Comment en est-on arrivé là ? C’est la question que tout le monde se pose à gauche alors que le Rassemblement national et ses alliés sont arrivés en tête du premier tour des élections législatives, avec 33,15 % des suffrages exprimés. C’est aussi cette question qu’on a voulu poser à l’écrivaine prix Nobel de littérature 2022, Annie Ernaux, figure intellectuelle et combative de la gauche qui avait soutenu Jean-Luc Mélenchon lors de la dernière présidentielle. On s’inquiétait pour son moral, elle n’a rien perdu de sa pugnacité. Elle enjoint tous les citoyens à faire barrage à l’extrême droite et refuse, à cette heure, l’examen de conscience proposé par Ariane Mnouchkine, qui écrivait le 12 juin dans Libération : «Je nous pense, en partie, responsables, nous, gens de gauche, nous, gens de culture. On a lâché le peuple, on n’a pas voulu écouter les peurs, les angoisses.»
Comment allez-vous ?
Je suis dévastée. Hier [dimanche] soir, j’ai à peine pu regarder les soirées électorales à la télévision. J’ai 83 ans et l’impression de n’avoir j