Synthétisant vingt années d’évolution de la population, deux cartes et une étude, parues mercredi 31 janvier dans le bulletin Population & Sociétés, de l’Institut national d’études démographiques (INED) illustrent de manière frappante la baisse de la fécondité enregistrée un peu partout dans le monde depuis l’an 2000.
Au lieu de considérer les données de fécondité par pays qui, selon les auteurs, peuvent masquer des différences infranationales et ne permettent pas de savoir combien de personnes sont concernées dans chaque pays, ils ont découpé le monde en 235 zones d’environ 33 millions d’habitants chacune. Ces zones, plus ou moins grandes en fonction de la densité de population, sont signalées par un cercle, et la proximité relative de ces cercles permet de localiser en un coup d’œil les habitants de la Terre en s’affranchissant des frontières nationales.
De la sorte, la péninsule Ibérique n’est pas divisée entre l’Espagne et le Portugal, mais entre un Nord et un Sud qui comptent à peu près le même nombre d’habitants. En Amérique du Nord, pour atteindre 33 millions de personnes dans une zone très peu dense, il a fallu associer une partie du Canada avec quelques régions des Etats-Unis. Les géographes Christian Vandermotten et Christian Dessouroux, de l’université libre de Bruxelles, estiment être ainsi parvenus à une représentation plus explicite de la répartition de la population dans le monde.
Développement de la scolarisation des filles
Au moins aussi frappante est la baisse de la fécondité observée sur les deux dernières décennies. Selon les chercheurs, largement plus de la moitié de la population mondiale (63 %) vit désormais dans une zone où la fécondité est inférieure au seuil de renouvellement des générations, soit 2,1 enfants par femme. En 2000, c’était le cas de 45 % des Terriens. L’indicateur conjoncturel de fécondité (ICF) ne demeure supérieur à 3 enfants par femme que dans la majeure partie de l’Afrique, certaines zones du Moyen-Orient, l’Afghanistan et le Pakistan. Il ne reste que le Sahel, la Corne de l’Afrique et l’Afrique centrale où l’ICF est supérieur à 5.
Les zones où les femmes ont en moyenne plus de 3,5 enfants ne concernent plus que 16,1 % de la population mondiale, selon l’étude. « Bien qu’au début de la transition, elles connaissent cependant aussi des baisses de fécondité remarquables », selon les auteurs, qui citent comme facteurs l’élévation de l’âge du mariage, le développement de la scolarisation des filles, le recours accru à la contraception mais aussi la baisse de la mortalité infantile, qui « réduit aussi le “besoin” de naissances ».
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