Godin et Basu: Une description du style de Jakub Dobeš, le post-mortem du Canadien commence tôt

Ohio State men’s hockey vs. Wisconsin Friday, Feb. 4, 2022, in Columbus, Ohio. (Photo/Jay LaPrete)
By Marc Antoine Godin et Arpon Basu
Apr 3, 2023

Nous sommes tombés sur Dusty Carlson, le responsable des gardiens de l’équipe masculine de hockey de l’Université Ohio State, alors qu’il revenait d’aller voir un candidat pour garder les buts des Buckeyes la saison prochaine. Carlson a un urgent problème à régler, celui de remplacer Jakub Dobeš en vue de la saison prochaine, l’espoir du Canadien ayant signé son contrat d’entrée vendredi afin de faire le saut chez les professionnels.

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« C’est plate pour nous mais en même temps, tout notre personnel est ravi pour lui, a dit Carlson. Il a pu signer avec une équipe de la LNH et il sent qu’il est prêt à faire le saut. Donc c’est formidable pour lui, mais malheureusement pour nous, il faut qu’on trouve le moyen de remplacer l’un des cinq meilleurs gardiens du hockey universitaire. »

Pour une deuxième saisons de suite, le Tchèque de 21 ans a été un véritable pilier à Ohio State, n’ayant cédé son filet à un autre gardien que pendant 37 minutes durant toute la saison. Les 40 matchs auxquels il a pris part constituent un sommet dans la NCAA.

La quantité de minutes explique pourquoi Dobeš est l’un des sept gardiens des collèges américains à avoir effectué plus de 1000 arrêts cette saison. Carlson explique cependant que son volume de travail a été moins élevé que l’an dernier, et cela a eu une incidence sur le fait que son taux d’efficacité est passé de ,934 l’an passé et ,918 cette saison.

« On a accordé moins de tirs cette saison, mais je crois que le nombre d’occasions de qualité est resté le même, a indiqué Carlson. On a continué d’accorder de grosses chances de marquer. Mais sur les autres aspects du jeu défensif, on a empêché les équipes adverses d’obtenir beaucoup de tirs de l’extérieur ou d’essayer de passer par le milieu de la glace – par la voie royale – et on a limité ces occasions-là.

« Donc c’était plus difficile pour lui parce qu’il n’obtenait pas beaucoup de tirs faciles provenant de l’extérieur, des tirs de qualité C qui te permettent de rester dans le match, de rester chaud et de te sentir bien dans ta peau. »

Il ne fait aucun doute dans l’esprit de Carlson que son poulain a fait des progrès cette saison. Sa lecture de jeu s’est améliorée, et même s’il est un gardien très athlétique pour ses 6’4, Dobeš évite de faire des mouvements inutiles, sachant qu’un grand gardien qui s’étire trop risque de créer des ouvertures au lieu de les refermer.

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Pendant deux ans, Carlson a encouragé Dobeš à sortir de son filet – souvent six pieds devant son demi-cercle – et ce sera intéressant de voir si on lui demandera autre chose dans l’organisation du Canadien, où rester profondément dans son filet n’est pas mal vu.

« Ils parlent beaucoup du contrôle de la profondeur, de rester profond et tout ça, en disant que tu n’as pas besoin d’aller plus loin parce que tu couvres l’ensemble du filet. Mais il reste un risque d’erreur, c’est de devoir utiliser ses mains pour contrôler les retours, a rappelé Carlson. Je préfère qu’on sorte si loin que la rondelle ne nous touche qu’à un seul endroit, et c’est au milieu de la poitrine. On fait des arrêts avec le plastron toute la journée.

« Et Jakub a atteint un autre niveau pour ce qui est de savoir quand attaquer et quand rester en retrait. »

Son agressivité devant le filet est donc la marque de commerce du choix de 5e ronde du Canadien en 2020. Vous verrez aussi qu’il tient sa mitaine un peu différemment de la majorité des gardiens. Plutôt que d’avoir la mitaine vers l’extérieur avec une ouverture offerte sous le bras, Dobeš garde son gant aligné à son corps, et il va étirer le bras s’il a besoin de l’utiliser. Samuel Montembeault a d’ailleurs apporté un ajustement de cet ordre la saison dernière. S’il se retrouve à travailler avec Dobeš plus tard, l’entraîneur des gardiens Éric Raymond ne cherchera probablement pas à corriger cette habitude.

« Il est très concentré, et avec la passion qu’il a pour réussir, son patin que je trouve exceptionnel, ses mouvements latéraux pour faire des arrêts importants, il va trouver un moyen de réussir, a résumé Carlson, qui admet volontiers son préjugé positif à l’endroit de Dobeš. Tant qu’il suit sa progression – parce que les gardiens ne deviennent vraiment matures qu’entre 25 et 30 ans, donc il a encore un bon trois ans avant d’atteindre ce point-là – mais tant qu’il suit son cheminement et qu’il continue à tout faire en sachant que c’est avec des petits pas qu’il va avancer (…), je pense vraiment qu’il peut atteindre un niveau élite.

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« Je veux dire, celui d’un gardien partant de la LNH. »

Commençons par voir si, au milieu de sa course pour une place en séries éliminatoires, le Rocket de Laval osera lui donner un match d’ici la fin de la saison…

Martin St-Louis (Minas Panagiotakis/Getty Images)

Le post-mortem du Canadien commence tôt

Un signe évident que la saison du Canadien commence à être longue pour tout le monde s’est manifesté après l’entraînement de vendredi. D’ordinaire, quand les entraîneurs ou les joueurs se font poser des questions où on les invite à résumer la saison dans son ensemble, ils préfèrent rejeter ces questions et attendre que la saison soit terminée pour y répondre, la logique étant que le prochain match est au centre des préoccupations.

Martin St-Louis n’a pas ressenti le besoin de le faire vendredi, cependant, lorsqu’on lui a demandé s’il croyait que le Canadien allait dans la bonne direction en fonction de la saison prochaine et de ce que l’avenir lui réserve.

« On a plus d’informations pour nous aider à planifier le futur, a-t-il dit. Et le futur pour nous autres, c’est l’année prochaine. Je sais que Kent (Hughes) regarde peut-être deux ou trois ans en avant, mais moi je vais essayer de me concentrer sur l’année prochaine quand la saison ici sera finie. »

St-Louis avait besoin d’ajouter le dernier bout de phrase pour s’assurer que sa concentration sur la tâche immédiate ne soit pas remise en question, mais franchement, la performance du Canadien, samedi, a semblé suggérer que certains joueurs sont peut-être déjà passés à autre chose.

« J’espère que non », a glissé St-Louis après la défaite de 3-0 contre la Caroline.

Mais on ne peut pas le blâmer de regarder déjà un peu vers la saison prochaine. L’un des espoirs qu’il a exprimés est que le Canadien puisse bénéficier d’un groupe en meilleure santé l’an prochain. Si la loi de la moyenne signifie quelque chose, l’équipe devrait connaître un certain répit par rapport aux blessures. Le CH serait très différent aujourd’hui s’il avait été moyennement en santé, et beaucoup plus de développement aurait été fait avec certains – ou la plupart – de ses meilleurs jeunes joueurs.

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Mais la perspective de St-Louis par rapport à sa façon de coacher son équipe de manière progressive était intéressante à entendre. Il a exprimé un certain degré de satisfaction à l’égard des étapes franchies par le Tricolore cette saison au plan offensif, mais un élément lui a échappé toute la saison et est demeuré hors de sa portée, à savoir d’amener l’équipe à un niveau respectable défensivement.

« Cette année, je pense qu’on a vraiment progressé du côté de notre jeu d’équipe en attaque, et on a fait des petits en avant défensivement aussi, a-t-il dit. La game est sur 200 pieds, il faut que tu sois bon des deux bords.

« Mais c’est dur de coacher les deux bords en même temps. »

La volonté de St-Louis de parler de la croissance offensive de l’équipe ne devrait pas être surprenante compte tenu du nombre de buts que l’équipe a marqué en deuxième moitié de la saison ou, si vous préférez, depuis que Cole Caufield a dû mettre fin à sa saison pour être opéré à une épaule. Depuis le 20 janvier, le Canadien a inscrit 3,1 buts par match, comparativement à 2,57 par match avant cette date. St-Louis a expliqué samedi que cela était dû au nombre de concepts offensifs qu’il avait pu mettre en place depuis ce moment.

Mais son hésitation par rapport au développement défensif de l’équipe se reflète également dans les statistiques, car le Canadien accordait 3,65 buts par match en date du 20 janvier, et en a donné en moyenne 3,67 depuis. À deux moments différents de la saison – au milieu du temps des Fêtes et pendant une semaine à la mi-mars où le Canadien a concédé 26 buts en quatre rencontres – St-Louis a dû interrompre tout travail offensif avec ses troupes pour revenir aux bases du jeu défensif, c’est-à-dire la façon dont l’équipe se replie dans sa zone, la façon dont elle distribue les assignations quand le jeu est en transition, ou la façon dont elle sort de sa zone en possession de la rondelle.

Voilà une grande leçon que St-Louis a appris cette saison : les concepts de base du jeu défensif ne sont jamais acquis de façon permanente, il faut tout au long de la saison faire des rappels de la façon dont l’équipe doit jouer défensivement, même quand les choses vont relativement bien.

En ce sens, même si certains jeunes joueurs du Canadien ont raté une occasion de développement cette saison, ça n’a pas été le cas pour leur jeune entraîneur-chef.

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Johnathan Kovacevic, l’improbable constante à la ligne bleue

Johnathan Kovacevic a disputé samedi son 72e match de la saison. Levez la main si vous aviez prédit avant le début du calendrier qu’il serait le défenseur du Canadien jouant le plus de rencontres.

(Vous pouvez la baisser, on ne vous croit pas.)

Le principal intéressé lui-même n’aurait jamais prévoir cela, et il y a un côté de lui qui se sent un peu mal par rapport à la façon dont les choses se sont déroulées.

« C’est un peu dommage la façon dont ça s’est passé parce que les gars ont dû composer avec des blessures et des trucs comme ça, a dit Kovacevic. Ce n’est pas quelque chose que tu veux voir. Je ne veux pas que mes coéquipiers, mes amis, soient blessés. Mais sur une note personnelle, c’est le fun d’avoir eu la chance de jouer autant de matchs. »

Kovacevic est le seul défenseur du Canadien qui n’a raté aucune rencontre en raison de blessure, et si ce n’est des cinq matchs où il a été laissé de côté – le dernier remontant au 26 janvier – il a été capable de fournir du jeu assez régulier en plus de donner de la flexibilité aux duos créés à la ligne bleue.

« Il a mérité chaque opportunité, a dit St-Louis. Quand il est arrivé, on ne le connaissait pas. Il a été efficace de bonne heure et il y a quand même eu une bonne constance dans son jeu. Et je trouve qu’il a évolué avec les choses qu’on a essayé d’améliorer dans sa game.

« Je suis fier de lui parce que rien ne lui a été donné, a ajouté l’entraîneur. Il est arrivé ici avec plusieurs jeunes espoirs qui étaient peut-être en avant de lui à cause que c’était des gars qu’on avait repêché. Mais il est arrivé et il a fait sa place. Je pense qu’il a éliminé le bruit à gauche et à droite, à savoir qui est ici, qu’est-ce qui va m’arriver, est-ce qu’untel est meilleur que moi ? Il s’est juste concentré à sa tâche. »

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À 25 ans, Kovacevic était l’une des plus vieilles recrues chez le Canadien cette saison. La réalité de s’ajuster à LNH est incontournable, peu importe l’âge du joueur, mais Kovacevic a expliqué qu’il a reconnu certaines situations cette année qu’il avait déjà vécues autrefois en tant que recrue de la Ligue américaine. Il était donc mentalement préparé aux variations qu’une première saison dans un nouveau circuit pouvait occasionner. Une recrue est une recrue, a-t-il convenu, mais ses années d’expérience chez les pros ont quand même facilité sa transition.

« Il y aura toujours une période d’adaptation, a-t-il convenu. Il y a certains gars qui sont super doués, qui sont naturellement si talentueux que la transition est peut-être plus facile pour eux, mais je pense quand même qu’une recrue est une recrue dans le sens où tu as besoin de matchs pour te sentir à l’aise. C’est quelque chose que je n’avais pas vraiment compris avant de le vivre, mais tu as besoin de ces matchs pour savoir que c’est une ligue différente, pour savoir lesquels de tes points forts tu peux amener dans la game et comment tu peux t’affirmer dans le jeu. C’est quelque chose que j’apprends encore, mais je pense que je me suis amélioré tout au long de l’année. Et je ne suis pas sûr que j’aurais été capable de le faire avec des années de plus dans la Ligue américaine. J’ai l’impression que la seule façon d’y parvenir, c’est de jouer dans la LNH. »

Avant que le Canadien ne le réclame au ballottage durant le camp d’entraînement afin d’ajouter un défenseur droitier à sa formation, Kovacevic n’avait joué que quatre matchs dans la LNH avec les Jets de Winnipeg. Or, toute l’expérience acquise cette saison, tout l’apprentissage et le progrès qu’il a pu réaliser, font désormais de lui une aubaine compte tenu des deux autres saisons à son contrat qui lui prévoit un salaire annuel de 776 667$.

Kovacevic n’est peut-être pas assuré de faire partie des six premiers défenseurs en début de saison l’an prochain – attendons de voir l’effectif – mais il a profité de cette saison atypique pour démontrer qu’il était un joueur de la LNH. Entre Montembeault et lui, cela fait deux acquisitions au ballottage qui auront fait cette démonstration au cours de la dernière année.

Sean Farrell (Mitchell Leff/Getty Images)

Comment Sean Farrell est passé comme une balle à Harvard

Sean Farrell a peut-être commencé sa carrière de hockeyeur professionnel la semaine dernière, mais il travaille toujours à l’obtention de son diplôme en économie à l’Université Harvard. Cela devrait se concrétiser à la fin juillet ou au début du mois d’août, soit une année universitaire plus tôt que ce qui était supposé arriver.

C’est une chose de faire ses études sans encombre à l’université, mais c’en est une autre de réussir cela à Harvard.

Farrell y est parvenu en prenant deux cours supplémentaires à chacun des deux derniers étés, et il en prendra deux autres cet été afin d’obtenir son diplôme. Il a également suivi cinq cours lors des deux derniers semestres d’automne, soit un de plus que les quatre cours habituels. Si l’on ajoute les six cours que Farrell aura suivis pendant l’été et les deux cours additionnels qu’il a pris à l’automne, on arrive à huit cours, ce qui correspond à la charge de travail d’une année universitaire normale.

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« Je l’ai fait au cas où cette situation-ci se produirait », a expliqué Farrell après l’entraînement de vendredi.

Avant de disputer son premier match à domicile, Farrell a donné l’impression que ses coéquipiers et lui ne faisaient que garder la tête hors de l’eau sur le plan académique à Harvard.

« Les gars de hockey essaient juste de survivre là-bas », a-t-il dit jeudi matin.

Après vérification, il s’avère que lors qu’il parle de survie académique, Farrell place la barre assez haut.

« On a réussi à trouver des cours un peu plus faciles, a-t-il précisé. Mais pour les cours d’économie, de statistiques et de mathématiques, il faut parfois survivre et se contenter d’un B. »

Se contenter d’un B ? Beaucoup d’étudiants feraient des pirouettes s’ils obtenaient un B. Farrell n’a pas voulu l’admettre, mais il affiche actuellement une moyenne pondérée cumulative de 3,6.

À Harvard.

Le fait qu’il obtienne son diplôme si rapidement a quelque peu privé Farrell de l’expérience complète de Harvard. Lorsqu’il obtiendra son diplôme cet été, Farrell aura suivi près de la moitié de ses cours universitaires (14 sur 32) sur Zoom.

« Je n’ai certainement pas vécu toute l’expérience Harvard. À ma première année, on ne pouvait pas rester dans Harvard Yards, alors je suis allé directement dans des dortoirs ordinaires, a raconté Farrell. Mais j’ai adoré ça. J’y ai rencontré certaines des personnes les plus formidables de ma vie. »

En raison de la date prévue pour l’obtention de son diplôme cet été, Farrell aurait pu devenir joueur autonome sans compensation le 15 août s’il n’avait pas conclu d’entente avec le Canadien. Était-il conscient de cette possibilité ?

« Un peu », a répondu Farrell.

C’est le genre de question qui devrait se répondre par oui ou non, mais Farrell a expliqué que sa réponse reflétait le fait qu’il savait que devenir joueur autonome était une possibilité, mais qu’il n’avait aucun intérêt à suivre cette voie et qu’il ne l’avait même jamais envisagée.

« C’est ici que j’ai toujours voulu être, depuis mon premier camp de perfectionnement, a déclaré Farrell. Dans mon coeur, j’ai toujours voulu être ici. »

(Photo de Jakub Dobeš: Ohio State Athletics)

 

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