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Les 5 livres de Simone de Beauvoir à lire absolument

Vogue revient sur les meilleurs ouvrages de l’écrivaine et philosophe Simone de Beauvoir, à lire absolument.
Simone De Beauvoir
© Charles Hewitt / Getty Images

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Des essais révolutionnaires à des romans bouleversants en passant par des autobiographies précises… Durant sa vie, Simone de Beauvoir a publié de nombreux ouvrages, et a touché à de multiples genres littéraires. En d’autres mots, l’autrice parisienne ne s’est rien interdit, s’émancipant des carcans qui contraignaient alors les femmes de son temps.

Née d’une famille bourgeoise dans le Paris du début du XXème siècle, Simone de Beauvoir est une déception pour son père, qui espérait se voir doter d’un fils. Il n’arrive pas non plus à la marier, à cause d’un déclassement social causé par la Première Guerre mondiale. Ne pouvant offrir à sa fille la dot qu’il espérait, il se voit contraint de la voir épouser une carrière d’intellectuelle, alors qu’elle est reçue à 21 ans à l’agrégation de philosophie, devenant l’une des plus jeunes femmes agrégées de France.

Celle qui a traversé le XXème siècle comme une entreprise d’émancipation, pour reprendre les mots du journaliste Philippe Collin, a œuvré comme peu d’autres autrices pour le destin des femmes, en France et dans le monde entier. Signataire du manifeste des 343 femmes (surnommé plus tard le “manifeste des 343 salopes”), fondatrice de la Ligue du droit des femmes, autrice du Deuxième sexe… difficile de proposer un résumé succinct des actions militantes de Simone de Beauvoir tant elles sont nombreuses, et riches. Vogue propose une sélection de cinq de ses livres, qu’il est absolument nécessaire d’avoir lu au cours de sa vie.

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Les 5 meilleurs livres de Simone de Beauvoir

L’Invitée (1943)

Dans son premier roman, Simone de Beauvoir flirte avec ce genre que l’on a plus tard appelé l’autofiction, définie comme une autobiographie aux contours romancés. En effet, L’Invitée évoque une relation ouverte, celle de Pierre et Françoise, qui n’est pas sans évoquer le couple que l’autrice formait elle-même avec le philosophe Jean-Paul Sartre, auquel s’est ajoutée, durant un temps, la jeune Olga Kosakiewicz. Dans L’Invitée, cette dernière devient Xavière, jeune rouennaise puérile et oisive.

Le livre, publié par la maison d’édition Gallimard, rencontre un joli succès. En choisissant les mots du philosophe allemand Georg Wilhelm Friedrich Hegel comme épitaphe, elle en dévoile dès les premières pages, le dénouement funeste : “Chaque conscience poursuit la mort de l’autre”. Mais c’est moins le dénouement que l’idéologie développée au fil de ces 400 pages qui fait le cœur du récit, rythmé par la pensée bourgeoise et existentialiste que Simone de Beauvoir partageait alors avec Jean-Paul Sartre : “Chacun expérimente sa propre conscience comme un absolu. Comment plusieurs absolus seraient-ils compatibles ? C'est aussi mystérieux que la naissance ou la mort. C'est même un tel problème que toutes les philosophies s'y cassent les dents”. Une pensée qui se voit bouleversée par les événements de la Seconde Guerre mondiale, que le couple vit de plein fouet et qui regrette de ne pas s’être davantage engagé dans l’action concrète, à l’instar de la résistance.

Simone de Beauvoir - L'Invitée

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THE LOOK OF LOVE, Tamsin Egerton, 2013. ©IFC Films/Courtesy Everett Collection
Le Deuxième Sexe (1949)

Difficile de présenter Le Deuxième Sexe en 2024, tant il est un ouvrage incontournable de la pensée féministe, lu par des générations de militantes. Pour faire court, rappelons-en d’abord la principale maxime, qui a fait son succès. “On ne naît pas femme, on le devient” est une phrase qui, victime de sa notoriété, a souvent été malmenée, mal comprise, mal interprétée. Quand Simone de Beauvoir l’écrit, elle pense la condition féminine comme une construction sociale et non comme une donnée biologique tangible. Ainsi, elle explique : on ne naît pas femme, on le devient, par une accumulation d’acquis et de codes sociaux – nos gestes, nos apparats, nos manières d’être et d’exister au monde. “Il n’y a pas un destin biologique, psychologique qui définisse la femme en tant que telle” expliquait-elle en 1975, à l’occasion d’un entretien télévisé dans l’émission Questionnaire. Voilà déjà un premier voile levé.

Distingué en deux tomes, Le Deuxième Sexe crée le scandale lorsqu’il paraît en 1949. Bien que soutenu par une partie de l'intelligentsia française (majoritairement masculine) grâce à des figures comme Jean-Paul Sartre, Maurice Merleau-Ponty ou encore Francis Jeanson, le livre est alors fustigé par des hommes comme Albert Camus qui, furieux, clame à qui veut bien l’entendre que Simone de Beauvoirridiculise le mâle français”.

Simone de Beauvoir - Le deuxième sexe, tome 1

Faut-il brûler Sade ? (1953)

Dans Faut-il brûler Sade ?, Simone de Beauvoir pose une question qui semble, encore en 2024, toujours aussi pertinente. Publié pour la première fois dans la revue fondée par Jean-Paul Sartre, Les Temps modernes, en 1951, il pose une question, à l’heure où les écrits du Marquis de Sade commencent à connaître un certain succès : “Comment les privilégiés peuvent-ils penser leur situation ?”. Comme la porte ouverte vers une interrogation plus large sur les rapports des intellectuels avec la classe dominante, l'idéologie de la droite de l’époque. Ainsi, Simone de Beauvoir étudie ce qu’elle appelle “l'échec de Sade dans sa recherche d'une synthèse impossible entre deux classes, entre le rationalisme des philosophes bourgeois et les privilèges de la noblesse”. Elle démonte ainsi que tout type de privilège est toujours égoïste.

En 2003, la chercheuse américaine Judith Butler, spécialiste du genre, écrit un article sur cet essai de Simone de Beauvoir. En guise d’introduction, elle s’étonne face à l’incongruité de l’intérêt de l’écrivaine pionnière de la pensée féministe pour celui que l’on pose comme le créateur du sadisme sexuel : “Si une grande partie de l’œuvre beauvoirienne est consacrée à l’émancipation des femmes, Sade, lui, cherchait à les punir et les contrôler par le biais de la sexualité” peut-on lire dans cet article intitulé “Beauvoir sur Sade. De la sexualité à l’éthique” et publié dans la revue de sciences sociales L'Homme & la Société. Ainsi, Butler va plus loin que la philosophe française et va jusqu’à interroger les relations hétérosexuelles et leur impossible équilibre.

Simone de Beauvoir - Faut-il brûler Sartre ?

Les Mandarins (1954)

Récompensé du prestigieux Prix Goncourt le 6 décembre 1954, Les Mandarins est l’un des plus célèbres romans de Simone de Beauvoir – si ce n’est le plus célèbre de ses récits fictionnels. Il est également le dernier, alors que l’autrice abandonne la fiction pour privilégier les essais et une autobiographie en six tomes. À ce titre, il dessine déjà, en creux, les doutes qui agitent l’autrice de 46 ans face à la marche de l’Histoire. Elle ne se présente par ailleurs pas au restaurant Drouant pour recevoir son prix, malgré son statut d’intellectuelle majeure du Paris des années 1950.

Avec Les Mandarins, Simone de Beauvoir achève son rêve de jeunesse, celui de devenir une grande écrivaine. En filigrane, elle y narre sa liaison avec le romancier de talent Nelson Algren, basé à Chicago, que l'on reconnaît sous les traits du personnage de Lewis Brogan. Une liaison étonnante, tant la personnalité d’Algren est marquée par un machisme profond, dont on se demande comment il a pu séduire une femme aussi indépendante que l’intellectuelle française. Lui veut qu’elle vienne à Chicago, qu’elle abandonne sa vie pour lui. Elle est résolue à ne jamais quitter Sartre, avec qui elle partage une relation libre. Pourtant, Nelson Algren est bien celui que l’on retient comme le premier grand amant de Simone de Beauvoir, l’un des plus grands amours de sa vie.

Simone de Beauvoir - Les Mandarins

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Mémoires d’une jeune fille rangée (1958)

Parmi les six tomes de l’autobiographie de Simone de Beauvoir, le plus fascinant est sans doute le premier : Mémoires d’une jeune fille rangée. Publié en 1958, il permet de découvrir l’enfance, l’adolescence, et les premiers pas de l’écrivaine dans sa vie d’adulte. On y découvre ainsi que le désir d’écrire est présent depuis toujours, ou presque, couplé à un désir d’absolu. Ses priorités ? Vivre, d’abord, puis écrire, pour en retenir le maximum. On apprend ainsi que malgré un appétit vorace pour l’écriture, c’est à 15 ans que Simone de Beauvoir le traduit pour la première fois en acte.

Alors que son père subit un déclassement social causé par une accumulation de facteurs, dont l'inflation criante qui sévit en France après la Première Guerre mondiale, il n’est plus en mesure d’offrir une dot à sa fille, qui se voit presque poussée vers une vie où le travail s’impose. On découvre ainsi dans Mémoires d’une jeune fille rangée que l’obtention de son baccalauréat, puis de l’agrégation de philosophie, où elle est reçue seconde, derrière Jean-Paul Sartre, constitue pour elle l’ouverture d'une infinité de possibles.

Simone de Beauvoir - Mémoires d'une jeune fille rangée

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