Fleetwood Mac était un groupe de légende comme seules les années 70 pouvaient en produire. Des sonorités rocks, une chanteuse enchanteresse et des querelles violentes au possible. Tels étaient les ingrédients caractéristiques du clan, qui ont fait leur renommée. Pour leur rendre hommage, la réalisatrice et journaliste Sophie Rosemont (également contributrice de Vogue France), réunit un panel d'artistes et de journalistes afin de retracer l'histoire mythique de Fleetwood Mac. Entre images d'archives et interviews exclusives, on découvre (et redécouvre) les coulisses du succès et les ravages de la gloire. Les mille et une vies musicales de Fleetwood Mac ne fait pas l'écueil de s'arrêter au tryptique “sexe, drogue et rock'n'roll”. Bien au contraire, il illustre aussi la modernité frappante de sa chanteuse Stevie Nicks, féministe avant l'heure et évoque avec brio les influences du groupe sur la scène musicale contemporaine.
C'est Riley Keough, la petite-fille du légendaire Elvis Presley, qui tient le rôle principal de cette nouvelle série événement.
Une carrière transatlantique
Tout commence à Londres, avec les deux guitaristes Peter Green et Jeremy Spencer ainsi que le batteur Mick Fleetwood (qui donne son nom au fameux groupe). En plein Swinging London, période d'effervescence culturelle dans la capitale anglaise, les musiciens expérimentent et donnent un nouveau souffle à la scène rock. Le documentaire suit assez bien la genèse du groupe, fondé au départ par trois artistes, dont deux ne seront que de passage. Sophie Rosemont réunit derrière sa caméra des admirateur·ices mais aussi des artistes à l'instar d'Alex Kapranos (fondateur de Franz Ferdinand), de Weyes Blood ou encore le critique musical anglais Barney Hoskyns.
Après de multiples changements, Fleetwood Mac pose ses valises à Los Angeles. La ville, pleine de promesses, est réputée pour ses artistes (le grand Neil Young et la spirituelle Joni Mitchell). Là-bas, ils trouvent leur duo iconique : Stevie Nicks et Lindsey Buckingham, le couple maudit du rock. Fleetwood Mac est enfin au complet : Stevie Nicks au chant, Christine Mcvie au clavier, Lindsey Buckingham à la guitare, Mick Fleetwood à la batterie et John Mcvie à la basse. L'alchimie est bel et bien au rendez-vous et leurs prestations sont explosives, notamment grâce au magnétisme des danses de Stevie Nicks. Loin du rock ultra masculin des années 70, célébrant les balades sur la Route 66, le lyrisme de Fleetwood Mac célèbre la spiritualité et les divinités comme dans leur chanson “Rhiannon” (1975).
Stevie Nicks et Christine Mcvie : une sororité affirmée
Les mille et une vies musicales de Fleetwood Mac se penche sur l'amitié entre Stevie Nicks, la chanteuse et Christie Mcvie, la claviériste et compositrice. Dans un groupe majoritairement masculin (le documentaire revient d'ailleurs sur les crises de jalousie intempestives de Lindsey Buckingham) Nicks et Mcvie forme un duo inébranlable. Malgré leurs écarts artistiques, ces dernières ont créé un lien solide face à l'adversité. À travers d'anciennes interviews, on voit parfaitement la complicité singulière de ces musiciennes unies par une passion similaire. Dès leur rencontre, un coup de foudre s'est produit dont la flamme ne s'éteint jamais, même après la mort de Christie Mcvie en 2022.
Le documentaire met également en lumière l'aura de Stevie Nicks, sorcière aux tenues bohèmes. “Ce qui a vraiment offert l'impulsion à ce documentaire, c'est la figure de Stevie Nicks, sur laquelle j'ai écrit dans mon livre Girls Rock, qui racontait, en 2019, les destins croisés de femmes liées au rock'n'roll. Elle fait partie de ces artistes dont on a souligné la beauté, le look, les histoires amoureuses, en mettant facilement de côté les qualités de songwriting. Aujourd'hui, c'est une figure culte de la scène pop américaine, la marraine de cœur de beaucoup d'artistes d'horizons différents, et une icône féministe” nous explique Sophie Rosemont. Avant beaucoup d'autres chanteuses, Nicks a imposé son identité et son style au cœur d'une société patriarcale, peu clémente pour la gente féminine.
La jeunesse à l'assaut de Fleetwood Mac
La réussite du documentaire est sans aucun doute lié à son analyse pertinente de la seconde vie de Fleetwood Mac. En effet, plus de 40 ans après le succès du groupe, sa musique a pris un virage inattendu à la hauteur de son génie. En 2020, en plein confinement, un internaute poste une vidéo de lui allant au travail en skate, sur TikTok. Il opte pour le morceau “Dreams” en fond sonore, tiré de l'album Rumours, composé par Fleatwood Mac en 1977. La vidéo (très brève) fait le tour du monde et devient virale, redonnant un souffle inédit au titre. Sophie Rosemont explique également que cette mode soudaine était une des raisons pour lesquelles son projet a vu le jour : “quand l'une de mes filles m'a demandé si je connaissais Fleetwood Mac suite à la vidéo virale du skateur, j'ai pensé qu'il y avait de quoi creuser le destin de ce groupe dont l'histoire n'est pas si connue, au final…" De cette façon, “Dreams”, discours grinçant où Stevie Nicks dénonce les travers de sa relation avec le guitariste Lindsey Buckingham, prend des allures d'hymne au voyage dans une époque troublée par la pandémie.
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Plus récemment, c'est la série Daisy Jones and The Six, diffusée sur Amazon Prime, qui a remis au goût du jour le style de Fleetwood Mac en reprenant les intrigues amoureuses mais aussi les tenues de scène. La romance tumultueuse entre les personnages Daisy Jones et Billy Dunne fait écho à celle de Stevie Nicks et Lindsey Buckingham. Via leurs morceaux, le couple torturé communiquait librement sur leurs sentiments et leurs états d'âme. Pour certaines et certains artistes actuels, Fleetwood Mac reste l'inspiration numéro 1. L'ancien chanteur des One Direction, Harry Styles, clame haut et fort son admiration pour celles et ceux que l'on appelle “Les Beatles de l'Amérique”. De cela, Les mille et une vies de Fleetwood Mac témoigne avec finesse de la carrière d'un groupe surdoué, qui comme tous les génies, a fini par se brûler les ailes.
À l’occasion de la très commentée reformation d’Oasis, retour sur le style Britpop des années 90, indissociable du groupe.
Les mille et une vies de Fleetwood Mac de Sophie Rosemont, disponible sur Arte.tv et diffusé sur ARTE le vendredi 13 septembre à 22h30 sur ARTE.
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