Antoine Vey, sa plaidoirie impossible pour Julian Assange

Julian Assange est en prison en Angleterre depuis cinq ans. Son affaire dantesque a inspiré à son avocat français Antoine Vey livre La plaidoirie impossible, un livre publié aux éditions Plon.
Julian Assange
Manifestation de soutien à Julian Assange à Londres, en mai 2024.SOPA Images/Getty Images

Le fondateur de Wikileaks aura-t-il droit un jour à un procès équitable ? C'est la question que pose son avocat français Antoine Vey dans un livre, Julian Assange La plaidoirie impossible (Éditions Plon). L'Australien de 52 ans croupit depuis cinq ans dans la prison de haute sécurité de Belmarsh, en Angleterre, soumis à l'isolement et menacé d'une procédure d'extradition vers les États-Unis.

Antoine Vey est l'avocat français de Julian Assange.

JOEL SAGET/AFP

Pour aborder ce destin dramatique, Antoine Vey (il a notamment travaillé sur les affaires Clearstream, Kerviel, Cahuzac) a choisi une trame originale. Son livre suit le parcours rhétorique proposé il y a deux-mille ans par Cicéron, qui va de l'Exorde à la Péroraison en passant par l'Argumentation et la Narration. L'histoire d'Assange, en l'occurrence, c'est celle d'un surdoué à l'origine de révélations explosives sur la face sombre des États-Unis. Près de 700 000 documents confidentiels ont été publiés par Wikileaks, sur la guerre sale menée par les Américains en Irak (revoir la vidéo toujours en ligne, Collateral murder), sur la tristement célèbre prison de Guantanamo, ou encore sur la mise sur écoute des présidents français par la National Security Agency (NSA).

Ai Weiwei et Julian Assange, délit d'amitié

Ils ont sympathisé par e-mails et depuis, le plus célèbre des dissidents chinois utilise sa notoriété – et son art – pour attirer l’attention sur le sort de Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks désormais emprisonné à Londres. Bruno Lus a interrogé Ai Weiwei sur ce lien singulier, né sous le signe de l’exil et de la liberté d’expression.

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Sombres perspectives

Julien Assange n'est ni un espion ni un pirate, insiste Antoine Vey dans sa plaidoirie fictive. En mettant à la disposition des lanceurs d'alerte une plateforme sécurisée, il agit comme un journaliste protégeant ses sources et surtout comme un combattant de la liberté d'informer. Désormais, c'est un homme traqué que les États-Unis veulent condamner au silence par tous les moyens, dénonce-t-il. En plaçant des caméras espions à l'ambassade d'Équateur à Londres, là où Julien Assange avait trouvé refuge entre 2012 et 2019. En montant contre lui une accusation de viol en Suède, vite éteinte. En menant surtout une forme de harcèlement judiciaire. Sous divers chefs d'accusation, le journaliste-informaticien encourt 175 ans de prison. Cette méthode, explique Antoine Vey, a un nom : le Lawfare, la guerre par le droit. L'accusation est en elle-même la punition expliquait Kafka, cité par l'auteur. Le but est moins d'aboutir à un procès, potentiellement embarrassant, que de broyer l'individu.

De fait, Julien Assange, dont l'état de santé est préoccupant selon ses proches, meurt à petit feu sans jamais avoir été condamné. Les perspectives pour lui semblent bien sombres : il a fait appel d'une décision de la justice anglaise autorisant son extradition. En dernier recours, il pourrait saisir la Cour européenne des droits de l'Homme. L'Australie et l'Allemagne ont demandé sa libération. La France, non. On se prend à rêver que ce livre plaidoyer, remarquablement écrit, permette de réveiller les consciences dans notre pays.

Julian Assange La Plaidoirie impossible, d'Antoine Vey (éditions Plon).