centre de santé de Wilmslow, dans le Cheshire, a écrit sur X : «Tous les cabinets médicaux du Royaume-Uni qui utilisent le système informatique Emis, commandé par le NHS, n’ont actuellement pas accès à leurs systèmes informatiques. Cette situation échappe au contrôle des cabinets médicaux. Veuillez faire preuve de patience jusqu’à ce que nos systèmes informatiques soient rétablis.»

La panne mondiale affecte l’organisation des JO de Paris. Impossible d’y échapper. Le comité d’organisation des Jeux de Paris, qui débutent dans une semaine, a fait savoir ce vendredi que ses activités informatiques étaient «impactées» par la panne Microsoft. «Paris 2024 a été informé d’un problème technique mondial impactant les logiciels de Microsoft. Cet incident impacte les activités informatiques de Paris 2024, fait savoir le service de communication. Les équipes techniques […] sont pleinement mobilisées pour limiter les impacts et nous avons activé nos plans de contingence pour assurer la poursuite de nos opérations.» Pour l’instant, pas de précisions sur l’arrivée des délégations dans les aéroports parisiens.

La gauche réagit déjà à la panne informatique, «le résultat d’un monopole abusif d’une multinationale américaine». Présente sur LCI ce matin pour parler législatives, la députée insoumise Aurélie Trouvé a réagi à la panne qui touche Microsoft et entraîne des perturbations dans le monde entier. «Ça fait très longtemps que Microsoft est accusé d’être en position de monopole abusif sur l’ensemble du système informatique mondial», souligne-t-elle, avant de dénoncer l’économie néolibérale, «où les Etats laissent faire ces multinationales». Elle s’agace du fait que l’entreprise américaine ait un «pouvoir exorbitant sur la vie de tous les jours de tout le monde sur la planète».

Plus d’atterrissage à Zurich, premier aéroport de Suisse. L’aéroport de Zurich, le plus important de Suisse, a suspendu les atterrissages jusqu’à nouvel ordre, en raison d’une panne informatique mondiale, mais les avions déjà en route pourront se poser, a-t-il indiqué dans un communiqué. «Les opérations aériennes sont restreintes : les atterrissages ne sont actuellement plus possibles. Les vols à destination de Zurich déjà en route sont toujours autorisés à atterrir», indique le communiqué, précisant que plusieurs compagnies aériennes, agents au sol et autres compagnies sont touchées par la panne de Microsoft.

Singapour : certaines compagnies aériennes perturbées. Certaines compagnies aériennes de l’aéroport de Singapour sont touchées par une panne informatique, a annoncé l’opérateur, alors que des problèmes techniques sont signalés par des opérateurs aériens dans le monde entier. «En raison d’une panne mondiale affectant les systèmes informatiques de nombreuses organisations, le processus d’enregistrement de certaines compagnies aériennes à l’aéroport de Changi est géré manuellement», a déclaré l’aéroport dans un message sur Facebook.

Le point sur les services de Microsoft toujours affectés. La société de logiciel tient à jour sur une page les services toujours touchés par la panne et ceux qui sont réparés. Selon la dernière mise à jour, les services toujours affectés sont PowerBI, Microsoft Fabric, Microsoft Teams et Microsoft 365 admin center. Les services qui marchent de nouveau sont Microsoft Defender, Microsoft Defender for Endpoint, Microsoft Defender Experts, Microsoft Intune, Microsoft OneNote, OneDrive for Business, SharePoint Online, Windows 365, Viva Engage, Microsoft Purview.

L’éditeur d’antivirus Kaspersky a-t-il déjà trouvé la parade contre la panne informatique ? Sur son compte Twitter, l’entreprise livre son diagnostic de la panne en cours. Selon Kaspersky, il s’agit d’un problème dans la mise à jour des drivers associés aux systèmes de sécurité de la société Crowdstrike. «Pour résoudre le problème, il est nécessaire de supprimer le pilote concerné (csagent.sys ou C-00000291*. sys) en mode sans échec», écrit la compagnie. Facile ? Oui et non. L’opération nécessite d’avoir les droits administrateurs sur les machines concernées, ce qui n’est pas le cas de tous les opérateurs. Le reboot peut donc prendre un peu de temps.

Touchée par la panne informatique mondiale, la bourse de Londres s’est réveillée en urgence ce vendredi matin. «Le service d’information RNS est actuellement confronté à un problème technique mondial lié à une tierce partie, empêchant la publication des informations», précise une note publiée sur le site internet de la Bourse de Londres. L’affichage de la variation du FTSE 100, son indice principal, a été retardé à l’ouverture. «Les équipes techniques travaillent au rétablissement du service. Les autres services du Groupe, notamment la Bourse de Londres, continuent de fonctionner normalement», détaille cette note. Une source proche du London Stock Exchange Group a confirmé à l’AFP que ces problèmes étaient liés à la panne géante touchant des clients de Microsoft dans plusieurs pays.

De nombreux passagers attendent devant un panneau d’affichage noir à l’aéroport de Berlin Brandenburg.

Trois compagnies aériennes indiennes signalent d’importantes perturbations informatiques. Trois compagnies aériennes indiennes ont annoncé des perturbations de leurs systèmes de réservation, correspondant à des problèmes techniques généralisés signalés par les opérateurs aériens du monde entier. «Nos systèmes sont actuellement affectés par une panne de Microsoft», a déclaré le transporteur à bas prix IndiGo dans un message sur la plate-forme de médias sociaux X, ajoutant que «la réservation, l’enregistrement, l’accès» aux cartes d’embarquement et certains vols «peuvent être affectés». SpiceJet, un autre transporteur à bas prix, a déclaré qu’il était revenu à l’enregistrement et à l’embarquement manuels après des «défis techniques». «Nos équipes travaillent avec diligence avec notre fournisseur de services pour résoudre ces problèmes rapidement», a-t-elle ajouté.

Air France désormais touché par la panne informatique. Les opérations de la compagnie française ont été perturbées en raison du problème informatique mondial, a annoncé Air France ce vendredi. La compagnie ajoute que les vols déjà en cours de route n’étaient pas affectés par les bugs. «Air France confirme qu’à la suite d’un problème informatique mondial affectant notamment plusieurs compagnies aériennes et aéroports dans le monde, ses opérations sont perturbées», a communiqué la compagnie.

L’aéroport de Hong Kong annonce que des compagnies aériennes sont touchées par la panne de Microsoft. L’aéroport de Hong Kong a annoncé que certaines compagnies aériennes étaient touchées par une panne de Microsoft, alors que des problèmes techniques généralisés sont signalés par des opérateurs aériens du monde entier. «Une panne de Microsoft qui a perturbé le service des compagnies aériennes du monde entier affecte certaines des compagnies aériennes de l’aéroport international de Hong Kong», a déclaré l’autorité aéroportuaire dans un communiqué, ajoutant que les opérations aériennes n’ont pas été affectées.

Dans les aéroports espagnols, on enregistre les passagers à la main. L’ensembles des aéroports espagnols connaissent des «perturbations» en raison de la panne informatique géante qui touche de nombreuses entreprises dans le monde, a annoncé vendredi le gestionnaire Aena, premier opérateur aéroportuaire au monde en nombre de passagers. «En raison d’un incident dans le système informatique, des perturbations se produisent dans les systèmes d’Aena et dans les aéroports du réseau en Espagne», indique le groupe, qui fait état de possibles «retards» dans un message sur le réseau social X. Cet «incident technique mondial affecte principalement les points d’enregistrement et d’information des passagers», explique Aena, qui précise effectuer certaines opérations «à l’aide de systèmes manuels» en attendant que cette panne soit réglée. «Nous continuons à travailler avec toutes les parties concernées» pour «remédier dès que possible» à cette situation, ajoute l’entreprise. Premier gestionnaire aéroportuaire mondial, Aena, détenu à 51 % par l’Etat espagnol, gère plus de 60 aéroports, dont 46 en Espagne, deuxième destination touristique mondiale après la France. Le groupe a transporté l’an dernier 283 millions de passagers.

Les principales compagnies aériennes américaines clouent au sol leurs vols en raison d’un «problème». Les principales compagnies aériennes américaines, dont Delta, United et American Airlines, ont cloué au sol tous leurs vols tôt vendredi en raison d’un problème de communication, selon la Federal Aviation Administration. Tous les vols, «quelle que soit la destination», ont été cloués au sol en raison de «problèmes de communication», a déclaré la FAA dans un avis aux compagnies aériennes.

Les systèmes de plusieurs entreprises à l’arrêt dans différents pays. Une panne technique à grande échelle a frappé ce vendredi 19 juillet les systèmes informatiques d’entreprises dans plusieurs pays du monde, notamment en Australie. Dans le pays, la télévision ABC, l’aéroport de Sydney et une grande chaîne de supermarchés sont affectés, a annoncé la plus haute autorité de cybersécurité du pays. Selon le communiqué du coordinateur national australien de la cybersécurité, cette «panne technique à grande échelle» est causée par un problème avec une «plate-forme logicielle tierce utilisée par les entreprises touchées».