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Ai-je tort de partir au premier red flag ?

Juger nos dates trop rapidement pourrait nous faire passer à côté d'une belle histoire.
Aije tort de partir au premier red flag
Photo: Alamy

La rédactrice Annie Lord se demande s'il vaut mieux partir au premier red flag (expression anglaise qui désigne les comportements toxiques du partenaire) et risquer de passer à côté d'une bonne expérience ou rester et courir le risque d'une relation ratée.

Doit-on partir dès que l'on observe un premier comportement potentiellement toxique?

Alors que j'étais dans une grosse soirée, un groupe de danseurs torse nu s'adonnait à une sorte de danse interprétative, et j'ai obligé mon date à les rejoindre. Nous nous sommes ensuite assis sur un canapé pendant un moment, puis il a trempé ses doigts dans mon verre, et m'en a aspergé le visage, se moquant de moi alors que je n'arrêtais pas d'utiliser l'expression “je digresse”. Il flirtait comme un écolier qui vous tire les couettes pour vous montrer qu'il vous aime bien. Malheureusement, parce qu’il me plaisait, j’ai pensé que c’était mignon. Or, lorsque je me suis éloignée un moment après, je l’ai vu en train de parler à une autre fille dont j'ignorais tout. Il se penchait vers elle, son bras appuyé contre le mur derrière.

Comment ose-t-il ? me suis-je dit. Sait-il qui je suis ? Sait-il que j'ai une rubrique dans Vogue, que j'ai écrit un livre ? Que, parfois, de jolies filles avec une chevelure de rêve viennent me voir et disent qu'il a changé leur vie ? Que je peux marcher avec des talons, que j'ai un joli petit tatouage d'une rose sur la hanche, que je pose des questions stupides mais intéressantes comme “Quelle est la marque que vous auriez le plus de mal à boycotter” ? Que j'ai de belles fesses et que je m'habille comme une rockeuse des années 1990, un look qui me va vraiment très bien ? J'obtiens souvent un café gratuit chez Pret, j'ai un visage chaleureux et accessible qui incite les gens à s'approcher pour demander l'heure, je suis tellement disciplinée que je ne vais pas sur mon téléphone avant 16 heures, et j'ai beaucoup de sous-vêtements sexy qu'il ne reverra pas parce que je ne sortirai plus jamais avec lui.

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S'éloigner au premier red flag pour se protéger

J'ai quand même couché avec lui plus tard dans la soirée, dans une forme de suite logique des choses. Car il m'a d'abord donné une bonne excuse pour justifier la raison pour laquelle il parlait à cette fille. Puis il m'a effleuré le creux des reins, me poussant “malencontreusement” à trébucher et je suis tombée contre son visage en l'embrassant. Pourtant, le lendemain, j'étais dans ma tête passée à autre chose. J'avais écrit un message disant “Tu veux qu'on se revoie bientôt ?”, mais je n'ai pas pu l'envoyer, parce que je savais que je le formulais ainsi pour montrer que j'étais détachée. Je ne précisais pas quand exactement nous devrions nous voir et je n'incluais pas non plus quoi que ce soit qui puisse indiquer qu'il s'agissait d'un date. Et cela m'agaçait parce que je savais que je ne devrais pas avoir à ruser ou de réfléchir de cette façon pour qu'il passe du temps avec moi. Il devrait le vouloir, tout simplement. Il devrait m'envoyer des messages pour me demander “quand es-tu libre la semaine prochaine ? ou me demander si j'aime la cuisine épicée sachant précisément où il veut m'emmener.

Je suis plus heureuse depuis que j'ai commencé à me protéger ainsi. Au cours de l'été, j'ai coupé les ponts avec quelqu'un parce qu'il était trop bizarre et peu fiable. Et comme c'est moi qui ai mis un terme à cette relation, je ne me suis pas sentie rejetée ou déstabilisée. Je n'ai pas eu à me demander s'il y avait quelque chose qui clochait avec mes cheveux ou si les rides autour de ma bouche étaient trop marquées, parce que je savais que la responsabilité de l'échec de cette potentielle relation lui revenait entièrement.

Se montrer trop fière pour attendre que les hommes se décident est relativement nouveau pour moi. Autrefois, j'étais prête à tout pour être avec quelqu'un qui me plaisait. Une fois, à l'université, un camarade de classe m'a demandé si je sortais le soir même, et même si j'étais chez moi avec mes colocataires en train de regarder Gossip Girl, je me suis levée d'un bond, je me suis préparée, puis je suis allée le rejoindre. Quand je l'ai trouvé, j'ai prétendu que j'étais de sortie et que je venais de perdre mes amis de vue. Il avait une petite amie et je ne l'intéressais pas, mais je suis restée pendant des mois, soulignant des phrases dans des livres que je pensais qu'il aimerait, suivant des séances d'abdos-fessiers sur YouTube dans ma chambre (me brûlant les genoux au passage). Nous sommes restés tard à la bibliothèque à travailler ensemble, nous sommes allés au cinéma et avons bu des canettes en cachette au dernier rang de l'amphithéâtre, et je me suis de plus en plus rapprochée de lui jusqu'à ce qu'un jour, il devienne mon petit ami.

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Paix ou apathie ?

Conquérir quelqu'un de cette manière m'a donné une idée assez biaisée de l'amour. Lorsque la relation s'est terminée et que j'ai commencé à fréquenter d'autres hommes, j'ai laissé passer beaucoup de choses, persuadée que si je faisais suffisamment d'efforts, je finirais par obtenir ce que je voulais. Ces hommes me posaient des lapins à la dernière minute et soufflaient le chaud et le froid. L'un d'entre eux trouvait toujours des excuses très crédibles pour expliquer pourquoi il ne pouvait pas rester dormir avec moi (allant même jusqu'à argumenter qu'il avait besoin de rentrer pour mettre son Tupperware au réfrigérateur). Je me répétais que ce n'était pas grave, parce que je savais que j'étais géniale et que leur comportement résultait en une baisse de l'estime que j'avais pour eux mais je ne suis pas sûre que ce soit vrai. En acceptant ce qu'ils m'ont donné, une partie de moi continuait à se dire qu'il était normal que quelqu'un me traite de cette façon, que c'était un échange équitable. J'ai un peu déraillé. Je campais sur mon téléphone pour vérifier que j'étais bien connectée au WiFi, au cas où ce serait la raison pour laquelle je n'avais pas reçu de messages, ou j'allais sur Hinge pour vérifier s'ils avaient changé de photo récemment.

Le calme m'est venu après avoir décidé de ne pas envoyer de message à mon arroseur de visage. Cessant de me demander s'il allait m'envoyer un message ou non. Je décidais de me coucher tôt, de ranger ma chambre et de préparer un plat au poulet pour la semaine à venir. C'est alors que le calme c'est doucement mué en apathie. J'essayais d'écouter de la musique, mais je n'arrivais pas à trouver une seule chanson qui me plaisais. Je voulais sortir, mais je n'avais envie de voir personne en particulier. J'essayais de regarder un film, mais plus j'enchaînais les bandes-annonces, moins j'avais envie d'en choisir un. J'ai alors vu une vidéo sur TikTok qui résumait vraiment ce que je ressentais : “Pas de sex friend. Pas de relation futile. Pas de répertoire téléphonique qui déborde contacts qu'on ne connait pas beaucoup. Pas de conversation ennuyante. Personne d'intéressant. La paix, mais à quel prix ?”

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Prendre des risques pour ne pas laisser passer sa chance

La fierté, c'est bien, mais parfois, elle peut vous empêcher d'obtenir ce que vous désirez : de l'excitation, de l'intrigue, quelqu'un qui ne vous mérite peut-être pas, mais dont vous appréciez la compagnie. Une partie de moi pense également qu'aujourd'hui, il faut parfois baisser ses standards pour pouvoir rencontrer quelqu'un. Je ne connais pas une seule personne qui soit passée sans encombre d'un bon premier rendez-vous au sexe, puis à une relation. J'ai regardé le documentaire sur les Beckham, et plus personne ne passe la nuit au téléphone comme David et Victoria. Mon ex et moi le faisions, mais je ne pense pas que ce type de romance existe encore en 2023. Toutes les personnes que je connais qui sont en couple ont beaucoup subi ou fait subir, et disent constamment qu'elles ne veulent pas de sérieux tout en agissant de manière contradictoire, pour ensuite s'effrayer à la moindre manifestation d'intimité ou d'attention. Ou alors, leur couple s'est formé presque par accident, comme celui de cette amie qui devait partir en Amérique du Sud et qui s'est davantage ouverte au type avec qui elle couchait, pour finalement découvrir qu'elle ne voulait pas aller en Amérique du Sud parce qu'ils étaient devenus obsédés l'un par l'autre.

Parfois, je pense à ce type avec qui j'ai rompu pendant l'été et je me demande ce qui se serait passé si j'avais laissé traîner les choses un peu plus longtemps. Peut-être nous serions-nous vus suffisamment souvent pour nous habituer à la compagnie de l'autre, au point qu'elle nous manquerait lorsque nous serions séparés.

Je finis par envoyer un message finalement, non pas parce que je suis faible ou que je ne m'aime pas, mais parce que j'aimerais que quelque chose se passe.

On dit toujours “tant pis pour lui”, mais en vérité, c'est aussi tant pis pour moi, et je refuse de passer à côté de quoique ce soit.

Traduction par Julie Rodhon

Article initialement publié sur vogue.co.uk

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