L'Académie de médecine consacrait hier sa séance hebdomadaire à la poliomyélite. Tous les aspects de la terrible maladie, tous les problèmes qu'elle pose encore, ont été longuement exposés par d'éminents spécialistes.
La poliomyélite, qui se présentait il y a un siècle sous l'aspect de quelques cas isolés, a souligné le docteur Deparis, constitue actuellement un fléau sur toute la surface du globe ; malgré les recherches effectuées dans le monde entier, bien souvent le mode de contamination reste mystérieux.
En temps d'épidémie une hygiène alimentaire appropriée, le repos et le sommeil sont les meilleurs moyens de prévenir les formes paralytiques de la maladie.
Le docteur Deparis a souligne que notre pays occupe une place privilégiée par rapport à la plupart des autres contrées de la zone tempérée : les formes graves de la poliomyélite y sont relativement rares.
LE PROFESSEUR DEBRÉ : progrès dans le traitement des formes graves.
L'hôpital des Enfants-Malades de Paris possède, on le sait, un des centres les mieux équipés pour traiter les poliomyélitiques à la phase aiguë, et c'est dans ce service annexe de la clinique médicale infantile du professeur Robert Debré que sont soignés 10 % des enfants français atteints par le terrible mal.
En son nom et au nom du docteur Thieffry, qui dirige ce service, le professeur Debré exposa hier devant ses collègues les signes cliniques et l'évolution de la maladie, véritable cours magistral, qui fit le point de nos connaissances actuelles dans le domaine de la clinique.
Après une phase d'incubation, qui peut être fort longue (jusqu'à quarante jours), après " l'invasion ", qui se marque par de l'angine, de la fatigue, des courbatures, une fièvre légère, puis un violent mal de tête, s'installent les paralysies. Ce n'est qu'un mois après qu'on établira le " bilan moteur " : 75 % des malades conservent une incapacité partielle, 7 % une incapacité totale.
Mais c'est dans les formes avec défaillance respiratoire que la médecine a accompli les progrès les plus nets, souligne le professeur Debré : un cinquième à un quart des malades ont des troubles respiratoires, les traitements modernes bien conduits et vite appliqués peuvent les sauver.
Dans ces formes de poliomyélite, où la vie est en danger, des sauvetages inespérés sont possibles si le malade est transporté rapidement dans un service spécialisé. Les principales villes de France seront dotées d'ici quelques mois de centres parfaitement équipés comme ceux des Enfants-Malades et de Claude-Bernard, à Paris.
Il vous reste 54.72% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.