C’est une entreprise invisible, ou presque. Son nom, Atalian, est pratiquement inconnu. Personne ne remarque ses salariés : ils font la plonge dans les cuisines des hôpitaux, passent l’aspirateur à l’heure où les bureaux sont vides, surveillent les usines la nuit. Des gars qu’on croise et qu’on ne regarde pas, aurait dit Gainsbourg.
Dans l’ombre, Atalian ne cesse pourtant de grandir. Créée en 1944 sous le nom de Technique française du nettoyage (TFN), l’entreprise emploie déjà 65 000 personnes dans le monde, trois fois plus que Vivendi ou Pernod Ricard, autant qu’Air Liquide. Et ce n’est pas fini. Atalian doit annoncer, ce jeudi 29 octobre, l’acquisition d’une société polonaise, Aspen, qui va accroître son effectif de 3 200 personnes d’un coup.
Une parfaite illustration de la stratégie de ce groupe 100 % familial qui a longtemps prospéré en effectuant des tâches que les entreprises françaises ne voulaient plus assurer elles-mêmes : le nettoyage des bureaux, puis, peu à peu, la sécurité, l’accueil, le chauffage et la climatisation des bâtiments, etc. Aujourd’hui, le marché national est saturé, et Atalian comme ses concurrents accélèrent le pas hors des frontières.
Implantation imminente en Serbie
« Nous étions présents dans deux ou trois pays en 2007, nous sommes dans une vingtaine aujourd’hui, et ce sera le double dans six ou sept ans », résume Franck Julien, le président du groupe fondé par son grand-père. Après les Philippines il y a quelques mois, Atalian doit ainsi planter son drapeau en Serbie d’ici une quinzaine de jours. Au total, l’activité hors de France devrait compter 15 000 personnes et représenter 250 millions d’euros en 2015, sur un chiffre d’affaires de l’ordre de 1,3 milliard.
La Pologne fait partie des premiers pays où Atalian s’est implanté, dès 2001, dans le sillage de son grand client Auchan. En octobre 2014, le groupe s’y est renforcé en achetant une filiale de l’allemand Metro. A présent, la donne change avec l’intégration d’Aspen, qui appartenait à un grand groupe de services et avait été tout récemment repris par ses dirigeants – ceux-ci conserveront une fraction du capital. « Avec 4 000 personnes sur place, nous atteignons la taille critique sur ce marché très dynamique », se réjouit Matthieu de Baynast, cheville ouvrière de l’essor international d’Atalian.
Selon les dernières prévisions du Fonds monétaire international, la Pologne devrait bénéficier d’une croissance de 3,5 % en 2015 comme en 2016. Un taux parmi les plus élevés du Vieux Continent. Aspen devrait en profiter, et son nouvel actionnaire majoritaire avec. La société réalise actuellement 30 millions d’euros de chiffre d’affaires dans le nettoyage, la restauration collective et le gardiennage, pour des clients comme Metro ou Michelin. Objectif officiel : doubler encore de volume dans le pays en trois ans.
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