Interview

Interview exclusive de Lily Collins, cover girl de Vogue France et de retour dans Emily in Paris saison 3

Avec le personnage d’Emily Cooper, nouvelle héroïne made in Netflix, Lily Collins est devenue l’une des actrices les plus bankables du moment. C’est aussi l’une des plus sympathiques, comme le confirme cette interview exclusive pour Vogue
Lily Collins dans le Vogue France dcembrejanvier 20222023
Photographe : Maciek Pozoga - Réalisation : Jack Borkett

"Si on m’avait dit, il y a quelques années, que je ferais un jour la couverture de Vogue France, je ne l’aurais jamais cru, dit Lily Collins. C’est un rêve qui devient réalité !” Heureuse comme une enfant face à un imposant gâteau d’anniversaire, se confondant en remerciements pour toute l’équipe, Lily Collins n’est pas du genre à cacher sa joie de poser pour le magazine qu’elle lisait, enfant, dans le salon de sa mère.

Lily Collins in Paris

Puis, adolescente, en s’imaginant exister au-delà de l’ombre de son père, l’un des plus célèbres artistes de la pop culture, Phil Collins. Depuis, elle est devenue, sans préavis, l’actrice star d’une série phénomène, Emily in Paris, dont le troisième volet, diffusé sur Netflix dès le 21 décembre, devrait entériner sa popularité. “La première saison se déroulait à travers le prisme d’Emily, avant que la suivante creuse davantage sa psyché, commente Lily Collins. La saison 3, elle, offre aux autres personnages l’occasion de développer leur vécu… J’ai eu une chance folle de servir une série qui est comme une longue lettre d’amour à Paris et à la culture française. Dans ces nouveaux épisodes, nous sommes aussi allés tourner en Provence…” On peut parier que tous les lieux où Emily Cooper balade sa dégaine d’Américaine (pas si) lost in translation seront bientôt pris d’assaut par les fans. Depuis la saison 2, le Grand-Hôtel du Cap-Ferrat a connu des fréquentations records, des palaces parisiens tels le Shangri-La sont submergés par le buzz. Lorsque Lily Collins séjourne dans la suite Gustave Eiffel et poste un souvenir sur Instagram, en 2021, les équipes du Shangri-La “ont remarqué un certain nombre de demandes pour séjourner dans la même suite et ainsi bénéficier de la même vue”. Chaque tenue portée par Lily Collins dans la série (et par ses comparses, telles Camille Razat et Philippine Leroy-Beaulieu) est longuement décryptée puis désirée grâce à des moteurs de recherche dédiés. On y trouve les looks, mais aussi les lampes, les papiers peints, des coques de smartphones… Si des marques déjà installées ont bénéficié de cet engouement, comme Chanel, Louboutin, Valentino ou Kenzo, d’autres maisons plus confidentielles savourent cette promotion inespérée. C’est le cas de Maison Skorpios, lancée en 2020 par Adriana Abascal, et dont les bottes se sont vendues comme des petits pains après avoir été vues sur Lily Collins. “La série est une version romancée de la ville de Paris tout en étant une véritable fenêtre pour le monde, commente Adriana Abascal. Pouvoir se procurer certaines pièces de la série permet aux spectatrices de se rapprocher du milieu de la mode… et finalement d’en faire partie. Une série comme celle-ci peut faire décoller une marque et changer son avenir dans l’industrie du luxe. C’est une opportunité unique à saisir visà-vis de la rude compétition du milieu !” Il en va de même pour les chansons que l’on entend au fil des épisodes.

 En témoigne la chanteuse Ehla, sœur de Clara Luciani, dont la pop-soul du single “Pas d’ici” a fait le tour du monde grâce à Emily in Paris: “Quasiment une minute du morceau a été diffusée lors d’une scène assez cruciale. Mes streams sont alors passés de 900000 écoutes à plus de 2 millions! Du jour au lendemain, les algorithmes se sont emballés, l’exposition a explosé. Je recevais des commentaires dans des langues que je ne connaissais même pas! Pendant une semaine, la chanson a figuré sur le top Shazam monde. Ce qui m’a permis d’entrer à nouveau dans les playlists des plateformes…” Pourquoi Emily in Paris et pas une autre série ? Parce que le showrunner américain Darren Star, à qui l’on doit déjà Beverly Hills, Melrose Place, Sex and the City ou le plus récent Uncoupled, sait y faire pour accrocher le spectateur. La trame narrative ne s’encombre pas d’intrigues complexes, les personnages sont extrêmement dessinés, mais un je-ne-sais-quoi de piquant rend l’ensemble irrésistible. À travers le personnage d’Emily Cooper, débarquée fraîchement de Chicago pour travailler dans une agence de marketing de luxe française, on (re)vit le charme parisien. La capitale brille de mille feux, trop selon certains. Mais elle reste nonchalante, insolente, élégante en toutes circonstances. Un décor idéal pour les états d’âme d’une jeune femme en plein apprentissage amoureux et professionnel… De quoi squatter le top 10 des programmes Netflix. Et, au vu de l’investissement, tant affectif que financier, placé dans la troisième saison, qui promet d’être à la hauteur des attentes, le charme d’Emily in Paris ne semble pas avoir fini d’agir. Y compris sur sa principale interprète qui se livre, avec autant de sincérité que de bonne humeur, sur sa carrière – menée tambour battant sans ranger au placard son éthique et son altruisme. Si elle avait été remarquée dans BlancheNeige ou L’Exception à la règle, c’est avec une fiction sur petit écran qu’elle s’est fait connaître dans le monde entier. Et, loin de revendiquer ses amours cinématographiques, elle embrasse pleinement la joie que lui apporte le format série. Une chic fille, Lily !

Rencontre avec Lily Collins autour de sa vision de la mode, de l'art et d'Emily in Paris

Photographe : Maciek Pozoga - Réalisation : Jack Borkett

Vogue. Dans cette nouvelle saison, Emily est plus confiante dans sa vie de Parisienne… comme vous?

Lily Collins. "Absolument! Aujourd’hui, Paris me semble plus petite parce que je la comprends mieux : avec mon mari (le scénariste et producteur Charlie McDowell, ndlr), on a trouvé nos marques, on ne regarde plus Google Maps pour savoir où l’on va, on traverse la ville en scooter ou à vélo. J’ai presque l’impression d’être à la maison… Enfant, je vivais aux États-Unis avec ma mère, mais j’apprenais le français à l’école, et j’allais souvent voir mon père qui vivait en Suisse. Ma proximité avec la culture francophone remonte donc à loin. Dans la nouvelle saison, je suis ravie d’entendre Philippine, Camille, Lucas ou Samuel jouer dans leur langue maternelle, et de constater qu’Emily progresse – cela me permet de pratiquer à nouveau! 

En dépit de son apparente légèreté, peut-on considérer qu’Emily in Paris met en valeur l’empowerment féminin ? 

À 1000 %! La série met en scène des femmes de différentes générations qui, si elles semblent aux antipodes, ont beaucoup en commun. Dans la deuxième saison, Sylvie démarre une nouvelle aventure professionnelle, Camille vit aussi des gros changements… Toutes les femmes d’Emily in Paris ont leur mot à dire. Dès le premier épisode, j’ai aimé l’attitude d’Emily, comment elle se consacre à son métier, sans s’excuser de quoi que ce soit. En interview, on m’a demandé plusieurs fois si Emily était plutôt romantique ou plutôt workaholic… C’est étrange: pourquoi devrait-elle choisir? Pourquoi est-on cataloguée accro au travail quand on aime son métier et pourquoi est-on censée être déconnectée du réel quand on est romantique ? On peut tout être à la fois! 

Quelles sont les femmes célèbres que vous admirez ?

La première personne à laquelle je pense, c’est Tilda Swinton. Pour son impressionnante carrière d’actrice et son sens de la mode, hors des sentiers battus. Zoë Kravitz, que je connais depuis longtemps, est super cool, Penélope Cruz est brillante et généreuse. Mais il y a tant de femmes formidables! En vous parlant, j’ai une pensée émue pour Stella Tennant. Adolescente, je découpais des photos d’elle dans les journaux pour ma collection personnelle. Ses coupes de cheveux, son regard, son accessibilité, que ce soit à la ville ou à la campagne, m’ont beaucoup inspirée. 

Auriez-vous pu imaginer le phénomène que deviendrait Emily in Paris ?

Non, pas du tout! Même si en lisant le script, j’ai senti qu’il pouvait se passer quelque chose… Nous étions d’ailleurs plusieurs jeunes femmes à espérer obtenir ce rôle. J’ai une chance folle… Après quelques mois, l’arrêt forcé suite à la pandémie du Covid a confirmé l’aspect thérapeutique de la série. Être confiné chez soi, mais voir du paysage, rire, pleurer un peu: c’est ce qu’a permis Emily in Paris, arrivé à un moment où le public, mais aussi nous, les équipes, en avions le plus besoin. 

Pour des créateurs de mode, des artistes ou des restaurateurs, la série a été un tremplin inattendu! 

Certes, nous avions cette volonté de travailler avec des designers émergents – même s’ils ne figuraient pas encore dans Vogue! Cet été, j’ai croisé beaucoup de jeunes gens qui m’expliquaient qu’ils pensaient au dressing d’Emily quand ils faisaient leurs bagages… C’est très intéressant que la série soit devenue une plateforme pour les nouveaux talents – et pas seulement pour les jeunes acteurs mais aussi les cafés, les restaurants, les boulangeries… Quand je pense qu’il y a un “tour Emily in Paris” proposé aux touristes, je me pince pour y croire ! 

Photographe : Maciek Pozoga - Réalisation : Jack Borkett

La série est créée par l’éminent showrunner Darren Star. Aviez-vous aimé Sex and the City, qui dresse, elle aussi, le portrait d’une ville, en l’occurrence New York, à travers ses intrigues ?

J’étais fan. Sex and the City déploie l’un des dons de Darren: recréer la magie d’une ville, faire d’elle un personnage à part entière. Dans Emily in Paris, il réussit ce mélange de romance, de tragicomique et d’onirisme, même si nos pieds sont ancrés sur terre. Darren a également un incroyable sens du casting, réunissant des gens qui s’entendent et donc travaillent bien ensemble. Il est très présent : d’ailleurs, il est venu aujourd’hui sur le tournage, à Chinon… Darren s’intéresse à tout le monde et à tout, même aux robes! Il m’a laissée évoluer dans mon personnage, ce qui m’a donné beaucoup de liberté, tout en me conseillant quand il le fallait. 

Quels sont vos points communs avec Emily ? 

On aime toutes les deux la mode, les voyages… et nos boulots respectifs! On n’a pas peur de nous confier à nos proches, de demander de l’aide. Comme Emily, j’aime voir le meilleur chez les gens. Penser positivement, trouver des solutions. Sans se priver de se plaindre, bien sûr! En revanche, je ne suis pas toujours d’accord avec ses choix sentimentaux… Emily est très proche de moi, si proche que ma démarche et mon look ont changé. C’est un personnage dont j’ai beaucoup appris, que j’aime énormément, à tel point que je dois veiller à la place qu’Emily prend dans ma vie. Savoir à quel moment elle s’en va, et quand elle peut revenir m’investir, moi, Lily.

Vous dites aimer la mode. Depuis longtemps ?

Depuis toute petite. À une époque où le vintage n’était pas considéré comme cool, ma mère s’habillait dans des friperies. Moi, j’étais dans ma poussette pendant qu’elle marchandait! Elle m’a toujours encouragée à m’exprimer via mes vêtements, qui peuvent se substituer aux mots. Un jour, je suis princesse de contes de fées, le lendemain une fille rock’n’roll. Une couleur vive, une ceinture… tout peut changer une personnalité, un propos, une attitude. Avec les costumières d’Emily in Paris, on se régale! 

Quand avez-vous décidé de devenir actrice ?

Enfant, mes parents me racontaient des histoires lors du coucher et je n’avais qu’une envie : faire durer la magie. Très vite, j’ai eu le désir d’embarquer des gens avec moi dans cette aventure qu’est la performance. Car je me suis toujours sentie traversée par ce qui constitue le monde, j’ai toujours été attirée par la psychologie et la sociologie. En tant qu’acteur, on étudie les autres êtres humains, on crée un personnage, on le construit. C’est passionnant. 

Est-ce cet intérêt pour les autres qui vous a conduit à évoluer, pendant quelques années, dans la presse ?

Sans doute! J’ai écrit pour des magazines à Los Angeles, à Londres… Cette courte expérience m’a appris ce que c’était d’être de l’autre côté, de devoir improviser en interview si une question ne fonctionne pas. J’ai aussi constaté la passion des artistes que je croisais. Pendant ce temps-là, je passais des auditions, dont je repartais bredouille car on me disait que j’étais trop immature… Ce n’était pas tout à fait faux, il a fallu que je m’accroche. 

Collins est un patronyme assez commun dans les pays anglo-saxons, mais révéler que vous étiez la fille de Phil Collins aurait pu vous aider… 

Il était hors de question que l’on pense que j’utilise un passe-droit grâce à mon nom. Je suis fière de mon père, mais je voulais être moi-même, et pas seulement sa fille. Pour cela, j’étais prête à attendre pour percer. À force de castings ratés, j’ai appris à me concentrer davantage sur mon travail, et j’ai réussi à faire du jeu mon métier. Mais je ne me repose pas sur mes lauriers: ce milieu est très concurrentiel et les places sont chères! 

Et la musique, c’est exclu ?

J’adore chanter. Mais comme je voulais faire mon propre chemin, loin du génie paternel, j’ai préféré être actrice. J’ai joué dans quelques comédies musicales car c’est le seul cadre dans lequel je me permets de chanter. Franchement, j’aurais bien trop peur des comparaisons !"

Le numéro de décembre/janvier 2022/2023 de Vogue France est disponible sur le kiosque digital

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