On surveillait, inquiets, le barrage. On n’avait pas vu le tremplin. Erigé à la hâte, parfois dans la douleur, usé par deux décennies de «vote contre», le front républicain n’a pas seulement fait refluer le Rassemblement national, dimanche. Mieux, c’est le Nouveau Front populaire qui, contre toute attente, se hisse en tête du second tour des élections législatives, obtenant, selon les projections d’Ipsos, entre 177 et 192 sièges.
Un retournement stupéfiant dont aucun des leaders de la gauche unie n’avait, au cours de ces vingt-huit jours en apnée, osé rêver. Le RN et ses alliés ne décrocheraient «que» 138 à 145 élus, au sein d’une Assemblée nationale éparpillée façon puzzle. Probable deuxième force de l’hémicycle, le camp présidentiel évite l’effacement en repêchant entre 152 et 158 élus. Une solide tripartition du paysage politique qui fait entrer le pays dans une ère nouvelle : le blocage institutionnel ou une cohabitation en coalition allant de la gauche au centre. Signe de ce sursaut républicain, la participation, encore plus élevée qu’au premier tour (66,7 %), n’a pas flanché. 67,1 % des électeurs sont allés voter massivement. Du jamais-vu depuis 1981.
Efficacité du front républicain
C’est cette participation maousse qui avait déjà fait exploser le nombre de triangulaires au soir du premier tour. De façon à briser la dynamique du RN qui