Lamentations d'Ipou-Our
Lamentations d'Ipou-Our | |
Auteur | Ipout-our |
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Genre | Sagesse |
Date de parution | Ancien Empire |
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Les lamentations d'Ipou-Our est un texte appartenant au papyrus dit « de Leiden » répertorié sous le n° 344 au Musée de Leyde (Hollande).
Dans ses lamentations (on trouve aussi parfois dans certains ouvrages : Admonitions, Prophétie), Ipou-Our, un scribe, met en garde contre toute organisation sociale détournée de Maât ; c'est une longue déploration des malheurs du temps présent. Le trop long règne de Pépi II, souverain faible, a précipité le déclin de l'Ancien Empire. Les cadres de l'État sont peu à peu accaparés par une oligarchie qui va étouffer le système monarchique ; à cela s'ajoutent des forces d'opposition venues des classes les plus humbles : de larges couches populaires prétendent aux richesses et à la propriété, et engendrent à la fin de la VIe dynastie une révolution sociale.
Extraits
[modifier | modifier le code]Ce texte démontre ainsi la crise politique, crise économique, crise morale aussi de l'homme isolé, angoissé, privé soudain de la sécurité des habitudes sociales traditionnelles :
« Voyez, celui qui ne pouvait construire pour lui une barque est propriétaire de bateaux,
- celui qui en avait les regarde : ils ne sont plus à lui.
- Voyez, celui qui ignorait la cithare possède une harpe.
- Voyez, la femme qui mirait son visage dans l'eau possède un miroir de bronze.
- Toute bonne chose a disparu ; il ne reste pas le noir de l'ongle. La terre comme le tour du potier. »
C'est une double prise de conscience : historique, individuelle. Et la nostalgie du royaume tranquille et de la vie d'autrefois renaît :
« Cela est bon quand les navires remontent le courant.
- Cela est bon quand le filet est tendu et les oiseaux soudain pris.
- Cela est bon quand les mains des hommes élèvent des pyramides, et creusent des étangs, et plantent des arbres pour les dieux.
- Cela est bon quand les hommes sont ivres et quand ils boivent le cœur joyeux.
- 'Cela est bon quand la joie est dans chaque bouche et que les chefs des nomes, de leurs maisons, contemplent ces réjouissances, vêtus de fine étoffe. »
Ipou-Our déplore l'abandon des cultes :
« Souviens-toi du temple blanc de plâtre, comme si c'était du lait, de la douceur du parfum de l'horizon, de la richesse des offrandes, (...)
- Souviens-toi de l'encens qu'on y versait, de l'eau de libation que l'on faisait couler de la vaisselle à l'aube.
- Souviens-toi des volailles grasses, des oies et des canards, et des offrandes qu'on disposait pour les dieux. »
Ipou-Our prophétise une situation catastrophique :
« (…) l’âge d’or sera oublié.
- Règneront la violence, le crime et le vol (…)
- La hiérarchie sera détruite, toutes les valeurs seront inversées (…)
- On ne célèbrera plus les rites, on ne présentera plus les offrandes aux divinités ;
- le Palais royal sera pillé, la momie de Pharaon profanée, les lois seront piétinées et les secrets trahis (...)
- Mais quelques-uns refuseront tant de malheurs et l’espoir renaîtra dès qu’il se souviendront des vraies valeurs.
- Si Pharaon est conscient de ses devoirs et honore la Maât, le temps du bonheur reviendra (…) »
Sources
[modifier | modifier le code]- Laura Parys, L'Égyptien dans la tourmente. Le concept d'isfet dans la littérature dite «pessimiste» de l'Égypte ancienne, Bruxelles, Safran (éditions), , 492 p. (ISBN 978-2-87457-147-3)